Pêche : Le Gabon dénonce l’accord avec l’Union européenne, jugé déséquilibré

Le Gabon a officiellement décidé de dénoncer l’Accord de Partenariat de Pêche Durable (APPD) signé avec l’Union européenne. La mesure a été actée ce 4 juin en Conseil des ministres, sous la présidence de Brice Clotaire Oligui Nguema. Une décision qualifiée de « ferme » et « stratégique » par le chef de l’État, qui entend reprendre le contrôle des ressources halieutiques du pays.

Un accord signé en 2007, reconduit jusqu’en 2027
L’accord initial, signé en 2007 sous Omar Bongo, permettait aux navires européens — principalement espagnols et français — de pêcher dans les eaux sous juridiction gabonaise contre une compensation financière annuelle . Il a été reconduit à plusieurs reprises, la dernière fois en 2021, pour une durée de six ans, jusqu’en 2027.
Élément | Détail |
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Nom de l’accord | Accord de Partenariat de Pêche Durable (APPD) |
Date de signature initiale | 2007 |
Dernier renouvellement | 2021 (pour 6 ans, jusqu’en 2027) |
Partenaires concernés | République Gabonaise – Union européenne |
Motifs de la dénonciation | - Retombées économiques insuffisantes - Absence de transformation locale - Faible investissement européen - Surexploitation sans transparence |
Article invoqué pour la rupture | Article 13 de l’accord |
Décision prise | Dénonciation unilatérale par notification à la Commission européenne |
Objectif du Gabon | Mettre fin à l’accord actuel et envisager : - une renégociation sur de nouvelles bases - de nouveaux partenariats alignés avec les priorités nationales |
Orientation stratégique | Création d’une filière thonière nationale : - Débarquements modernes - Unités de transformation - Emplois locaux - Souveraineté alimentaire |
Enjeux évoqués par le président | « Structurer une filière nationale de pêche durable et souveraine » « Ne plus brader nos ressources marines » |
Mais à en croire le président de la République, les résultats sont loin des attentes. Il évoque un partenariat déséquilibré, sans véritable plus-value pour l’économie nationale ni pour les communautés locales. « Les recettes issues de cet accord ne compensent ni la valeur réelle des captures, ni les coûts assumés par l’État [...], ni les pertes de valeur ajoutée dues à l’absence de transformation locale », dénonce le communiqué final du Conseil des ministres.
Dénonciation formelle, article 13 activé
Le président Oligui Nguema a instruit le gouvernement de mettre en œuvre la procédure de dénonciation unilatérale prévue à l’article 13 de l’accord. Une notification officielle sera adressée à la Commission européenne , marquant ainsi la volonté du Gabon de mettre fin au protocole actuel.
« Le Chef de l’État a instruit le Gouvernement de mettre en œuvre la procédure de dénonciation unilatérale de l’accord, par voie de notification écrite adressée à la Commission européenne », précise le communiqué. Cette rupture ouvre deux options : renégocier un nouveau partenariat sur des bases plus équilibrées, ou s’orienter vers de nouveaux accords bilatéraux mieux alignés sur les priorités de souveraineté économique du pays.
vers une filière thonière gabonaise
Le gouvernement ne compte pas se limiter à un retrait. Il affiche désormais une ambition claire : structurer une véritable filière nationale de la pêche, avec la création de chaînes de valeur locales, de zones de débarquement, d’unités de transformation, d’entrepôts frigorifiques et de chantiers navals.
« Le Président de la République a réaffirmé que la structuration d’une véritable filière thonière nationale, créatrice d’emplois, de valeur ajoutée et de souveraineté, constitue désormais un objectif stratégique prioritaire ».
Le Gabon veut ainsi sortir du rôle de simple fournisseur de matière première pour devenir un acteur régional de la pêche durable et de l’aquaculture moderne. Une mobilisation immédiate des administrations et du secteur privé est attendue.
Enjeu économique et écologique
Cette dénonciation marque un tournant dans la stratégie maritime gabonaise. Elle répond à une double urgence : d’une part, la faiblesse des retombées économiques de l’accord actuel ; d’autre part, les risques accrus de surexploitation des ressources, en l’absence de mécanismes efficaces de transparence et de contrôle scientifique.
« Le Président de la République a également dénoncé [...] les risques accrus de surexploitation des ressources halieutiques, en l’absence de mécanismes partagés de transparence et de suivi scientifique ». La décision s’inscrit dans une logique plus large de reprise de contrôle sur les richesses naturelles, à l’image des réformes engagées dans l’agriculture, les forêts, le logement ou l’eau.
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