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Maganga Moussavou met en garde Oligui Nguema : “Méfiez-vous de ceux qui ne vous disent pas la vérité”

Maganga Moussavou met en garde Oligui Nguema : “Méfiez-vous de ceux qui ne vous disent pas la vérité”
Maganga Moussavou met en garde Oligui Nguema : “Méfiez-vous de ceux qui ne vous disent pas la vérité” © 2025 D.R./Info241

L’ancien vice-président du Gabon, Pierre-Claver Maganga Moussavou, est sorti de son silence ce jeudi 20 novembre. Battu aux législatives du 27 septembre dans son fief de Mouila (Ngounié), le président du Parti social-démocrate (PSD) a livré à nos confrères de Panafrik Medias une longue analyse de la situation politique nationale, accompagnée d’une série de mises en garde et de conseils adressés directement au chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema. Un message frontal, parfois sévère, mais présenté par l’opposant comme un « devoir de vérité ».

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Maganga Moussavou appelle d’abord le chef de l’État à se concentrer sur les chantiers essentiels, notamment les routes jugées inachevées autour de Libreville. Il cite en exemple les axes Libreville–Ntoum et PK12–Essassa, dont les bandes de roulement et l’éclairage demeurent incomplets. « Monsieur le Président, terminez cette route. Faites en sorte que ce qui peut être fait soit fait. Mais ne faites pas tout à la fois, parce que vous ne réussirez à ne rien faire », a-t-il exhorté. L’opposant estime qu’un travail ciblé et méthodique serait davantage apprécié que des projets dispersés.

 Un entourage accusé de fausser la perception du réel

L’ancien vice-président a aussi mis en garde contre une partie de l’entourage du chef de l’État, accusé de ne pas prendre ses responsabilités. Il estime que certains proches « n’osent pas dire la vérité  » au président et risquent de le trahir tôt ou tard. Selon lui, une véritable éthique du pouvoir est indispensable pour éviter les dérives déjà observées par le passé. « Ceux qui ne vous disent pas la vérité et qui croient vous accompagner sont ceux-là mêmes qui vous critiqueront demain », a-t-il averti. L’opposant insiste sur la nécessité de tirer les leçons du sort réservé à certains membres du clan Bongo.

Les conseils et critiques de Maganga Moussavou à l’adresse d’Oligui Nguema

Thème abordé Constats de Maganga Moussavou Exemples cités Recommandations au Président
Gestion des priorités Trop de chantiers dispersés, absence de priorisation réelle Routes Libreville–Ntoum et PK12–Essassa inachevées Se concentrer sur l’essentiel, terminer les chantiers entamés
Entourage présidentiel Conseillers jugés hypocrites ou complaisants Collaborateurs qui « ne disent pas la vérité » S’entourer de personnes compétentes, capables de critiques constructives
Ethique du pouvoir Risque de reproduire les dérives du passé Cas Sylvia Bongo et Noureddin Bongo cités comme leçons Instaurer une éthique stricte, éviter les conflits d’intérêts
Système hérité La transition n’a pas rompu avec les pratiques anciennes Procès « Bongo-Valentin » perçu comme symbolique Réformer les mécanismes institutionnels anciens
Élections locales et cohésion communautaire Mauvaise attribution des mairies, frustrations locales Cas de Mouila, écarts entre élus légitimes et désignés Respecter la représentativité locale, éviter les manipulations
Décentralisation et qualité des élus Profil inadapté de certains maires Maires ne pouvant pas lire un discours, personnes inconnues Sélectionner les élus sur compétence et crédibilité réelle
Gestion des communautés Danger de tensions intercommunautaires Place des autochtones dans Mouila et ailleurs Maintenir l’harmonie traditionnelle, éviter les conflits locaux
Rôle personnel de Maganga Moussavou Se présente comme conseiller sincère, non comme opposant hostile Ses prises de position à Mouila ou dans le PSD Écouter les avertissements tactiques, éviter l’isolement politique

Abordant le procès dit des Bongo-Valentin, Maganga Moussavou estime qu’il révèle surtout les failles d’un « système  » toujours en place. Selon lui, les mécanismes politiques et administratifs hérités des précédents régimes continuent de peser lourdement sur la vie nationale. « Ce procès est celui du système mis en place par Omar Bongo, poursuivi par Ali Bongo, et que vous continuez malgré vous », a-t-il lancé. Il cite notamment certaines sénatoriales contestées pour illustrer des logiques politiques anciennes. Selon lui, la transition n’a pas encore rompu avec ces réflexes profondément enracinés.

 Mouila, symbole d’un malaise politique local

Le leader du PSD a ensuite longuement évoqué la situation de Mouila, ville qu’il décrit comme « sensible » et sujette à des frustrations politiques récentes. Il affirme que certains choix lors des municipales ont « trompé le peuple », notamment en écartant les têtes de liste légitimement attendues. « On a trompé le peuple. On n’a pas respecté le contrat avec le peuple », accuse-t-il. Il estime que ces décisions, imposées selon lui par des cadres locaux, créent un climat dangereux pour la cohésion communautaire. Maganga Moussavou dit craindre des tensions si les populations se sentent marginalisées.

Un condensé de cet entretien

Il critique également la gestion des mairies, reprochant aux responsables politiques d’avoir privilégié des profils non adaptés aux exigences de la décentralisation. Le PSD déplore que certains maires manquent des capacités physiques ou techniques nécessaires pour exercer leurs fonctions. « Comment voulez-vous parler de décentralisation si le maire ne peut même pas lire son discours ? », a-t-il dénoncé. Il rappelle que le maire est « le premier magistrat  », censé incarner l’autorité locale. Pour lui, la sélection des élus doit répondre à la compétence, et non à des intérêts partisans.

 Un dernier appel à la prudence et à l’équilibre

Maganga Moussavou affirme que ses critiques ne sont pas une attaque contre Brice Oligui Nguema, mais un appel sincère à corriger certaines dérives observées sur le terrain. Il se présente comme un conseiller loyal, attaché à la stabilité future du pays. « Nous n’avons pas d’autre président que vous. Si nous ne vous accompagnons pas, que peut-on faire ? », déclare-t-il. Il prévient toutefois que les frustrations accumulées pourraient se retourner contre le chef de l’État si une correction n’est pas engagée. Selon lui, l’harmonie nationale dépendra de décisions justes et d’un entourage irréprochable.

@info241.com
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