Racket policier à Port-Gentil : le calvaire des taximans et des usagers de Forasol-N’tchenguè

Les Port-gentillais vivant sur l’axe Forasol-N’tchenguè, dans le 4e arrondissement, ne savent plus à quel saint se vouer, du fait des contrôles abusifs opérés par les agents de police et leurs collègues de la gendarmerie. Un phénomène de racket policier qui perdure en toute impunité. En effet, Il ne se passe plus une heure, un jour sans que les agents verbalisateurs viennent se positionner à Forasol (Cecado Matanda), PG1 (à l’entrée des Sans manguiers) où à N’tchenguè (au Badamier) pour prélever quelques billets de banque, selon les victimes qui ne sont autres que les taximans et autres transporteurs en commun.

Une situation qui a pris de l’ampleur dans une si petite ville de près de quinze mille âmes. Le phénomène est si fréquent qu’avoir un taxi devient un véritable problème. « On compte désormais les taxis qui tentent de venir dans ces zones-là. Tu peux passer des heures entières à attendre. Tout ça parce qu’ils ne lâchent rien. Et pourtant ils sont payés chaque mois. C’est triste pour eux », dénonce Agathe Nguéma une riveraine rencontrée par les reporters d’Info241.
Un taximan pris en étau par la gendarmerie
À beau chasser le naturel, il revient toujours au galop. Une maxime qui nous montre que la situation de racket dans la capitale économique est au plus mal pour les usagers. Visible à l’œil nu, ceci fait en sorte que le manque de taxi se fait désormais ressentir avec acuité dans la cité pétrolière. Pour se déplacer désormais, certains sont obligés de miser de fortes sommes d’argent à des particuliers qui ont décidé pour certains au chômage, de faire le clando en cette période de récession économique. Le prix du tronçon a donc doublé, voire triplé selon les transporteurs en commun.
Selon les taximans, chaque contrôle a son tarif. 500 FCFA pour les agents de la police et 1 000 FCFA pour les gendarmes. Et ce, à chaque passage et selon le groupe d’intervention. D’après eux, chaque unité détiendrait un petit carnet et un stylo, afin de noter les numéros d’immatriculation des véhicules véreux qui ne marquent pas le stop afin de s’acquitter de leur « obligation » journalière. « Quand tu ne payes pas, ils marquent ton numéro de plaque ou de portière pour te suivre après dans la ville. Moi je ne vais plus dans ces zones-là. Je travaille qu’en ville. Ils abusent, du lundi au lundi. J’ai une famille à nourrir comme eux. On est où là ? », se lamente Bakari Koné, taximan Ivoirien.
D’autres transactions de taximans avec la police
Pour Salifou Bamba, un ressortissant Malien, les retombées de ce racket sont désastreuses. Car dépouiller quelqu’un de son argent gagné à la sueur de son front, n’est pas juste aux yeux d’Allah. « Moi je vais taxi ici ça me fait 10 ans. Mais j’ai connu le commandant Édou. Il est maintenant retraité. Mais ce monsieur a construit ses maisons avec notre argent. Toutes sont vendues. Il n’a plus rien. Tu le vois aujourd’hui, pitié ! Le goût des contrôles routiers est resté. Quand on le voit on tourne vite. Il va mourir avec ça. Ils ont des malédictions en eux ceux qui bouffent notre argent. Certains taxis sortent des mauvaises paroles ou vont pratiquer et ça les poursuit. D’autres meurent avant. Le métier de taxi-là, faut pas blaguer. On fait les fétiches », avoue-t-il au volant de son quatre portières.
Cependant, déployés sur la voie publique pour assurer les missions régaliennes, certains policiers ont continué dans le racket et les contrôles intempestifs dans des périmètres réduits au mépris de l’interdiction et le spectre des sanctions conformément aux dispositions disciplinaires et statutaires en vigueur. On a toujours la vive impression que ces agents de forces de l’ordre ne sont inquiétés de rien. Et ce, malgré les sanctions déjà prises à l’encontre de leurs collègues. « Ils n’ont peur de rien. La loi, ils s’en foutent de ça. Quand tu lui dis que tu iras voir le procureur, il dit il s’en fout de lui, nous tous on connaît la loi. Payes et tu pars, point barre », conclut-il.
Selon la loi, aucun paiement d’amende ne doit s’effectuer sur la voie publique. Tout contrevenant qui outrepassera cette mesure, sera passible de poursuites judiciaires pour corruption active, comme le sera l’agent verbalisateur pour corruption passive, conformément aux articles 144 et 146 du Code pénal gabonais. À bon entendeur, salut !
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