Quand des fuites d’eau font le bonheur de foyers dépourvus d’eau potable de Port-Gentil
La faible pression et les coupures intempestives orchestrées par la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) profitent à de nombreuses familles issues de quartiers sous-intégrés de la capitale économique gabonaise. En effet à Port-Gentil, plusieurs ménages n’ont pas accès au précieux liquide. Aux quartiers Sans-Manguier, Badamier, N’tchengué, dans le 4e arrondissement de Port-Gentil par exemple, beaucoup de foyers sont contraints de parcourir plusieurs kilomètres munis de bidons à la recherche de pompes défaillantes où quelques gouttes d’eau feraient leur plus grand bonheur.
Le constat est quasi le même à Bac-Aviation, Côte-d’Azur, et bien plus. L’objectif est de marcher jusqu’à ce qu’ils trouvent des robinets où il y a éventuellement une fuite du liquide vital. Dans la plupart des cas, c’est un soulagement pour ces quelques familles dépourvues de cette ressource essentielle à la vie qui profitent pendant plusieurs heures pour remplir leurs récipients d’eau potable. Comme on le dit un adage populaire : « à quelque chose, malheur est bon ».
Un sport quotidien
« Chez moi, je n’ai jamais vu une seule goutte d’eau sortir de nos robinets. Et pourtant la tuyauterie est placée de manière convenable. C’est un calvaire de vivre ça. On se réveille parfois vers 23h pour aller puiser de l’eau dans le noir tout ça pour vivre. Heureusement le fameux tuyau percé n’est pas loin », relate à la rédaction d’Info241 Hugues Kombila, habitant au quartier Sans-Manguier au carrefour.
Des enfants postés pour remplir des bidons d’eau
À Badamier, juste avant l’antenne située à la décharge de publique de Port-Gentil, là-bas, la rupture du point de connexion fait le bonheur de certains riverains qui ne se font pas prier pour profiter de l’opportunité qui leur tombe entre les mains quotidiennement. Certains se lèveraient vers 6h, d’autres une heure après pour prendre d’assaut le seul endroit où l’espoir règne. « Mon frère, ici c’est tout le quartier qui puise de l’eau. Y a pas d’eau dans les maisons même quand tu fais ta demande à la SEEG. On est habitué », nous confie Joyce Mbourou du quartier N’tchenguè.
Des difficultés qui ne datent pas d’aujourd’hui
Tout ceci est dû à la nonchalance de la SEEG qui traine les pieds depuis des longues années à fournir en eau convenablement toutes les familles de ces zones précitées. Une situation commune à tout le Gabon et ce, le monopole de la distribution de l’eau et de l’électricité détenu par l’entreprise publique renationalisée dernièrement. C’est tant mieux pour ces populations, non-abonnées au réseau. Le seul bémol dans ces endroits de cueillette d’eau potable, est qu’il faut s’armer de muscles. Et dans la plupart des cas, les enfants ne sont parfois pas les bienvenues.
« La plupart du temps, on trouve des enfants là à attendre quand bien même ils ont des leçons à étudier. Et les parents sont assis à suivre la télé à la maison. L’attente est pénible pour des gamins de 8-10 ans. Certains d’entre eux viennent là faire le désordre. Ils pissent là, défèquent également là et c’est pas bien », souligne pour sa part Maturin Madoungou, un autre riverain.
Dans ces lieux, c’est chacun son tour. Non seulement l’eau coule très lentement, mais très souvent certains ont ce malin plaisir de tout remplir sans faire profiter aux autres. Ce qui crée très souvent des vives tensions entre les femmes à fleurs de peau. Tout compte fait, dure, et dure l’épineux combat de l’eau au Gabon et à Port-Gentil en particulier. Le tout, dans un pays couvert à plus de 80% de cours d’eau, fleuve etc. Jusqu’à quand ce problème va-t-il perdurer ? Le débat est ouvert.
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