Felix Bongo : « M. Sassou Nguesso ne m’a jamais rien remis qui serait destiné à M. Ping »
L’invité de la rédaction d’info241 est cette semaine Felix Bongo, homme d’affaires et ancien haut fonctionnaire Gabonais. Il a défrayé la chronique en janvier 2008 dans l’affaire dite des « Fourgons blindés » qui a donné lieu à l’émission d’un mandat d’arrêt international (le premier de l’Histoire du Gabon) à son endroit et au refus de la France de l’extrader vers le Gabon.
Récemment, il a été accusé par certains médias d’avoir perçu, puis détourné un milliard de Francs CFA remis à Jean Ping par le Président de la république du Congo, M. Denis Sassou Nguesso.
Vous vous êtes fait connaitre au Gabon dans l’affaire dite des fourgons blindés en 2008. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Felix Bongo : Oui volontiers. L’affaire des fourgons blindés est une affaire créée et montée de toutes pièces par les membres éminents de la famille Bongo Ondimba pour me nuire et me salir. D’ailleurs, la vérité est toute simple. Une de mes sociétés a participé à une consultation restreinte pour fournir au Trésor Public Gabonais des fourgons blindés et système de communication intégrés.
A ce jour, il n’y a toujours pas de plainte contre nous, ni de la part du Trésor Public Gabonais, ni de la part du ministère des finances qui est le ministère de tutelle du Trésor ..."
Nous avons formulés une offre, technique et financière et après trois mois, nous avons été rappelés par les autorités Gabonaises pour nous dire que nous étions retenus. Nous avons reçu des acomptes, exécuté le marché. Nous avons fourni ce qui avait été demandé. Nous avons été soldés à ce titre et donc en droit cette vente est une vente parfaite.
Nous avons convenu d’une chose et de son prix. Curieusement 18 mois plus tard, le procureur de la République prétendant agir sur une dénonciation va mettre la justice en branle contre nous. A ce jour, il n’y a toujours pas de plainte contre nous, ni de la part du Trésor Public Gabonais, ni de la part du ministère des finances qui est le ministère de tutelle du Trésor et tous les avocats qui se sont constitués pour moi dans cette affaire se sont vu répondre au tribunal de Libreville qu’il n’y avait pas de dossier me concernant, tout ceci est évidement vérifiable. C’est donc la preuve que je suis victime de poursuites clandestines et informelles orchestrées par des gens qui avaient envie de me régler les comptes bien avant cette affaire.
Voilà ce que je peux dire de cette histoire, je veux dire aussi que le procureur de l’époque est bien connu, M. Bosco Alaba Fall neveu du Président ou petit fils je n’en sais rien. Et c’est donc lui qui était chargé pour le compte de quelques personnes éminentes de la famille, de me mater. Je ne sais pas s’il y est parvenu et tout cas c’est cela l’Histoire.
Le blog d’Anne Marie Dworzeck Bendome et le journal la Griffe (N°658) vous accusent d’avoir détourné un milliard de Francs CFA remis à Jean Ping par M. Denis Sassou Nguesso, Président de la république du Congo. Qu’avez-vous à y répondre ?
Felix Bongo : Lorsque je l’ai appris, je me suis demandé s’il ne s’agissait pas d’un canular. Je ne connais pas son identité mais je n’ai aucune peine à affirmer que c’est un mythomane qui est à l’origine de cette rumeur. Je ne sais absolument rien des activités diplomatiques de M. Ping et encore moins des histoires d’argent qui y seraient reliés. Monsieur Ping ne m’a jamais introduit auprès de ses amis ou relations éminentes et certainement pas auprès du Président de la République du Congo, Monsieur Denis Sassou Nguesso qui évidement ne m’a jamais rien remis qui serait destiné à Monsieur Ping.
Je n’ai toujours pas compris ce que ces personnes, ces activistes (..) reprochent précisément à Monsieur Myboto et qui pourrait justifier qu’aujourd’hui il fasse l’objet d’injures, lui, sa famille et ma modeste personne".
Je ne comprends donc pas d’où cela peut venir, c’est une absurdité, une affabulation. Elles sont nombreuses autour de moi et c’est une de plus. J’observe simplement, puisque vous parlez de presse, que c’est dans un tract édité à la Présidence – la Griffe – que les proches d’Ali Bongo Ondimba se sont fait désormais les avocats de M. Ping dans cette affaire, ce positionnement me parait insolite.
On vous accuse avec le Président de l’Union nationale (Parti de l’opposition Gabonaise, Ndlr) M. Zacharie Myboto, d’être contre Jean Ping qu’avez-vous à répondre ?
Felix Bongo : Ecoutez, on ne m’accuse pas seulement d’être avec Monsieur Myboto contre Jean Ping, je crois avoir compris qu’on m’accusait aussi de soutenir Monsieur Myboto. Je n’ai toujours pas compris ce que ces personnes, ces activistes, ce groupuscule de personnes bien identifiées parce que c’est toujours le même, reprochent précisément à Monsieur Myboto et qui pourrait justifier qu’aujourd’hui il fasse l’objet d’injures, lui, sa famille et ma modeste personne.
Le président Myboto, dois-je le rappeler, est le président de l’Union nationale, premier parti d’opposition au Gabon qu’il a créé avec le feu Mba Obame. Le Président Myboto est membre fondateur du Front Uni pour l’alternance au Gabon. Je ne comprends pas très bien tout ceci. Mais pour clarifier les choses, ce n’est qu’il y a trois semaines que j’ai fait la connaissance de Monsieur Myboto qui venait des Etats-Unis avec d’autres personnalités de l’opposition lors de son escale à Paris. Il nous a fait le privilège avec quelques-uns, de nous recevoir et nous nous sommes entretenus. Et monsieur Myboto ignorait même qui j’étais au moment où il m’a salué et ce n’est qu’à ce moment que je me suis présenté.
C’est vous dire que ces affirmations sont une absurdité proférée par quelques hystériques délirants bien identifiés. Je veux aussi vous rappeler que – il me semble - l’opposition actuelle lutte pour la liberté et la démocratie, c’est-à-dire le choix et la liberté d’entre nous d’exprimer son opinion. Le président Myboto ne nous a pas sollicités et ne nous a pas demandé de le soutenir parce qu’à ma connaissance, il n’est candidat à rien du tout. En tout cas, il ne nous en a rien dit.
Il nous a en revanche parlé du Front, de la nécessaire cohésion du Front et nous a demandé d’agir avec sérieux, sincérité, détermination dans l’action que l’on compte mener et d’essayer d’appuyer au maximum l’Union nationale, le Front et de relayer leur activité à l’extérieur. Nous sommes sortis de là avec une bonne opinion de ce monsieur, en tout cas en ce qui me concerne, j’ai été ravi d’avoir cette rencontre avec lui et cela a été pour moi un privilège de discuter avec un homme de cette envergure.
Il me semblait jusqu’à présent que messieurs Ping, Myboto et pleins d’autres étaient alliés dans le Front Uni. J’observe désormais que les partisans de Monsieur Ping, le présentent comme victime d’attaques de monsieur Myboto. Il y a probablement un ou plusieurs épisodes que j’ai manqués.
Propos recueillis par Jocksy Ondo Louemba
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