Journée des droits de l’homme : De graves violations des délais de détention perdurent au Gabon

Alors que la communauté internationale célébrait ce 10 décembre, la journée mondiale des droits de l’homme, l’ONG SOS Prisonniers Gabon en a profité pour interpeller les autorités sur les violations des durées de détention dans les prisons gabonaises. Dans un communiqué parvenu samedi à la rédaction d’Info241, l’ONG dénonce le non respect par la justice des délais de détention préventive et la non libération de prisonniers ayant purgé leurs peines notamment à la prison centrale de Libreville.

Le Gabon n’est certainement pas un exemple en matière de respect des droits de l’homme encore moins dans celui sur le respect des dispositions légales concernant les prisonniers et les personnes placées en détention préventive qui attendent une reconnaissance potentielle de leur innocence. C’est le constat fait hier par SOS Prisonniers Gabon (SPG) qui, à l’occasion de journée mondiale des droits de l’homme, a une nouvelle fois saisi la ministre de la justice gabonaise sur les nombreuses violations de droits des détenus.
Détention préventive bafouée
L’ONG qui rappelle que le Gabon siège au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU pour 3 ans depuis le mois d’octobre 2020, ne respecte pas de nombreuses conventions internationales sur les droits de l’homme. Elle a recensé au total pas moins de « 35 détenus dont les délais de la détention préventive sont contraires à la loi et ceux qui ont déjà purgé leurs peines mais sont toujours en prison », souligne le communiqué parvenu le 10 décembre à Info241. Cette liste de détenus n’étant pas exhaustive, martèle SPG.
Pour ce qui est de la détention préventive, elle n’est pas censée excéder 18 mois pour les délits et 24 mois pour les crimes. Mais la réalité sur le terrain donne froid dans le dos. SPG évoque notamment plusieurs cas de détenus placés sous ce régime censé être exceptionnel depuis 5 à 13 ans. L’ONG énumère notamment ceux de Fall Aliou Badra (13 ans en détention préventive), Rack Arthur Assoumou Ollomo (12 ans), Georges Mba Zoghe (11 ans), Mbonia François (11 ans), Judicaël Tsoka Tsoka (10 ans), Charles Danny Midianzou (9 ans) ou encore Valentin Bouloukou (8 ans).
Des dysfonctionnements qui perdurent
Et l’ONG de relever que « Dans certains cas, la durée de la détention préventive a même dépassé le maximum de la peine à laquelle la justice peut condamner un détenu ». En même qu’elles sont « contraires au sacro-saint principe de la présomption d’innocence et le droit à un procès équitable dans un délai raisonnable, garantis par la Constitution gabonaise, la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques ».
Ce grave manquement aux droits de l’homme n’épargne pas la gent féminine dont les autorités gabonaises se prévalent pourtant de protéger. SOS Prisonniers cite notamment les cas de Jessica Nse Nguema qui totalise 12 ans de détention préventive, Brigitte Abetté (8 ans), Gisèle Mettiameve (8 ans), Anoucheka Simbou (5 ans), Judith Via Ebindji (5 ans) et Vladmir Elise Baviogui (5 ans). L’une des ces femmes, Jessica Nse Nguema, serait même devenu folle en prison, indique l’ONG.
A quand le bout du tunnel ?
Mais les manquements aux droits de l’homme du Gabon ne s’arrêtent pas à violation de la durée de détention préventive. Plusieurs prisonniers ayant purgé leurs peines sont toujours en prison malgré l’expiration de leur condamnation. L’ONG cite abondamment les cas d’Abou Idriss SD Mohamed (libérable depuis le 16 avril 2019) ou encore celui de Jessy Alain Mabika Ibouanga (libérable depuis le 22 septembre 2022). A l’origine de ces dysfonctionnements institutionnels, le manque de résultat d’audience censé arriver au greffe de la prison pour pouvoir les libérer.
Ces problèmes rencontrés au Gabon sont dus selon l’ONG, aux budgets jugés dérisoires accordés par les autorités gabonaises aux sessions criminelles censées elles, statuer sur les dossiers de prisonniers. De plus, « certains dossiers des détenus seraient perdus au tribunal, raisons pour lesquelles il y aurait autant des détentions abusives », souligne SPG. Avant de s’interroger « Comment peut-on lutter contre la surpopulation carcérale dans de telles conditions ? Il faut une réforme profonde de notre système pénal et carcéral. Jusqu’à quand allons-nous continuer ainsi ? ».
La réponse à ces questions et les solutions à déployer appartiennent une nouvelle fois au gouvernement gabonais à qui l’ONG a tout de même souhaité une bonne célébration de cette journée internationale des droits de l’homme.
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