Zones à risque

Conflit homme-faune au Gabon : des ONG cartographient les zones à risque dans le TRIDOM

Conflit homme-faune au Gabon : des ONG cartographient les zones à risque dans le TRIDOM
Conflit homme-faune au Gabon : des ONG cartographient les zones à risque dans le TRIDOM © 2025 D.R./Info241

Face à l’ampleur croissante du conflit homme-faune au Gabon, une mission conjointe a été menée du 11 mai au 22 juin dans les provinces du Woleu-Ntem et de l’Ogooué-Ivindo pour identifier les zones les plus exposées aux incursions d’animaux sauvages, principalement les éléphants. Cette action s’inscrit dans deux projets complémentaires : le Biodiverse Landscape Fund (BLF), financé par le Royaume-Uni à travers la Zoological Society of London, et NaturAfrica TRIDOM, mis en œuvre au Gabon par Natureplus et Conservation Justice avec un appui de l’Union européenne. À travers les ONG Conservation Justice et SCOOPS-ELABE, la mission visait à cartographier les zones les plus touchées par les conflits entre communautés humaines et faune sauvage.

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Le paysage transfrontalier TRIDOM (Tri-Nationale Dja-Odzala-Minkébé), qui regroupe plusieurs parcs nationaux au nord-est du Gabon (Minkébé, Mwagna et Ivindo), concentre de nombreux cas d’incursions d’éléphants, de hérissons, de singes et de porcs-épics dans les zones agricoles. Selon les experts de la mission, les principales causes sont la proximité des aires protégées avec les villages, une expansion agricole désorganisée et un manque de mesures de prévention efficaces. « L’étude a permis de localiser les zones à risque, marquées par une méconnaissance du comportement des éléphants par les populations  », a souligné le Dr Steeve Ngama, directeur scientifique à la SCOOPS-ELABE.

Pour partager ces résultats, deux ateliers de restitution ont été organisés les 18 et 20 juin à Oyem et Makokou, en partenariat avec le ministère des Eaux et Forêts, les autorités locales et les représentants des communautés. Ces rencontres ont été l’occasion de présenter une série de recommandations pour atténuer les conflits, à commencer par le déploiement des clôtures électriques mobiles (CEM), une solution déjà testée sur le terrain par l’ONG Space for Giants. L’arrêté créant des brigades de chasse spécialisées dans la gestion du conflit homme-faune a également été rappelé comme un outil à renforcer.

Les participants ont également été sensibilisés aux comportements à adopter en cas de rencontre avec un éléphant, notamment les réflexes de sécurité et les procédures à suivre pour faire appel aux services des Eaux et Forêts. « Sensibiliser les communautés sur les clôtures électriques et les mesures de cohabitation reflète une approche concrète et partagée  », a affirmé Hans Ekorezock Ndong, chargé de programmes à Space for Giants Gabon. Il a également plaidé pour un déploiement plus large des CEM dans les zones les plus exposées, identifiées lors de la mission.

Ce conflit, qui n’épargne aucune région du Gabon à l’exception de Libreville, a touché officiellement plus de 13 000 personnes entre 2016 et 2023, causant plusieurs morts humaines. En représailles, plus d’une centaine d’éléphants ont été tués, souvent en situation de légitime défense. Ces chiffres traduisent l’ampleur du problème et l’urgence d’une réponse concertée, alors que la Stratégie nationale de gestion du conflit homme-faune (SNGCHF), finalisée en novembre 2024, attend toujours son adoption officielle par le gouvernement.

À l’issue des ateliers, les préfets du Woleu-Ntem et de l’Ogooué-Ivindo, Brice Moussirou et Pachelli Ngawin Mboulou, ont salué l’initiative et encouragé les populations à tirer pleinement profit des enseignements reçus. Pour les ONG et partenaires impliqués, l’objectif est clair : consolider les actions locales, renforcer les capacités communautaires et appuyer une planification du territoire plus respectueuse des équilibres écologiques.

@info241.com
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