Ali Bongo affaibli par un AVC, préside-t-il désormais le Gabon sous l’égide du Maroc ?
Les analystes et historiens de la politique africaine sont tous de concert pour ériger le Gabon en 1ère place mondiale de tous les contre-sens politiques et aberrations institutionnelles. Les expressions devenues cultes : « République bananière », « pré carré colonial français », « berceau de la françafrique » prennent tout leur sens en terre gabonaise. Depuis le 24 octobre 2018, le Gabon vit au rythme des scènes hallucinantes d’un gouvernement et de toutes les institutions en perte de vitesse, tous assujettis par l’accident vasculaire cérébral dont a été victime Ali Bongo, le président controversé du pays.
Depuis son accident vasculaire cérébral (AVC), Ali Bongo (59 ans) a disparu des écrans peu après son arrivée le mercredi 24 octobre 2018 à Riyad. « Il a été opéré pour nettoyer le saignement et maintenu en coma artificiel. Pour l’instant on attend » révélait le 06 novembre dernier, sous couvert d’anonymat, une personnalité familière du Palais du bord de mer à Libreville à Cyrill Bensimon du journal français Le Monde. Qu’en est-il aujourd’hui ?
La Cour Constitutionnelle un instrument politique au service du clan Bongo-PDG
L’imbroglio institutionnel en question est dans tous les esprits des Gabonais. De surcroît, Le Gabon s’est arrêté de fonctionner dans une apparente cohérence depuis octobre dernier, « le patron » des Pédégistes, des Ajeviens-Alistes, de la baronnie oligarchique Bongo-PDG est selon les informations dites officielles en convalescence à Rabat. Maladif, Ali Bongo curieusement dirige et pilote les affaires présidentielles et gouvernementales du Gabon de son lit d’hôpital dans un état de santé aux contours ténébreux. Qui dirige le pays ? Est-ce la délégation gouvernementale dirigée par la présidente de la Cour Constitutionnelle qui nous servi le 04 décembre dernier une apparition vidéo d’Ali Bongo, filmé en profil et devenu assurément muet ? Histoire sans paroles !
Depuis lors un constat de stagnation est perceptible à toutes les échelles de la machine gouvernementale. « Le pays est ankylosé. Nous sommes tous bloqués par l’état de santé du président. Aucun Conseil des ministres depuis celui permis inconstitutionnellement par Marie Madeleine Mborantsuo (3M), sous la présidence du Vice-président trop bavard, zélé et agité, Pierre-Claver Maganga Moussavou. On attend le rétablissement du patron, après sa convalescence à Rabat au Maroc où il gère les affaires courantes » nous confie une source gouvernementale.
Malgré les dispositions constitutionnelles sur la vacance du pouvoir, sous les auspices de 3M avec l’onction totale et l’approbation des 8 juges constitutionnels : les très réputés, Hervé Moutsinga, Louise Angue, Christian Baptiste Quentin, Claudine Menvoula Me Nze, François De Paul Adiwa-Antony, Christian Bignoumba Fernandez, Jacques Lebama et Afriquita Dolores Agondjo, (nièce de l’opposant Jean Ping) et le Gouvernement gabonais, la loi fondamentale de la République gabonaise a été réécrite unilatéralement en insérant la notion ubuesque « d’indisponibilité temporaire ».
Ainsi, la nation toute entière a assisté à un ramassis de scènes burlesques orchestrées au sommet de l’Etat avec une communication de crise malhabile incarnée par les figures du régime vacillant : Ike Ngouoni, Sylvia Bongo, Issoze-Ngondet, 3 M, Maganga Moussavou, Lacruche Alihanga avec pour fil conducteur : la diversion et la farce institutionnelle. La gardienne du temple de la Loi fondamentale gabonaise s’est revêtue de sa réelle identité : celle de préserver à cor et à cri le maintien du régime Bongo-PDG.
Pensons-nous avoir déjà atteint le tréfonds de l’Hadès sous la présidence d’Ali Bongo : NON. A y regarder de près ce n’est que le début d’une descente aux enfers préméditée. Par le biais de cet épisode, la présidence de fait du Gabon met en lumière l’imbroglio constitutionnel. Un cas d’école à étudier dans des universités et instituts des sciences politiques. Pour rappel, le 28 octobre pendant que la terre des Panthères était en émoi aux sonorités des bruits de couloir, communément appelés « Kongossa », sur le prétendu décès d’Ali Bongo, le porte-parole de la présidence avait tordu le cou à cette folle rumeur à travers une prise de parole télévisuelle : « il s’agissait d’un simple malaise suite à une « fatigue légère puis sévère due à une très forte activité des derniers mois ».
Le tristement célèbre, sieur Ike Ngouoni rassurait en ces termes : « Le chef de l’Etat va mieux et se repose en ce moment à l’hôpital du roi Fayçal, entouré de sa famille et de certains de ses collaborateurs ». Depuis lors, cette parodie apaisante a laissé place à un enchaînement silencieux faisant planer un malaise profond honte bue au sommet de l’Etat.
Signalons à toute fin utile, que toutes les informations sourcées et vérifiées sur l’état de santé d’Ali Bongo proviennent des médias étrangers tandis qu’au Palais du bord de mer, on manie l’excellence de la fantaisie institutionnelle et médiatique avec maestria. Selon La Lettre du continent, fondé par le journaliste et écrivain français, Antoine Glaser, publication spécialisée et bien introduite au sein des palais des présidences africaines, depuis « l’indisponibilité temporaire d’Ali Bongo » expression d’une défaillance de l’Etat, « une troïka » a été installée pour assurer la continuité du maintien du régime.
Celle-ci serait composée du colonel Frédéric Bongo, demi-frère du malade président, directeur général des services spéciaux de la Garde républicaine, de Brice Laccruche Alihanga, le directeur de cabinet présidentiel, et enfin Marie Madeleine Mborantsuo, présidente légendaire de la Cour constitutionnelle. Pendant ce temps, dame Sylvia Bongo via les réseaux sociaux prenant à contre-pied le Gouvernement et la Présidence gabonaise annonça le mardi 27 novembre à l’opinion nationale et internationale que « son époux, quittera l’hôpital du roi Fayçal de Riyad en Arabie Saoudite pour poursuivre sa convalescence à Rabat au Maroc ». Que fait-t-on des plateaux techniques des hôpitaux gabonais construis à coût des milliards tant vantés par Ali Bongo jadis ?
L’ingérence du Maroc et des lobbys économiques français à la manœuvre
Eu égard toutes ces scènes rocambolesques au sujet de la santé du 1er citoyen gabonais une interrogation s’impose : que représente le Gabon aux yeux du monde ? Est-ce devenu un terrain d’étude de tous les scénarios politiques possibles jamais envisagés dans un quelconque pays sur la planète terre ? Comment comprendre que c’est de son asile médical de Rabat (Maroc) où il séjourne pour sa convalescence qu’Ali Bongo dirige le pays avec quelles capacités physiques et mentales ?
Est-ce possible de diriger une nation, un gouvernement, une République dûment établie dans un coma artificiel ? Est-ce de l’ordre du possible dans un pays qui se respecte de permettre une telle ingérence flagrante d’un pays frère et ami pour ne pas le citer Le Royaume chérifien du Maroc en connivence avec les lobbys économiques de la France ?
La mainmise déjà décriée des télécommunications, de l’or, des banques par les entreprises marocaines serait-t-elle déjà l’expression d’une souveraineté nationale embrigadée ? Le Roi Mohamed VI, ami de longue date d’Ali Bongo est au Gabon chez lui. Est-ce à dire que l’expression du suffrage universel gabonais permet au Royaume marocain de se saisir des destinées de la nation toute entière ?
Après 42 ans de règne du führer Omar Bongo qui a géré le pays depuis 1968 d’une main de fer, depuis 2009 avec Ali Bongo, la dictature Bongo-PDG, toujours autoritaire et répressive a pris des tournures de carnavalesque, de mystification institutionnelle. Cette dernière a été consacrée par « une fraude grossière » un résultat « entaché d’irrégularités évidentes » par le canal de cet énième « coup d’état électoral » au sortir de l’élection présidentielle d’août 2016 aux yeux et à la barbe, devant la face de la communauté internationale.
Ce qui est particulièrement dramatique diagnostiquait un ancien ministre gabonais aux Finances, qui a regagné le camp de la Coalition pour la Nouvelle République dirigée par Jean Ping, Charles M’Ba dans son essai « Gabon : la passion du pays », c’est le marasme économique qui s’accentue de plus belle. Malgré les emprunts compulsionnels en milliards du FMI, de la Banque Africaine de développement (BAD) et de l’Agence française de développement (AFD) : « 60 % des chômeurs recensés touchent une population comprise entre 15 et 44 ans. Pire, 50% des chômeurs sont des jeunes entre 15 et 35 ans ! Donc 50 % de la force vive du pays ! Or, l’objectif de la politique c’est de changer la vie des gens, en mieux ! Mais, la politique est une arme de destruction massive de l’âme du génie gabonais.
Ceci, par la manifestation des détournements massifs des deniers publics, d’un enrichissement illicite des tenanciers du régime Bongo-PDG, des assassinats empilés et des arrestations en cascade de tous les opposants politiques, leaders de la société civile. Depuis 2009, la consécration de la monarchie Bongo-PDG au pourvoir depuis 1968 s’est enracinée dans l’histoire gabonaise.
En 2016, la labellisation d’une dictature tyrannique dans le sang s’est réalisée, malgré une contestation citoyenne bâillonnée contre un énième passage en force électoral. « Sacraliser l’existence humaine, écrivait l’indomptable chercheur gabonais, Marc Mve Bekale dans son essai : « Gabon : la postocolonie en débat », c’est permettre au droit et aux valeurs démocratiques (liberté, justice, égalité, respect mutuel, ect.) de pénétrer les espaces qui lui sont aujourd’hui interdits ».
Le regain Patriotique et Républicain : une solution d’urgence nationale
Le Peuple Gabonais ne doit pas s’arrêter de penser et à éveiller dans l’union et la concorde son Esprit Républicain et Patriotique face à la sacralité des dysfonctionnements institutionnels devenue la marque de fabrique du régime Bongo-PDG. Nous devons poursuivre le cheminement de l’instauration d’un Etat démocratique, d’une République « digne d’envie ».
« Nous travaillerons ensemble pour soutenir le courage là où il y a la peur, pour encourager la négociation là où il y a le conflit, et donner l’espoir là où règne le désespoir » nous conjurait le Nobel Nelson Mandela. « Le désir de se défendre et l’envie de se battre invitait déjà Auguste Eyene dans son pamphlet « Le Gabon, un pays en crise », viendraient de l’importance à nos yeux que représentent encore nos vies et notre chère Patrie. »
L’enseignant chercheur philosophe spécialiste de la pragmatique ajoute ce qui suit : « Rassemblons nos forces et nos biens pour sauver notre territoire, nos terres et nos terroirs, notre patrimoine commun, des mains du tyran maculées de sang et de souillure. Tous autant que nous sommes, avons l’obligation morale et civique de changer le cours de l’histoire, sans qu’aucun d’entre nous attende que la liberté tombe du ciel ou qu’elle vienne seulement du sacrifice de son voisin. Il ne faut donc jamais abandonner le courage, la bravoure et le sens du sacrifice, de l’intérêt général, seules vertus qui nous poussent, à entrer dans la lutte, à nous lever de bonne heure pour nos droits ».
En cette année qui s’achève ce jour sous la présidence d’Ali Bongo établi au Maroc : une seule question nous taraude l’esprit : où sont passés les Patriotes Républicains gabonais du même acabit que : Germain Mba disparu en 1971, Ndouna Dépénaud le poète mort un soir de 1977, Joseph Ambouroue Avaro arraché à la vie en 1978, du colonel Djoué Dabany disparu en 1978, Roger Onanga et André Remanda disparus un février 1982, de Doukakas Nziengui, Martine Oulabou, morts de manière suspecte en 1990, le Général Ossiali Ongaye en 1993, de Pierre Mamboundou étrangement décédé le 15 octobre 2011, de Grégory Ngbwa Mintsa, lauréat du prix d’intégrité de 2010 de Transparency Internationale, décédé le 10 avril 2014, de l’étudiant énarque Mboulou Beka, assassiné le 20 décembre à Rio, d’André Mba Obame, disparu le 12 avril 2015, après une longue maladie de suite d’un empoisonnement…, la liste est encyclopédique, tous chérissaient la mère patrie le Gabon et ont tous sacrifié leurs âmes. Pour quelle finalité sur le destin de la nation ?
Rostano MOMBO NZIENGUI
Analyste et communicant politique
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