Sylvia et Noureddin Bongo libérés : la santé, belle excuse d’une sortie feutrée de la prison de Libreville

Depuis ce vendredi 9 mai, Sylvia Bongo Ondimba et son fils Noureddin Bongo Valentin ne dorment plus à la prison centrale de Libreville. Après plus de 19 mois de détention, les deux figures de l’ancien régime ont été transférées dans leur villa de la Sablière, officiellement pour des raisons de santé. Une décision qui, au-delà des apparences médicales, jette une lumière crue sur les pratiques d’un système judiciaire à deux vitesses où les puissants, même déchus, semblent toujours mieux traités que les justiciables ordinaires.

L’état de santé de l’ex-première dame, souvent invoqué par ses avocats, a donc fini par faire mouche. Trop fragile pour supporter davantage les conditions de la prison centrale — que beaucoup de Gabonais endurent jusqu’à l’épuisement — Sylvia Bongo a obtenu ce que des milliers de détenus, malades ou non, ne verront jamais : une sortie vers un confort domestique, encadrée certes, mais aux antipodes des cellules insalubres de Gros-Bouquet. Noureddin, bien qu’en bonne santé apparente, profite du même traitement, dans un silence administratif qui en dit long.
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Cette transition ne vaut ni relaxe ni réhabilitation. Sylvia Bongo et son fils restent poursuivis pour des faits graves : détournement de fonds, blanchiment, enrichissement illicite. Mais leur nouvelle condition de détenus privilégiés en résidence surveillée contraste brutalement avec la rigueur affichée par la justice gabonaise depuis le renversement du régime Bongo. À croire que la clémence judiciaire se réveille soudain lorsque les cellules commencent à accueillir des noms connus.
Ce basculement intervient à peine une semaine après l’investiture de Brice Clotaire Oligui Nguema, dans un climat où le pouvoir tente d’afficher stabilité et main tendue. Mais l’opinion, elle, s’interroge : s’agit-il d’un simple acte humanitaire ou d’un signal politique ? L’absence de communication officielle nourrit les soupçons d’un traitement de faveur orchestré en coulisse, possiblement sous la pression d’alliés extérieurs ou de lobbies économiques.
Quoi qu’il en soit, cette mise en résidence confirme ce que beaucoup savent déjà : la prison centrale de Libreville n’est pas faite pour les puissants, ou du moins, pas pour longtemps. Quand les cellules rongent les corps, le système offre des portes de sortie — à condition d’être bien né. Les autres, eux, continuent de croupir, malades ou pas, en attendant qu’on se souvienne qu’ils existent.
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