Présidentielle 2025 : Bilie-By-Nze, la grosse gifle des urnes pour l’ancien griot du régime Bongo
Alain Claude Bilie-By-Nze voulait jouer les outsiders éclairés de la présidentielle gabonaise du 12 avril. Résultat : une déculottée électorale magistrale selon les résultats provisoires donnés dimanche par le ministre de l’Intérieur. Avec à peine 19 227 voix, soit 3,02 % des suffrages exprimés sur un collège électoral de plus de 920 000 électeurs, l’ancien Premier ministre a été sèchement écarté du cœur des Gabonais. Un score famélique pour celui qui se rêvait en rassembleur national.
Ce camouflet électoral s’explique d’abord par une image impossible à effacer : celle d’un visage emblématique du régime Bongo, dont il a été l’un des plus zélés défenseurs. Ministre puis chef du gouvernement, Bilie-By-Nze avait multiplié les phrases condescendantes et les postures arrogantes. Qui a oublié son fameux « les Gabonais vivent au-dessus de leurs moyens » pour justifier la vie chère ? Ou encore son discours surréaliste à l’Assemblée affirmant que « le PDG n’était pas prêt à passer le relais » ? Autant de casseroles qu’aucun vernis de rupture n’a pu couvrir.
Campagne fantoche, résultats fantômes
Sa campagne ? Un fantôme. Pas de meetings, pas de mobilisation, pas d’affichage. Juste quelques causeries feutrées et des publications sur les réseaux sociaux. Pas de quoi secouer un cocotier électorat en quête de renouveau. Même dans sa province natale de l’Ogooué-Ivindo, il n’a convaincu que 1 580 électeurs, contre 93,75 % pour Oligui Nguema. Une gifle locale qui en dit long sur son absence d’ancrage.
La mayonnaise n’a pas pris sur le terrain
L’échec est aussi stratégique. En contestant la date du scrutin, Bilie-By-Nze a donné le sentiment de ne pas vouloir jouer le jeu. Il a voulu incarner l’alternative sans avoir jamais fait son autocritique sur son rôle passé. Même son offre sociale – distribuer 150 000 FCFA à 160 000 Gabonais au chômage – a paru électoraliste, voire démagogique. Le Gabon de 2025 semble avoir tourné la page des promesses creuses et des ambitions mal camouflées.
La dure réalité du terrain politique
Politiquement, Bilie-By-Nze est désormais isolé. Sa plateforme « Ensemble pour le Gabon » a implosé avant même le dépôt des candidatures. Seule Marlène Fabiola Efoutame l’a rallié, faute de mieux, après le rejet de sa propre candidature. Il a tenté de devenir kalife à la place du kalife, misant sur la chute d’Ali Bongo pour prendre la tête du PDG. Mais le parti, soucieux de sa survie, s’est rangé derrière Oligui, laissant son ancien griot en pleine traversée du désert.
Le candidat votant pour lui-même samedi à Makokou
Avec moins de 20 000 voix, Bilie-By-Nze termine 2e, certes, mais sans capital politique, sans relais, sans dynamique. Un score qui confirme que le peuple gabonais préfère désormais les bâtisseurs aux beaux parleurs. Et qu’une élection ne se gagne pas avec des tweets et des souvenirs de pouvoir.
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