2nd tour des législatives : L’UDB d’Oligui se retire de plusieurs sièges pour faire gagner le PDG !

Décidément, la politique gabonaise version Oligui Nguema n’a pas fini de livrer ses paradoxes. Alors que le parti présidentiel, l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB), caracole en tête des législatives avec plus de 54 sièges remportés dès le premier tour — malgré des soupçons persistants de fraudes —, il vient désormais au secours de son adversaire-allié : le Parti démocratique gabonais (PDG).

Il faut le reconnaitre, l’UDB était déjà en coalition électorale dans 4 sièges pour sauver notamment certains ministres candidats aux législatives. Le néo-parti présidentiel poursuit ainsi sa logique de partage et convivialité avec le PDG en offrant déjà sur un plateau deux circonscriptions stratégiques : celles de Koulamoutou (Ogooué-Lolo) et de Mayumba (Nyanga), respectivement convoitées par Blaise Louembé et Angélique Ngoma.
Un second tour aux allures de marché politique
Ce revirement spectaculaire intervient à la veille du second tour des législatives prévu ce samedi, pour une soixantaine de sièges encore en jeu. Le PDG, soutien controversé du président Oligui Nguema lors de la présidentielle du 12 avril, semble bénéficier aujourd’hui d’une faveur présidentielle. À tel point que certains électeurs dénoncent déjà un « marchandage électoral » au détriment du suffrage universel.
Les circonscriptions stratégiques déjà « offertes » par l’UDB au PDG
Circonscription | Province | Candidat UDB (résultats 1er tour) | Candidat PDG (résultats 1er tour) | Décision politique | Observation |
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Mayumba (2ᵉ siège, Basse Banio) | Nyanga | Tatiana Bouyou – 629 voix (34,41 %) | Angélique Ngoma – 568 voix (31,07 %) | Retrait forcé de la candidate UDB | L’UDB cède la victoire au PDG malgré une avance au 1er tour. |
Koulamoutou (1ᵉʳ arrondissement) | Ogooué-Lolo | Jean Hilarion Landa – 608 voix (33,19 %) | Blaise Louembé – 723 voix (39,47 %) | Soutien implicite du pouvoir à Louembé | Louembé, président du PDG, bénéficie d’un « appui présidentiel ». |
Plutôt que de laisser les urnes trancher entre les deux formations, le camp présidentiel a préféré imposer un arrangement politique. À Mayumba, Tatiana Bouyou, candidate UDB arrivée en tête au premier tour avec 629 voix (34,41 %), a été sommée par sa direction de se retirer. En face, Angélique Ngoma, secrétaire générale du PDG, pourtant distancée avec 568 voix (31,07 %), voit ainsi son chemin dégagé pour le second tour. Une décision qui interroge sur la sincérité du scrutin et la véritable autonomie du parti présidentiel.
Sauvetage express pour Blaise Louembé à Koulamoutou
Même scénario à Koulamoutou, où le président du PDG, Blaise Louembé, semble lui aussi bénéficier d’un « parachute présidentiel ». Malgré une avance fragile au premier tour (39,47 % contre 33,19 % pour son concurrent UDB, Jean Hilarion Landa), Louembé obtient le soutien tacite du palais du bord de mer. Un appui qui traduit, selon plusieurs observateurs, la reconnaissance d’Oligui Nguema pour les « services rendus » par les anciens du PDG, dont il ménage le retour sur la scène politique.
Ce retournement de situation illustre le grand écart du président Oligui Nguema, qui prône publiquement la rupture avec l’ancien régime tout en s’appuyant sur ses figures les plus emblématiques. Blaise Louembé et Angélique Ngoma faisaient partie des personnalités visées par les recommandations du Dialogue national d’avril 2024, qui préconisait leur inéligibilité pour trois ans. Un an plus tard, ces mêmes anciens piliers du PDG sont réhabilités… et même soutenus par le pouvoir en place. Un tour de passe-passe politique qui ne manque pas de susciter l’indignation.
La “touche spéciale” d’Oligui Nguema
Pour plusieurs analystes, ce « sauvetage express » traduit la stratégie d’Oligui Nguema : ménager l’ancien système tout en prétendant le dépasser. Officiellement, le président entend « garantir la stabilité politique ». Officieusement, il consolide un pacte de survie mutuelle entre l’UDB et le PDG, cimenté par les intérêts communs et les équilibres électoraux.
Ainsi, sous couvert d’unité nationale, le chef de l’État orchestre un scénario bien huilé : celui d’une Ve République qui recycle les acteurs d’hier au nom d’un futur incertain. Une réconciliation politique qui, pour beaucoup, ressemble davantage à une connivence qu’à une reconstruction. L’avis des électeurs et l’utilité d’un second tour sont tous jetés à la poubelle au grand bonheur des candidats PDG.
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