Élections au Gabon : le nouveau Code électoral impose désormais des cautions exorbitantes
Adopté ce lundi par les parlementaires de la transition, les indiscrétions autour du nouveau code électoral gabonais continue de diviser l’opinion nationale. L’une des dispositions les plus contestées concerne l’augmentation significative des cautions exigées aux candidats pour se présenter aux différentes élections. Cette réforme, défendue par le législateur comme une mesure de rationalisation, est perçue par certains comme un frein à la participation démocratique et une porte ouverte à un système de « ploutocratie ».
Désormais, pour se porter candidat à l’élection présidentielle, il faudra s’acquitter de 30 millions de FCFA, contre 20 millions auparavant. Les candidats aux législatives et sénatoriales voient également leurs cautions doubler, passant de 500 000 à 1 million de FCFA. Si ces montants visent, selon les parlementaires, à limiter les candidatures fantaisistes et à rationaliser les processus électoraux, les critiques estiment que ces nouvelles exigences financières vont exclure une grande partie des aspirants, notamment ceux issus de milieux modestes.
Démocratie de riches ?
Pour certains analystes, cette augmentation est une tentative voilée de verrouiller l’accès aux fonctions électives. « Ce nouveau code électoral favorise les riches et marginalise les candidats issus du peuple. Nous sommes face à une démocratie réservée à une élite économique », dénonce un acteur politique sous couvert d’anonymat. Une situation qui, selon lui, s’éloigne des principes de représentativité et d’inclusivité censés caractériser une transition démocratique.
Outre les cautions, les opposants à cette réforme pointent également le coût global d’une campagne électorale au Gabon. Entre les frais de déplacement, la mobilisation des électeurs et la communication, les candidats devront débourser des sommes faramineuses, rendant presque impossible l’accès au pouvoir pour des profils indépendants ou issus de milieux défavorisés. Ces obstacles, combinés à l’augmentation des cautions, risquent de creuser davantage les inégalités entre les candidats.
La fin des candidatures fantaisistes ?
En parallèle, certains observateurs saluent tout de même cette mesure, y voyant un moyen de professionnaliser les élections et de réduire les velléités de candidats peu sérieux ou opportunistes. « Cela permettra de concentrer les efforts sur des candidats réellement motivés et capables de mobiliser des moyens pour mener une campagne structurée », estime un politologue. Toutefois, ces arguments peinent à convaincre dans un contexte où la fracture sociale reste un enjeu majeur au Gabon.
Alors que le nouveau code attend sa promulgation, les débats ne font que commencer. Si certains espèrent que cette réforme assainira le paysage politique, d’autres craignent qu’elle n’entérine une démocratie à deux vitesses, où seuls les mieux lotis pourront prétendre au pouvoir. Pour beaucoup, cette transition devait marquer une rupture avec les pratiques élitistes du passé, mais les premières indiscrétions sur le contenu du nouveau code électoral jettent une ombre sur cet espoir.
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