Réaction

Procès Bongo-Valentin : “Une mascarade qui évite les vrais responsables” pour Ongoundou Loundah

Procès Bongo-Valentin : “Une mascarade qui évite les vrais responsables” pour Ongoundou Loundah
Procès Bongo-Valentin : “Une mascarade qui évite les vrais responsables” pour Ongoundou Loundah © 2025 D.R./Info241

L’opposant gabonais Michel Ongoundou Loundah, président du Parti Réagir, est sorti de son silence ce jeudi pour livrer une analyse au vitriol du procès des Bongo-Valentin, tenu du 10 au 18 novembre devant la cour criminelle spéciale de Libreville. Dans un long post publié sur ses réseaux, l’opposant affirme sans détour que cette procédure, dépourvue des principaux accusés, ne saurait être qualifiée de procès, mais plutôt d’un « exercice d’équilibrisme institutionnel » destiné à offrir l’illusion d’une justice en mouvement.

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Selon lui, la mise en scène judiciaire manque l’essentiel : la présence des véritables acteurs de la chaîne financière ayant permis les détournements reprochés à l’entourage de l’ancienne famille présidentielle. « Il faudrait être naïf pour y voir une catharsis », écrit-il hier, estimant que le procès s’est surtout borné à exposer les dérives de la “Young Team”, sans jamais toucher au cœur du système.

  La banque, grande absente du débat

Pour Ongoundou Loundah, le silence autour du rôle des institutions bancaires constitue l’angle mort majeur du dossier. Il dénonce une volonté manifeste d’éviter de mettre en cause BGFI Bank, banque privée au centre de nombreux flux financiers controversés sous l’ère Bongo. « Le cœur. L’ingénierie. Le système nerveux du scandale », résume-t-il, regrettant que la justice se contente de juger les exécutants plutôt que les facilitateurs.

Les points clés de la critique de Michel Ongoundou Loundah

Éléments dénoncés Observations de Michel Ongoundou Loundah
Absence des principaux accusés Il estime que le procès n’a jugé que des seconds couteaux, sans présence des véritables responsables politiques et financiers.
Rôle occulté de BGFI Bank La banque est décrite comme le « système nerveux » du scandale, pourtant totalement absente des débats judiciaires.
Cumul d’H.-C. Oyima (BGFI / Ministère de l’Économie) L’opposant dénonce un conflit d’intérêts « unique au monde », ignoré malgré des alertes de la BEAC et de la CEMAC.
Inquiétudes régionales et internationales Il souligne les critiques du FMI et l’absence d’Oyima aux assemblées, alors que la situation financière du Gabon inquiète la région.
Cas de Franck Yann Koubdjé Sa signature apparaît dans des mouvements de fonds clés, mais il n’est ni poursuivi ni appelé comme témoin majeur.
Nature du procès Pour lui, il ne s’agit pas d’un vrai procès mais d’une « mascarade » évitant de s’attaquer au système qui a permis le scandale financier.

Il va plus loin encore en s’étonnant de l’absence totale d’interrogations autour de la figure centrale de cette institution : Henri-Claude Oyima, à la fois PDG de la BGFI et ministre de l’Économie. Un cumul qualifié d’« anomalie » que même certains partenaires régionaux ne cachent plus. Le président de Réagir rappelle notamment les réserves exprimées au sein de la CEMAC, ainsi qu’une note explicite de la BEAC soulignant l’incompatibilité entre les deux fonctions — note que les autorités gabonaises auraient « soigneusement ignorée ».

  Un cumul explosif passé sous silence

L’opposant pointe un paradoxe “unique au monde” : « Le ministre chargé de surveiller l’intégrité financière de l’État est aussi le dirigeant de l’institution privée qui a accueilli les mouvements de fonds les plus controversés de l’histoire du pays » . Une situation qui, selon lui, aurait provoqué scandale, enquêtes parlementaires et tempête médiatique dans n’importe quel État de droit, mais qui, au Gabon, ne suscite qu’un « haussement d’épaules ».

Il cite également l’absence remarquée d’Oyima aux assemblées du FMI à Washington, à un moment où les finances du Gabon inquiètent jusqu’aux institutions internationales : dette publique proche de 80 % du PIB, réserves de change fragilisant la région, risques de contamination financière aux pays voisins.

  Les absents de la barre : un “trou noir” judiciaire

L’opposant revient aussi sur un autre nom central, selon lui soigneusement minimisé : celui de Franck Yann Koubdjé, ancien cadre de la BGFI et ex-Trésorier Payeur Général du Gabon. Sa signature apparaît pourtant dans plusieurs documents clés retracés lors de l’instruction. « Dans une démocratie fonctionnelle, un fonctionnaire impliqué à ce point serait immédiatement appelé à témoigner », écrit-il, regrettant qu’il ne soit évoqué que comme « une note de bas de page ».

Pour Michel Ongoundou Loundah, ce procès a volontairement laissé intacts les véritables leviers institutionnels du système Bongo-Valentin, préférant concentrer l’action judiciaire sur des acteurs secondaires. Il y voit non pas une volonté de rupture, mais un écran de fumée.

  “Une honteuse et pathétique mascarade”

En conclusion, le leader de Réagir dresse un constat sévère : tant que les autorités refuseront d’interroger « les systèmes plutôt que les noms » , le Gabon n’avancera pas. « Ce qui se joue actuellement n’est pas un procès. Tout au plus une répétition générale » , écrit-il, avant de citer d’autres observateurs qui y voient « une honteuse et pathétique mascarade ».

Une prise de position tranchée, qui vient nourrir le débat politique autour d’un procès présenté par le gouvernement comme une démonstration de la nouvelle ère judiciaire, mais que l’opposition continue de percevoir comme sélectif, incomplet, voire cosmétique.

@info241.com
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