Gabon en crise

Un an après le coup d’état militaro-électoral d’Ali Bongo, la nation gabonaise est ankylosée

Un an après le coup d’état militaro-électoral d’Ali Bongo, la nation gabonaise est ankylosée
Le dictateur gabonais en tréllis lors de ses parades militaires © 2017 D.R./Info241

Le Gabon vit une crise post-électorale qui semble être loin d’atteindre son épilogue. 27 août 2016 – 27 août 2017, un an déjà qu’Ali Bongo et son régime se sont maintenus par la force des armes au détriment de l’expression du suffrage universel. Après 42 ans de règne sans fin du dictateur Omar Bongo, son fils adoptif, héritier, aidé par Nicolas Sarkozy et Robert Bourgi s’est imposé en 2009. Se sentant pousser des ailles malgré un mandat catastrophique, entaché d’une mauvaise gouvernance criarde (pillages et détournements massifs des deniers publics, crimes rituels...), « le roi paresseux » appuyé par « ses zélés fanatiques » du MOGABO et quelques généraux, s’arcboute à la tête de l’Etat gabonais en faisant sombrer la nation dans une crise économique, sociale et politique qui paralyse tout le pays.

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Bien qu’ayant eu le bénéfice du doute de l’opinion gabonaise, au regard d’un septennat chaotique, Ali Bongo a été lourdement rejeté lors des élections présidentielles de 2016. Car près de 60% des gabonais ont fait le choix de l’alternance politique après 50 ans de règne autocratique du système Bongo-PDG. Qu’à cela ne tienne, Ali Bongo en « roi paresseux » a une énième fois utilisé la fraude électorale, dénoncée vertement par la communauté internationale (Union africaine, Union européenne, l’ONU, la Francophonie), en utilisant des milices et une cohorte d’hommes de l’armée gabonaise pour se maintenir au pouvoir. Bilan de course, une crise endémique qui fait sombrer toute la nation et son peuple dans une misère grandissante. Un an après ce passage en force militaire de la nouvelle oligarchie « émergente », cupide et avide du pouvoir, le Gabon est engourdi et ses rêves citoyens de développement avec.

En 2009, Ali Bongo après avoir été battu dans les urnes par son frère-complice, ancien fin stratège politique d’Omar Bongo, André Mba Obame, l’artiste musicien sans succès et ses colistiers avaient forcé à faire avaler sa pilule de forfaiture avec sur ses mains les massacres de Port-Gentil. La France des intérêts économiques, les réseaux françafricains avec la complicité des ténors du PDG et les omariens l’ont porté au palais du Bord de mer. En ayant derrière lui, la quasi-totalité de la baronnie de son père adoptif Omar Bongo Ondimba, nostalgique des privilèges indus. Mais comme répètent à l’envi les activistes gabonais, toujours vent débout contre l’élection controversée d’Ali Bongo, « 2016 n’est pas 2009 ». La révolte du peuple gabonais est en marche.

Un an après la grossière fraude électorale et le déni de démocratie des membres garant des institutions ayant fait le lit d’une réélection éhontée, l’opposition gabonaise, la société civile libre continuent de dénoncer l’illégitimité et l’illégalité d’Ali Bongo à la présidence gabonaise. Ce n’est pas tout, une nouvelle composante et pas des moindres tient à l’extérieur du pays le flambeau de la résistance et de la vérité des urnes du 27 août 2016. En effet, la diaspora gabonaise tant décriée jadis, incarne désormais ce combat pour l’alternance démocratique et pacifique. Et ce, pour le respect des droits de l’homme et pour une justice contre la barbarie du régime contesté de Libreville.

Tous les indicateurs de développement sont au rouge. Le Gabon est surendetté, mais le train de vie d’Ali Bongo et de ses hommes de mains demeure luxuriant et panier percé. L’économie est en berne. La justice est politisée et devient le bras armé d’intimidations et d’arrestations politiques des courageux de la liberté d’opinions. Les rêves de la jeunesse gabonaise sont sacrifiés sur l’autel des privilèges et de l’enrichissement illicite d’une caste de pseudos hommes politiques véreux. Ali Bongo et ses sbires sont vomis et honnis par une majorité de la population gabonaise. Cette dernière a soif de démocratie, de bonne gouvernance, de justice et de redistribution équitable des richesses du pays.

Selon un ancien ministre gabonais des Finances, « Le Gabon est une poudrière  ». Le fait est, selon lui « en effet, que la perte généralisée et endémique de confiance envers les hommes qui sont sensés incarnés l’Etat est un indicateur majeur que l’Etat est totalement en crise, c’est-à-dire que le « pacte social et national » est en crise. Et que la crise est particulièrement profonde, au point que certains, connaisseurs et avertis, peuvent parler de notre pays en disant non sans motif valable qu’il est aujourd’hui une poudrière, car la situation sociale y est explosive  ».

Et de poursuivre, « quand il n’y a plus de confiance dans l’Etat, il n’y a plus de respect de l’Etat, c’est-à-dire de respect des institutions et a fortiori de ceux qui l’incarnent  ». 27 août 2016, 27 août 2017, un an après cette violation flagrante de la liberté d’un peuple d’élire son chef de l’Etat, Ali Bongo encouragé par ses suicidaires courtisans, enfonce le Gabon dans une catalepsie chronique. Les auteurs des crimes commis du 31 août au 02 septembre 2016 ont la condamnation de la CPI qui pèse sur leur tête. Ils ont eu le génie de faire d’une nation pleine d’espoir et d’atouts de développement, un cimetière de désillusions citoyennes. Face à cette situation alarmante, le combat pour la libération nationale contre le système Bongo-PDG, au-delà d’Ali Bongo, doit être inscrit en lettre noblesse dans l’esprit et l’âme du Peuple Gabonais.

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