Mike Jocktane : Ali Bongo tient « son pouvoir d’un coup d’état électoral réalisé en 2009 et renouvelé en 2016 » !
Au détour d’un agenda surchargé, l’homme d’église et acteur politique Mike Jocktane a répondu aux questions de la rédaction d’Info241. Le leader du Gabon Nouveau (centre) revient notamment sur la gouvernance du Gabon, les 60 ans d’indépendance du pays et sa double casquette de leader religieux et politique.
Info241 : Vous êtes le président directeur international des ministères Christ Révélé aux Nations, également président du parti politique Gabon Nouveau, homme politique et homme de Dieu. Comment arrivez-vous à concilier ces deux domaines ? (Religieux et politique)
Mike Jocktane : Ceux qui me connaissent savent que je suis quelqu’un de structuré, d’organisé, d’attaché à l’excellence. Donc mon engagement politique se fait sur les mêmes bases que mon engagement au service de Dieu. D’autant plus que si on s’attache à étudier les textes bibliques, il n’y a pas d’incompatibilité. Ils sont nombreux ceux qui dans le livre Saint, ont exercés simultanément la fonction d’homme de Dieu.
Récemment lors de votre discours à l’occasion des 60 ans d’indépendance du Gabon, vous avez parlé du combat pour une « nouvelle alliance ». Qu’est-ce que cela signifie ?
Mike Jocktane : Lors de mon discours à l’occasion des 60 ans d’indépendance, j’ai parlé de la défense de notre identité collective, du nécessaire redressement moral, de la promotion et de la protection de notre identité culturelle. J’ai parlé aussi du fait de revaloriser la famille.
En somme, du combat pour la reconquête de notre souveraineté culturelle et politique et j’invite mes compatriotes à en prendre conscience dès aujourd’hui, car le socle même de notre grande famille gabonaise a besoin de retrouver ses lettres de noblesses. Effectivement aujourd’hui plus que jamais, la jeunesse a besoin de repères, le couple est désacralisé et la famille risque l’atomisation. Nous avons donc la responsabilité de perpétuation de notre identité et de nos valeurs.
Quel regard jetez-vous sur la démocratie au Gabon, 60 ans après ? Quels efforts restent-ils à consentir ?
Mike Jocktane : Vous savez, je suis d’abord un compatriote, un gabonais et je refuse que l’on s’apitoie sur notre sort et que l’on répète cette célèbre phrase : "On va encore faire comment ?". Je suis de ceux qui disent nous allons devoir faire autrement parce qu’il y’a pas de fatalité. Tout d’abord, le nom de notre parti, est Gabon Nouveau, nous ne sommes pas nostalgique du Gabon d’hier. Voilà ce que nous disons.
Nous ne pleurons pas les années de l’indépendance jusqu’à 2009. Nous ne sommes pas satisfaits de cette pseudo démocratie et donc du Gabon tel qu’il est aujourd’hui.
Le Gabon soi-disant émergeant ne nous convient pas, nous aspirons à un Gabon Nouveau. Je dis qu’il est possible de faire mieux pour le Gabon. On ne peut pas continuer dans un pays où il y a juste quelques privilégiés et une majorité de gabonais qui vit dans l’indignité.
Je m’accorde avec les paroles de mon feu ami AMO (André Mba Obame, ndlr) qui raisonnent plus aujourd’hui. Très bientôt, nous retrouverons nos libertés, les libertés fondamentales, les libertés d’association et de rassemblement, les libertés individuelles et collectives.
Le problème du Gabon est qu’il est un pays riche mais très mal géré. Il y a une très mauvaise répartition des dividendes nationaux. il faut donc une meilleure gestion de laquelle va découler une meilleure distribution pour le bien-être collectif.
Que répondez-vous à ceux-là qui disent qu’un homme de Dieu ne doit pas faire de la politique ?
Mike Jocktane : C’est une question qui m’a souvent été posée par le passé et j’avoue qu’aujourd’hui, il y’a une évolution sensible des mentalités ou de la compréhension sur ce sujet. C’est important de savoir que je me définis comme un ecclésiaste politique et il y’a dans la bible plusieurs exemples d’ecclésiastes politiques. Je commencerais par citer Jésus lui-même qui avant d’être prophète et prêtre était roi, le roi des juifs.
Et selon ce que nous savons et que nous enseignons dans l’église aujourd’hui, le roi des rois et il y a Melchisédech, un personnage historique qui a une préfiguration du Christ qui était roi sur Salem devenu Jérusalem et en même temps souverain, disons sacrificateur du Dieu très haut. Pour moi l’exemple parfait de l’ecclésiaste politique mais je peux aussi citer le roi David que tout le monde connait ou encore Moïse qui est considéré comme le plus grand prophète d’Israël mais qui avait reçu une mission clairement politique et qu’il a exécuté en s’opposant afin je ne veux pas finir mon propos sans mentionner et citer le révérend Martin Luther King.
Certains compatriotes ont du mal à vous situer dans l’échiquier politique. Votre parti est-il encré dans l’opposition ou dans la majorité ? Quels rapports entretenez-vous entre ces deux camps politiques ?
Mike Jocktane : Mon action et le Gabon Nouveau avec moi se situent dans une troisième voie, que je me plais à appeler l’autre opposition. Nous refusons d’être participant ou complice du système qui a amené notre pays à la situation désastreuse qu’il connait aujourd’hui. Entendez-moi, il y a de l’autre côté un parti qui est au pouvoir depuis 60 ans et à sa tête un président qui lui tient son pouvoir d’un coup d’Etat électoral réalisé en 2009 et renouvelé en 2016.
De l’autre côté un groupe qui se fait appeler opposition et dont bon nombre de personnalités viennent de ce système et pour certains d’ailleurs ont participé activement au coup d’État électoral de 2009. En réalité, ils s’accommodent de situation actuelle de notre pays et attendent avec espérance, que leur tour aussi arrive pour reprendre les commandes du pays. Je dis qu’on ne peut pas en même temps être de l’opposition et être de la majorité au pouvoir. Il n’y a qu’au Gabon qu’on voit des choses comme ça !
Avec d’autres, nous refusons cette dichotomie qui trompe et trahit les gabonais, notre nation et foule au pied notre dignité, notre identité et notre sens moral. C’est donc une rupture et une remobilisation à la base de tous les citoyens pour que prônions notre destin en main auquel nous travaillons.
Quelle analyse faites-vous du climat socio-politique, économique du pays ?
Mike Jocktane : Le Gabon va mal. Le Gabon va même très mal. Nous nous sommes clairement enlisés dans une crise politique économique et sociale qui ne favorise pas le bien-être de l’ensemble des gabonais. Aussi, la crise du Coronavirus a d’autant plus exposé les failles du système qu’elle nous laisse face à un modèle de gouvernance inadapté et sectaire. Sans oublier l’accentuation des privations des libertés fondamentales surtout au moment de l’infléchissement de la courbe des infections.
Aujourd’hui avec le recul nécessaire qui nous permet de mieux comprendre le Covid-19 ainsi que les précautions à prendre, nous trouvons anormal qu’au Gabon par exemple, les lieux de cultes n’aient toujours pas été réouverts. J’ai l’impression qu’il y a comme un abus de pouvoir. La plupart, pour ne pas dire tous les pays qui nous entourent ont réglé cette question depuis déjà un certain temps. En ces temps de crise majeure, nous avons besoin de prier et d’invoquer la grâce de Dieu sur nous. Je pense qu’on pourrait raisonnablement rouvrir les lieux de cultes et comme dans les autres pays nous ne serons pas si nous le faisons dans l’irresponsabilité.
Un mot à l’endroit du peuple gabonais ?
Mike Jocktane : J’invite chaque gabonais, tous les gabonais qui sont déçus du système, qui ne se retrouvent pas dans ce que propose et fait l’opposition traditionnelle à nous rejoindre au Gabon Nouveau. Afin qu’ensemble, nous bâtissions cet édifice nouveau. Pour cela, il faut un véritable engagement. Le combat pour le Gabon est un combat qui mérite d’être mené et c’est ce que j’ai décidé de faire et je le fais avec courage détermination et abnégation.
Tu es un leader, un Gabon plus grand que ce pays vit en toi. C’est ce Gabon Nouveau que nous sommes nombreux à appeler de nos vœux. Le Gabon Nouveau c’est possible. le Gabon Nouveau c’est nous. Rejoins moi. Je suis Mike Jocktane j’ai un autre regard sur le Gabon. Que Dieu bénisse le Gabon.
Propos recueillis par BBO
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