Accord de paix

La RDC et le Rwanda scellent un accord de paix sous l’égide des Etats-Unis après 3 décennies de conflit

La RDC et le Rwanda scellent un accord de paix sous l’égide des Etats-Unis après 3 décennies de conflit
La RDC et le Rwanda scellent un accord de paix sous l’égide des Etats-Unis après 3 décennies de conflit © 2025 D.R./Info241

La République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda ont signé ce vendredi 27 juin à Washington un accord de paix jugé « historique », censé tourner la page de plus de trente ans de guerre et de tensions dans la région. Paraphé par les ministres des Affaires étrangères des deux pays – Thérèse Kayikwamba Wagner pour Kinshasa et Olivier Nduhungirehe pour Kigali – sous l’égide du secrétaire d’État américain Marco Rubio, cet accord est le fruit de plus de deux mois de médiation intense menée par les États-Unis. Il fait suite à un texte préliminaire déjà signé mi-juin.

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Un texte encore discret, mais des engagements clairs

Peu de détails du contenu de l’accord ont pour l’heure filtré. Toutefois, les premières lignes révélées évoquent des engagements cruciaux : le désengagement, le désarmement et l’intégration conditionnelle des groupes armés opérant dans l’est de la RDC, région épicentre des violences depuis des décennies.

Les deux parties hier

Parmi eux, le M23, appuyé militairement par Kigali selon Kinshasa, ou encore les milices hutus FDLR, issues en partie des responsables du génocide rwandais de 1994. Ce processus de désarmement devrait être accompagné par des mécanismes conjoints de coopération sécuritaire et commerciale, selon les informations d’Al-Jazeera, qui souligne aussi le rôle discret mais déterminant du Qatar dans la finalisation de l’accord.

Trump s’en félicite, Kinshasa se projette

En déplacement à Bruxelles, le président américain Donald Trump – qui a activement soutenu la médiation – a salué « une victoire de la paix sur la haine », ajoutant que «  la région ouvre un nouveau chapitre d’espoir et d’opportunités ». Le chef d’État américain n’a pas manqué de glisser une allusion à son souhait d’obtenir le prix Nobel de la paix, voyant dans cet accord « une preuve éclatante de la diplomatie à l’américaine  ».

À Kinshasa, les autorités évoquent un tournant décisif. Le gouvernement congolais, qui affirme vouloir désormais réallouer les budgets militaires à la santé, à l’éducation, aux infrastructures et à la reconstruction, appelle la communauté internationale à rester vigilante et à soutenir le suivi de cet accord.

Les cicatrices d’un conflit complexe

Depuis la fin du génocide rwandais, en 1994, l’est de la RDC est devenu le théâtre d’affrontements nourris par des rivalités ethniques, des intérêts économiques et des luttes d’influence régionales. Deux guerres du Congo (1996-1997 et 1998-2003), des dizaines de groupes armés, des millions de morts et de déplacés : les stigmates sont lourds.

Kinshasa accuse de longue date Kigali de piller ses ressources minières, tout en soutenant le M23, groupe responsable de nombreuses exactions. Le Rwanda nie catégoriquement, affirmant ne faire que se protéger contre la menace posée par les FDLR, qu’il accuse Kinshasa de soutenir en retour.

Un avenir à construire, des doutes à dissiper

Malgré l’euphorie diplomatique, les populations de Goma, Bukavu ou encore Bunagana gardent une prudente réserve. Les précédents accords de paix ont souvent échoué à s’ancrer dans la réalité, plombés par des violations unilatérales, l’inefficacité des mécanismes de suivi ou encore l’appétit économique pour les minerais stratégiques (coltan, cobalt, or) présents dans la région.

Beto.cd, média congolais, parle d’un « moment historique, mais fragile ». Sur le terrain, la situation humanitaire reste alarmante : des centaines de milliers de déplacés, des écoles fermées, des hôpitaux débordés. Une étincelle pourrait suffire à rallumer les brasiers.

Un accord sous conditions… et sous contrat

Selon le Financial Times, la médiation américaine n’est pas dénuée d’intérêts stratégiques. En échange de leur soutien, Washington aurait obtenu des concessions sur les droits d’exploitation minière dans l’est de la RDC, ouvrant la voie à des investissements massifs dans les secteurs des minerais rares et des infrastructures.

Une perspective qui pourrait favoriser la reconstruction, mais aussi attiser de nouvelles tensions si la redistribution des ressources est mal gérée. La paix est signée. Reste désormais à la faire vivre. Dans une région habituée aux promesses non tenues, le scepticisme est aussi grand que les attentes sont immenses.

@info241.com
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