Inquiétudes

Gabon : Un activiste jeté en prison pour avoir dénoncé les risques des délestages au CHUL

Gabon : Un activiste jeté en prison pour avoir dénoncé les risques des délestages au CHUL
Gabon : Un activiste jeté en prison pour avoir dénoncé les risques des délestages au CHUL © 2025 D.R./Info241

L’arrestation et l’incarcération express de l’activiste gabonais Hercule Nzé, alias Novelas Overmax, suscitent une vague d’indignation depuis hier soir. Cet homme d’une trentaine d’années, pourtant proche des autorités du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), a été placé sous mandat de dépôt mercredi pour avoir dénoncé les dangers des délestages électriques sur les patients du Centre hospitalier universitaire de Libreville (CHUL) dont les groupes électrogènes n’ont pas pris immédiatement le relais.

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L’activiste avait en effet publié dimanche soir sur Facebook une vidéo dans laquelle il se plaignait des coupures d’électricité devant l’enceinte de cet hôpital public plongé dans le noir. Une vidéo qui a déplu aux autorités gabonaise qui ont d’abord procédé à son interpellation avec d’autres activistes libérés par la suite. Un fait qui met une nouvelle fois en lumière la tendance croissante à l’incarcération massive pour des motifs jugés mineurs, alors que la prison centrale de Libreville souffre d’une surpopulation chronique.

Une arrestation qui prend tout le monde de court

Tout a commencé le lundi 3 février, lorsque trois activistes, dont Novelas Overmax et Éric Otsetse, ont été interpellés par la Direction générale des recherches (DGR, gendarmerie). Si Éric Otsetse et un autre activiste dont l’identité n’a pas été dévoilé ont rapidement retrouvé la liberté mardi, Overmax, lui, est resté en détention dans les locaux de cette unité de la gendarmerie.

La vidéo de l’activiste postée dimanche soir, qui lui a ouvert hier les portes de la prison

Les premiers éléments indiquent que les deux premiers avaient été interrogés sur les manifestations et appels aux marches liées aux coupures d’électricité à Libreville. Overmax, en revanche, aurait été visé par une plainte déposée par la direction du CHUL, suite à une vidéo dans laquelle il affirmait que l’hôpital ne disposait pas de groupes électrogènes opérationnels. Selon lui, les pannes d’électricité auraient mis en danger la vie des patients singulièrement ceux sous assistance respiratoire.

Un hôpital qui dément les accusations

Selon une source proche de l’affaire, les déclarations de l’activiste auraient provoqué une intervention en urgence des autorités sanitaires et suscité la panique parmi les familles de patients, certains croyant leurs proches en danger de mort à l’issue de sa vidéo qui est devenue virale après sa publication.

La descente des deux membres du gouvernement mardi pour s’assurer de la sécurité des patients au CHUL

Le CHUL, dans sa plainte, affirme que l’activiste a délibérément relayé des informations erronées. L’établissement assure disposer de six groupes électrogènes en état de fonctionnement, bien que ceux-ci n’aient pris le relais que dix minutes après la coupure, en raison de la nécessité d’une activation manuelle. Quant à l’alimentation en oxygène, l’hôpital soutient que des bouteilles autonomes prennent systématiquement le relais en cas de panne d’électricité.

Un emprisonnement qui inquiète

Le placement sous mandat de dépôt d’Overmax, confirmé dans la soirée du 5 février 2025, soulève de nombreuses questions. Plusieurs observateurs y voient une dérive autoritaire, où l’emprisonnement devient un instrument de répression des voix dissidentes. « Si c’est une manière de sensibiliser à l’usage responsable des réseaux sociaux, le message est compris. Maintenant, il faut retirer la plainte et libérer Overmax  », plaide un proche de l’activiste.

L’activiste depuis hier en prison

Ce cas révèle une tendance de plus en plus marquée au Gabon : la détention préventive semble devenir un réflexe systématique des autorités judiciaires, même pour des faits qui ne justifient pas une incarcération immédiate. Une situation d’autant plus préoccupante que la prison centrale de Libreville fait déjà face à une surpopulation extrême. Une donnée que semble minimiser les autorités gabonaises au vu de ces décisions qui inquiètes au regard de leur extrême sévérité.

Alors que l’on croyait que ces manœuvres et tendances judiciaires à l’incarcération étaient que la marque de fabrique de l’ancien régime d’Ali Bongo déchu par l’armée, cette affaire met en lumière la nécessité d’un débat sur la liberté d’expression et les limites de la répression judiciaire dans un contexte de crise sociale. La restauration du Gabon à l’ère de la transition passe également par sa justice et ses hommes et femmes qui font du pays et de l’actuel pouvoir militaire, les nouveaux maitres de l’incarcération à tour de bras.

@info241.com
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