Gabon : Le gouvernement suspend la nouvelle liste des médicaments remboursés de la CNAMGS

Coup de tonnerre dans le secteur de la santé au Gabon. Ce mardi 23 septembre, le gouvernement a décidé de suspendre l’entrée en vigueur de la nouvelle liste des médicaments remboursés par la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS). Cette mesure d’urgence intervient après une levée de boucliers des professionnels de santé et des assurés, scandalisés par la hausse des tickets modérateurs et l’exclusion de nombreux traitements essentiels.

La réunion convoquée en urgence hier, a rassemblé le ministre de la Santé, Adrien Mougougou, sa collègue des Affaires sociales Nadine Natalie Anato ainsi que le président du conseil d’administration de la CNAMGS. Ensemble, ils ont acté le gel de la réforme et le maintien des anciennes tarifications, le temps de trouver un compromis jugé acceptable par toutes les parties prenantes. Un camouflet direct pour la directrice générale de l’institution, Nadia Christelle Koye, accusée d’avoir piloté une réforme à marche forcée sans concertation suffisante.
Une réforme décriée dès sa publication
La nouvelle liste, publiée le 25 juin dernier et devant entrer en vigueur le 1er octobre, avait provoqué une onde de choc dans l’opinion. De nombreux médicaments utilisés dans le traitement des maladies chroniques avaient disparu de la nomenclature, tandis que le ticket modérateur appliqué aux assurés grimpait à 30 %. Une décision jugée insupportable pour des familles déjà fragilisées par la flambée des prix et la conjoncture économique nationale.
Une autre vue de la réunion de crise
Médecins, pharmaciens et syndicats avaient dénoncé une réforme socialement dangereuse. Plusieurs associations d’usagers y voyaient un risque d’exclusion sanitaire, notamment pour les patients les plus vulnérables. Le climat de contestation grandissant a finalement contraint le gouvernement à reculer pour éviter une crise ouverte avec les professionnels du secteur.
La mise au point du ministre de la Santé
À l’issue de la réunion, le ministre de la Santé, Adrien Mougougou, a expliqué les raisons de ce revirement : « Nous avons décidé de suspendre la nouvelle liste des médicaments, de suspendre les différentes quotités de remboursement par les populations et de rester jusqu’à nouvel ordre sur les anciennes tarifications. (…) Nous invitons la direction générale de la CNAMGS à organiser une réunion multipartite avec les syndicats de pharmaciens, les responsables des structures sanitaires et les agents de la CNAMGS, le tout encadré par le conseil d’administration, pour qu’une proposition consensuelle nous soit faite. »
Le ministre a également insisté sur la ligne directrice fixée par le chef de l’État : « Il n’est pas question de faire payer une note beaucoup plus salée aux populations gabonaises qui ont besoin de souffler. (…) Les tickets modérateurs à 50 %, le gouvernement ne l’accepte pas. »
Une commission multipartite annoncée
Pour sortir de l’impasse, une commission multipartite sera installée dans les prochains jours. Elle aura pour mission de redéfinir une liste consensuelle et des taux de remboursement plus équilibrés. Cette instance comprendra des représentants des pharmaciens, des structures sanitaires, des syndicats et des agents de la CNAMGS. L’objectif : garantir un accès élargi aux soins, tout en tenant compte des 50 milliards de francs CFA affectés à ce poste dans le budget national.
En attendant la fin de ces travaux, c’est l’ancienne tarification qui reste en vigueur. Une décision qui rassure temporairement les assurés, mais qui met en évidence la fragilité de la gouvernance actuelle de la CNAMGS.
Une polémique qui fragilise la CNAMGS
Pour de nombreux observateurs, cette suspension est un revers cinglant pour la directrice générale Nadia Christelle Koye. Celle-ci voit sa légitimité fragilisée par une réforme avortée qui soulève des questions sur la gestion interne et le manque de concertation avec les acteurs du terrain. Une fois de plus, la CNAMGS apparaît comme une institution en difficulté, incapable de répondre efficacement aux attentes des populations.
Les critiques pointent un pilotage technocratique, éloigné des réalités quotidiennes des Gabonais. La CNAMGS, censée être un outil de solidarité nationale, est accusée de dériver vers des choix comptables au détriment de la santé publique.
En attendant, les Gabonais retiennent surtout que leur santé ne peut être sacrifiée sur l’autel de décisions improvisées. Si la suspension de la réforme est saluée comme une victoire des usagers et des professionnels, elle illustre aussi l’amateurisme d’une direction générale contestée. Pour redonner confiance, la CNAMGS et le gouvernement devront prouver que cette marche arrière n’est pas un simple calcul politique, mais le point de départ d’une refondation plus ambitieuse.
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