Géostratégie : la France plus que jamais en perte d’influence à travers le monde ?
La question mérite que l’on s’y attarde un instant. Engluées dans une crise diplomatique avec la nouvelle administration américaine en même temps que l’Australie, les autorités françaises ne se cachent plus d’afficher ouvertement leur courroux face aux récentes claques diplomatiques et géostratégiques subies sur plusieurs fronts à travers le monde.
Après la chute du mur de Berlin qui semble avoir permis à la France de resserrer l’étau autour de son pré carré africain dans les années 90 à travers la nébuleuse françafrique, l’heure est-elle arrivée pour l’Afrique de s’affranchir totalement de l’influence de son ancien colonisateur ? Rien n’est moins sûr.
Le signe d’un déclin ?
Le développement des événements politiques sur le continent semble, en tout cas, soutenir cette hypothèse. De la mort du guide libyen Mouammar Kadhafi en 2012 que plusieurs panafricanistes qualifient d’exécution sommaire, aux menaces proférées aux Maliens et Centrafricains à cause de l’intrusion des Russes et des Chinois en passant par la multiplication des coups d’État à la tête de certains pays qui étaient dirigés par leurs hommes liges, jamais la France ne s’est trouvée aussi malmenée sur le sol africain.
Sous Emmanuel Macron, la diplomatie française semble de plus en plus éprouvée. "L’erreur monumentale qu’a commise Emmanuel Macron à son arrivée au pouvoir, c’est de n’avoir pas su redéfinir et adapter la diplomatie de son pays aux exigences des peuples actuels. Ces exigences sont la liberté de choisir leurs dirigeants ainsi que leurs partenaires bilatéraux et multilatéraux. C’est cela même l’essence de la mondialisation et de la globalisation qui sont pourtant des concepts qu’ils ont eux-mêmes créés récemment", déplore un politologue gabonais sous couvert d’anonymat.
De nouvelles aspirations mondiales
Et d’ajouter : "Pourtant intelligent qu’il est, il a minimisé ces aspirations qui sont d’ailleurs très bien exprimées par nos diasporas sur le sol français. Et j’ai bien peur que tout ce qui leur arrive aujourd’hui en soit la conséquence de cette incapacité à lui et à son administration de n’avoir pas su anticiper sur le cours des événements qui clignotaient déjà depuis qu’une certaine élite africaine avait constaté l’échec, sinon l’entourloupe derrière le multipartisme teinté d’une fausse couche de démocratisation de nos Etats en 1990".
Engagée dans la guerre anti djihadiste au Sahel, non seulement la France crie à l’abandon de ses alliés Européens sur ce terrain où elle perd constamment des hommes sans jamais véritablement arriver à anéantir les forces djihadistes toujours présentes, sa capitulation est chaque fois d’actualité. Voulue par les peuples de ces pays où elle intervient et est présente militairement, la contradiction ces derniers jours entre Jean Yves Le-Drian, le ministre des Affaires étrangères français et Florence Parly, la ministre des Armées de Macron sur le Mali est symptomatique de cet état de fébrilité des autorités françaises en Afrique actuellement.
Quand le premier, réagissant aux révélations de l’agence Reuters faisant état d’une arrivée prochaine des “mercenaires” de la sulfureuse entreprise Russe “Wagner”, a clairement menacé de quitter le Mali, Florence Parly l’a récemment démenti en réaffirmant que la “France restera au Mali”. Finalement résolu, semble t-il, en dernier ressort de ne pas laisser libre court à la très redoutée Russie de s’installer avec aise.
De l’urgence de repenser la politique internationale française
Mais presque dans la même foulée, la France apprenait le 15 septembre, soit un jour après que l’Australie renonçait à l’achat pourtant contracté de 12 sous-marins français, ayant opté en dernier ressort à ceux américains. La crise diplomatique née de cette humiliation retentissante a fait écho jusqu’au sommet des Nations unies de ce mardi. Sommet boycotté par Emmanuel Macron pour manifester sa colère au nouveau président américain Joe Biden. Préférant laisser son chef de la diplomatie ruminer sa colère sur la scène internationale, il apparaît clairement que l’influence de la France est plus que jamais en perte de vitesse.
"Sentiment anti français par ci, renoncement à leur armement par là, en matière de géostratégie et de géopolitique, cela n’est autre qu’un camouflet qui doit, au-delà des pics de colère exprimés par Le Drian, inviter la classe politique française dans son ensemble à revoir ses méthodes à travers le monde, et plus encore à travers l’Afrique. Elle ne saurait continuer à adouber les dictateurs africains et à cautionner leurs exactions sur leurs peuples à l’issue de chaque élection présidentielle au nom de leurs intérêts, quand elle condamne les mêmes faits en Biélorussie, en Russie, en Europe de l’Est et en Amérique du Sud", renchérit notre politologue.
Avant de conclure : "Elle ne saurait continuer à accompagner certains coups d’État constitutionnels ou militaires sur le continent comme récemment au Tchad en condamnant d’autres pour les mêmes faits d’abus de pouvoir et de violations permanentes des constitutions comme récemment au Mali, en Côte d’Ivoire et en Guinée Conakry. C’est de ça dont il est question".
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