CdM du 12 août : Amnisties, centrale d’achat, rentrée des classes, bulletins de vote... au menu !

Réuni ce mardi 12 août au Palais présidentiel de Libreville, le Conseil des ministres du Gabon a examiné et adopté un ensemble de réformes économiques, institutionnelles, sociales et sécuritaires. Ce rendez-vous intervient moins de deux mois après celui du 20 juin dernier et au lendemain de la célébration, ce 11 août, des 100 jours de règne du chef de l’État. Selon le communiqué final ayant sanctionné les travaux, « le gouvernement doit rester mobilisé pour consolider les acquis de ces cent premiers jours et répondre aux attentes pressantes de la population ».

Ce Conseil s’est distingué par l’adoption de 13 mesures touchant à la fois la gouvernance, la modernisation administrative, la sécurité nationale, l’économie et la justice. Plusieurs décisions visent une application immédiate, d’autres s’inscrivent dans un calendrier pluriannuel. L’accent a été mis sur la coordination interministérielle et la rapidité de mise en œuvre. L’objectif affiché est de produire des effets tangibles dès la fin de l’année 2025.
Une feuille de route gouvernementale recentrée et une planification budgétaire
Le Conseil a validé les conclusions du séminaire gouvernemental des 10 et 11 août, fixant quatre priorités : clarification administrative, réforme foncière et du logement, modernisation fiscale et souveraineté numérique. Il a également adopté un plan d’ajustement budgétaire visant à « préserver les couches vulnérables tout en optimisant les dépenses publiques ». Le président Oligui Nguema a déclaré : « Nous devons viser une croissance économique d’au moins 10 % à moyen terme, par la diversification et l’emploi des jeunes ».
Tableau récapitulatif des décisions du 12 août 2025
Ministère / Institution | Décision | Nature | Type |
---|---|---|---|
Présidence | Loi d’amnistie générale pour les événements de 2019 et 2023 | Juridique | Loi |
Économie et Finances | Prêt BIRD de 138,7 M€ pour le PDUG | Économique | Financement |
Économie et Finances | Création de la CEAG | Économique | Société d’économie mixte |
Intérieur | Encadrement des activités économiques de proximité | Économique / Social | Règlementation |
Intérieur | Modalités techniques des bulletins de vote | Politique / Institutionnel | Décret |
Intérieur | Création d’un intégrateur-agrégateur des jeux de hasard (e-Tech SAS) | Économique / Régulation | Convention |
Défense nationale | Intégration Douane, Sécurité pénitentiaire, Eaux et Forêts en corps paramilitaires | Sécuritaire | Réforme |
Réforme et Relations avec les Institutions | Transformation de Gabon 24 en EPIC | Institutionnel | Décret |
Réforme et Relations avec les Institutions | Nouveau Code de la nationalité | Juridique | Loi |
Économie numérique | Ordonnance-cadre pour la digitalisation et la cybersécurité | Institutionnel / Technologique | Ordonnance |
Éducation nationale | Fixation du calendrier scolaire 2025-2026 | Social / Éducatif | Arrêté |
Industrie | Création du Centre d’appui à la technologie et à l’innovation (CATI) | Économique / Innovation | Programme |
Travaux publics | Relance chantiers routiers Ndendé–Tchibanga et Tchibanga–Mayumba | Infrastructures | Programme |
Pour encadrer cette feuille de route, les ministres devront établir des indicateurs de performance et un calendrier de suivi. Le communiqué insiste sur « la reddition des comptes et la transparence comme piliers de l’action publique ». Ce cadre d’exécution servira à mesurer les résultats et à ajuster les politiques en temps réel. Cette orientation donne une cohérence renforcée aux politiques sectorielles.
Financements internationaux et création de la CEAG
Le gouvernement a autorisé la signature d’un prêt de 138,7 millions d’euros (90,96 milliards de FCFA) avec la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) pour financer le Projet de développement urbain du Gabon (PDUG) dans le cadre du PADIG. Ce financement vise à moderniser les infrastructures urbaines, améliorer l’accès aux services et dynamiser les pôles économiques locaux. L’opération est pilotée par le ministère de l’Économie et des Finances, avec un suivi trimestriel.
Autre décision phare : la création de la Centrale d’achat du Gabon (CEAG), société d’économie mixte chargée « d’acquérir, stocker et distribuer des biens essentiels pour garantir la sécurité alimentaire et stabiliser les prix ». Cette entité sera placée sous la tutelle technique et financière du ministère de l’Économie et des Finances. Elle doit réduire la dépendance aux importations et améliorer la résilience économique face aux chocs extérieurs.
Régulation du commerce de proximité et lutte contre l’informel
Le Conseil a adopté un texte réglementaire réservant certaines activités économiques de petite envergure aux seuls Gabonais. Cela inclut la coiffure de rue, le petit commerce non formel et les services d’envoi d’argent sans agrément. « Ces restrictions visent à protéger l’emploi national et à formaliser le secteur informel », souligne le communiqué.
Le ministère de l’Intérieur est chargé de l’application, en lien avec les collectivités locales. La mesure doit aussi renforcer la collecte fiscale et lutter contre la concurrence déloyale. Des opérations de contrôle et de sensibilisation sont prévues dès septembre 2025.
Réformes institutionnelles et juridiques majeures
La chaîne publique Gabon 24 sera transformée en établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) pour « renforcer ses capacités techniques et éditoriales ». Par ailleurs, un nouveau Code de la nationalité a été adopté, modernisant les conditions d’acquisition et de perte tout en luttant contre les fraudes. Ces textes traduisent la volonté de professionnaliser les médias publics et de clarifier le droit de la nationalité.
Le Conseil a également validé une loi d’amnistie générale pour les faits liés aux événements du 29 août au 4 septembre 2023 et aux troubles du 7 janvier 2019. Selon le communiqué, « cette mesure participe à l’apaisement du climat politique et à la réconciliation nationale ». Elle marque une étape importante dans la stabilisation du paysage politique.
Réorganisation sécuritaire et préparation des élections
Le ministère de la Défense nationale a obtenu l’intégration de la Douane, de la Sécurité pénitentiaire et des Eaux et Forêts en corps paramilitaires. L’objectif est de « mutualiser les moyens et renforcer le maillage sécuritaire sur l’ensemble du territoire ». Cette réforme structurelle doit améliorer la lutte contre les trafics et la protection des ressources naturelles.
En vue des élections législatives et locales des 27 septembre et 11 octobre 2025, le ministère de l’Intérieur a présenté les modalités techniques relatives aux bulletins de vote. La priorité est donnée à la transparence, la sécurité et la ponctualité du processus électoral. Des audits techniques seront réalisés avant impression définitive.
Modernisation numérique, infrastructures et innovation
Le ministère de l’Économie numérique a présenté une ordonnance-cadre sur la digitalisation et la cybersécurité. Elle prévoit la dématérialisation des procédures administratives et la protection des données sensibles. « La digitalisation est un levier essentiel pour simplifier les démarches et améliorer l’attractivité économique », affirme le communiqué.
D’autres mesures incluent la fixation du calendrier scolaire 2025-2026, la création du Centre d’appui à la technologie et à l’innovation (CATI) en partenariat avec l’OMPI, la relance des chantiers routiers Ndendé–Tchibanga et Tchibanga–Mayumba, et la création d’un intégrateur-agrégateur national des jeux de hasard confié à e-Tech SAS. Plusieurs nominations ont également été validées dans des ministères et institutions clés.
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