Albert Ondo Ossa : choix consensuel mais tardif de la témérité de l’opposition gabonaise
La désignation ce 18 août du candidat consensuel de l’opposition gabonaise, Albert Ondo Ossa, à la présidentielle de samedi prochain, continue de faire réagir. Quelque peu sceptique, l’universitaire et écrivain gabonais Marc Mve Bekale relève que ce consensus a été « bricolé à la hâte » et « aura beaucoup de peine à neutraliser la machine » du clan Bongo. Sauf à redoubler d’efforts « ardemment au basculement des adhésions » vers le champion de l’opposition qu’est aujourd’hui Albert Ondo Ossa. Lecture.
Pour sauver le soldat Ali Bongo, l’esprit des institutions gabonaises a été perverti à l’indécence. La perversion a été poussée jusqu’à prendre l’électeur en otage en contraignant son vote.
Sidérée devant l’énième tour de passe-passe que représente l’instauration du bulletin de vote unique, l’opposition a finalement opté pour une candidature consensuelle qui arrive, malheureusement, assez tard et aura beaucoup de peine à neutraliser la machine mise en place par un clan politique résolu, depuis plus d’un demi-siècle, à ne céder aucune once de son règne.
Le malheur de l’opposition gabonaise réside dans son manque d’esprit de rassemblement et de préparation stratégiques. Le consensus vient d’être bricolé à la hâte, alors qu’une année entière était nécessaire pour identifier un candidat doté d’un meilleur capital « d’électabilité » - electability , néologisme anglais sans équivalent en français, renvoie à l’ensemble d’attributs objectifs et subjectifs, physiques, moraux, émotionnels, intellectuels et politiques qui rendent un candidat attrayant auprès du public. Ce capital aurait été non seulement un facteur incitatif pour l’inscription sur les listes électorales ; il se serait également renforcé pendant la campagne en compagnie des membres des partis coalisés. Or, beaucoup de Gabonais se sont abstenus de s’inscrire, parce qu’ils voyaient un éparpillement des candidatures qui aurait donné une fausse légitimité démocratique à Ali Bongo.
Ondo Ossa est certes un candidat solide. Il dispose des armes intellectuelles, techniques et mentales pour affronter la machine PDG. Mais l’élection est une épreuve d’endurance où les adversaires courent vers le public pour le séduire. Surtout dans un pays comme le Gabon où l’appartenance ethno-linguistique constitue une variable politique non négligeable. Il n’est donc pas acquis que l’électorat des « coalisés » se porte automatiquement sur le candidat consensuel. Cela se comprend. On ne saurait donner son suffrage à quelqu’un dont on ne sait pas grand-chose. Il reste donc à l’opposition de lever cette équivoque en travaillant ardemment au basculement des adhésions vers son champion.
Marc MVE BEKALE, enseignant universitaire et essayiste
@info241.com