Afrique du Sud : Les hommes désormais autorisés à porter le nom de leur femme

La Cour constitutionnelle sud-africaine a tranché ce jeudi 11 septembre 2025 : les hommes mariés pourront désormais prendre légalement le nom de leur épouse. Une petite révolution dans un pays où, jusque-là, seule madame pouvait abandonner son patronyme pour celui de monsieur. Le texte qui interdisait cette possibilité aux hommes a été jugé inconstitutionnel, car contraire au droit à l’égalité garanti par la Constitution. Pour beaucoup, c’est une avancée symbolique mais décisive vers une société plus égalitaire.

L’affaire n’est pas sortie de nulle part : deux couples avaient porté la bataille jusque devant la plus haute juridiction du pays. Jana Jordaan, Henry Van Der Merwe, Jess Donnelly-Bornman et Andreas Nicolas Bornman estimaient que la loi les plaçait dans une situation absurde et injuste. Le ministère de l’Intérieur avait refusé aux maris d’adopter ou de partager le nom de leur épouse, au grand désespoir des familles. « On se marie pour partager une vie, pourquoi pas un nom ? », s’était agacé l’un des requérants.
Des cas concrets qui ont fait bouger les lignes
Van Der Merwe, par exemple, avait convenu avec sa future épouse Jordaan qu’il prendrait son nom. Mais lors de l’enregistrement du mariage, l’administration lui a claqué la porte au nez. Même son de cloche pour Bornman, qui voulait ajouter le nom de Donnelly au sien avec un trait d’union. De quoi transformer une banale démarche administrative en feuilleton judiciaire.
La Cour constitutionnelle a estimé que l’article 26(1)(a) à (c) de la loi « discrimine injustement sur la base du genre ». Résultat : le Parlement devra réécrire le texte pour le rendre conforme à la Constitution. En attendant, une solution provisoire permet aux hommes de faire ce que les femmes font déjà depuis des décennies : changer de nom au moment du mariage. C’est officiel, messieurs peuvent désormais dire « oui » à leur moitié, mais aussi à son patronyme.
Quand la tradition fait de la résistance
Bien sûr, tout le monde ne salue pas cette avancée. Dans certains milieux conservateurs, on voit d’un mauvais œil cette égalité administrative qui bouscule les habitudes patriarcales. Pour ces critiques, un mari qui prend le nom de son épouse, c’est presque une révolution culturelle. Mais pour les associations de défense des droits humains, il s’agit surtout d’une correction d’une « injustice symbolique ».
La Cour a tout de même posé des limites. La demande de Jordaan et Van Der Merwe visant à donner le seul nom « Jordaan » à leur enfant a été rejetée. Les juges ont rappelé que cette question relevait d’un autre article de la loi, et non de celui sur les mariages. De quoi calmer un peu les ardeurs, mais sans remettre en cause la victoire principale.
Vers une société qui se regarde dans le miroir
Derrière cette affaire, c’est toute une société qui s’interroge sur ses traditions et son rapport au mariage. L’Afrique du Sud, pays où la Constitution est considérée comme l’une des plus progressistes au monde, avance encore un peu plus sur le chemin de l’égalité des genres. « Ce n’est pas seulement une question de nom, c’est une question de dignité », résume une militante.
Et si l’idée choque encore certains, d’autres y voient déjà un signe des temps. Dans un monde où les frontières identitaires s’estompent, partager un nom, qu’il soit masculin ou féminin, n’a plus rien d’incongru. L’essentiel, selon la Cour, est de garantir aux citoyens la liberté de choix et le respect de leur égalité. Une décision qui fera date, et qui pourrait inspirer d’autres pays encore frileux.
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