Encourager l’entrepreneuriat au Gabon : la nouvelle stratégie d’État et du secteur minier

Selon la Banque mondiale, les produits extractifs représentent l’essentiel des exportations gabonaises et restent au cœur de la croissance nationale. Cette concentration expose le pays aux cycles de prix et aux risques d’emploi : quand la demande mondiale faiblit, les recettes publiques et l’activité locale en pâtissent directement.

Dans ces circonstances, l’État gabonais a multiplié les partenariats public‑privé pour promouvoir l’entrepreneuriat comme levier de diversification. Au premier plan figure Eramet‑Comilog, acteur dominant du manganèse au Gabon, avec une production de 7,4 millions de tonnes en 2023 selon son rapport 2023.

La logique est claire : transformer la rente minière en un catalyseur de projets nationaux. Pour cet acteur, soutenir les entrepreneurs locaux, c’est à la fois une stratégie de responsabilité sociale et un moyen de sécuriser des retombées économiques durables autour de ses sites d’implantation. Pour l’État, c’est une option pragmatique pour créer des emplois non délocalisables, développer des filières locales et limiter l’effet « dutch disease » souvent observé dans les économies riches en matières premières. Ce phénomène désigne une situation économique où la découverte ou l’expansion d’une ressource naturelle lucrative (comme le gaz ou le pétrole par exemple) provoque une appréciation de la monnaie, ce qui rend les autres secteurs exportateurs moins compétitifs et peut affaiblir des secteurs comme l’industrie du pays.

La Global Entrepreneurship Week au Gabon : un catalyseur d’initiatives et d’innovations entrepreneuriales

La Global Entrepreneurship Week (GEW) tenue à la mi‑novembre dans plusieurs localités du pays a joué ce rôle de facilitateur. Les bilans partiels fournis par les acteurs de cette initiatives en 2024, font apparaître des résultats tangibles : selon un communiqué relayé par AgenceEcofin, le dispositif a permis de financer 151 projets et de créer 208 emplois, 40 % des bénéficiaires étant des femmes. Des formations organisées par ces partenaires, ont ciblé la montée en compétences en matière de gestion financière, stratégie commerciale, et formalisation juridique, éléments essentiels pour passer de l’économie informelle à des structures pérennes.

L’initiative combinée de l’État et d’Eramet‑Comilog dessine une trajectoire prometteuse, mais semée d’obstacles. Le poids continu des exportations extractives limite la vitesse de transformation structurelle du tissu économique. Mais si la création nette d’emplois et la progression de PME se confirment, l’effet de levier sera réel : diversification des recettes publiques, résilience macroéconomique et réduction de la vulnérabilité sociale.

Le pari est audacieux mais cohérent. En convertissant une partie de la rente minière en capital humain et en entreprises locales, le Gabon et ses partenaires trace les contours d’une économie moins dépendante des matières premières et plus tournée vers l’innovation et l’entrepreneuriat durable.