Madagascar : L’Assemblée nationale destitue Andry Rajoelina, l’armée annonce prendre le pouvoir



La situation politique s’est brutalement aggravée ce 14 octobre à Antananarivo, où l’Assemblée nationale malgache a voté la destitution du président Andry Rajoelina par 130 voix sur 163 députés. Ce vote, intervenu quelques heures après que le chef de l’État a annoncé la dissolution de la chambre basse, a été jugé valide par les parlementaires, qui ont estimé le décret présidentiel « illégal ». Dans la foulée, des militaires ralliés à la contestation ont déclaré « prendre le pouvoir » et ont annoncé la suspension de la Constitution.
Réunis place du 13-Mai, au cœur de la capitale, les membres du Corps d’armée des personnels et des services administratifs et techniques (Capsat) ont pris la parole devant la foule pour annoncer la création d’un Conseil des présidents composé d’officiers de l’armée et de la gendarmerie. Le colonel Michael Randrianirina, figure du mouvement, a précisé que plusieurs institutions, dont le Sénat, la Haute Cour constitutionnelle et la Commission électorale, étaient dissoutes. Un référendum national serait prévu « d’ici deux ans », assorti de la nomination prochaine d’un Premier ministre civil.
Cette crise institutionnelle survient après plus de trois semaines de manifestations, initiées par le collectif de jeunes “Gen Z” pour protester contre les coupures d’eau et d’électricité, avant de se transformer en fronde politique. Exfiltré le 12 octobre par un avion militaire français, Andry Rajoelina, âgé de 51 ans, s’était exprimé depuis un « lieu sûr », refusant toute démission et dénonçant une « tentative de meurtre ». La rue, elle, exulte désormais au cri de « victoire du peuple », tandis que Madagascar entre dans une période d’incertitude profonde.
