Le CHU Jeanne Ebori a un trou de 2 milliards dû aux impayés des patients et à la CNAMGS
Le CHU Mère-Enfant Jeanne Ebori de Libreville, sous la direction du Pr Jean-François Meye, fait face à une situation financière délicate. Lors du conseil d’administration tenu ce vendredi, les membres ont révélé un trou budgétaire estimé à près de 2 milliards de francs CFA, résultant principalement des impayés des patients et de la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS).
Un budget en péril
Le Pr Meye a présenté les détails du budget 2024, initialement fixé à 7,6 milliards de francs CFA, mais qui a rapidement montré ses limites. Malgré un objectif de mobilisation de facturation de 6,2 milliards de fonds propres, l’hôpital n’a réussi à en générer que 4,7 milliards, laissant un déficit préoccupant de 1,5 milliard sur cette seule source de revenus.
Le directeur de cet hôpital spécialisé mère-enfant
La situation est aggravée par les paiements tardifs de l’État gabonais, qui, jusqu’à ce mois de décembre, n’a versé que 50 % des 1,96 milliard de francs promis pour le fonctionnement annuel du CHU. À ce jour, nous n’avons pas reçu l’intégralité des fonds promis, ce qui complique notre capacité à couvrir nos charges et à honorer nos engagements auprès des fournisseurs", a précisé le directeur général.
Le rôle clé des patients et de la CNAMGS
Outre le retard des financements étatiques, les patients et la CNAMGS cumulent également des arriérés de paiement, estimés à 2 milliards de francs CFA . Cette situation impacte directement les capacités financières du CHU.
"Si nous avions reçu cette somme, nous n’aurions aucun problème aujourd’hui pour équilibrer notre budget et assurer un fonctionnement normal."
Un appel à la mobilisation générale
Le conseil d’administration a insisté sur l’urgence de mettre en place des mécanismes efficaces de recouvrement des paiements dus, aussi bien auprès de l’État que des autres partenaires.
"Nous espérons un règlement rapide de ces arriérés pour nous permettre de stabiliser nos activités et éviter une dégradation des services offerts aux patients. "
Vers un avenir prudent mais incertain
En tenant compte des aléas constatés en 2024, le CHU a élaboré un budget prévisionnel pour 2025 qu’il qualifie de « prudent ». Cependant, le directeur général a souligné que les besoins structurels de l’hôpital, évalués à 8 milliards de francs CFA par an, restent largement au-dessus des montants alloués actuellement.
Pour mémoire, sous l’ancien régime d’Ali Bongo, le CHU ne recevait qu’un milliard de francs CFA par an, obligeant l’établissement à s’appuyer sur des stratégies de financement alternatives. Avec un déficit chronique et une dette accumulée auprès des fournisseurs, le CHU appelle à une intervention urgente des autorités pour garantir un financement adéquat et pérenne des structures hospitalières publiques.
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