Noël Odjiaba : « Nos maisons nous ont été attribuées par Ali Bongo et madame Mbagou est réfractaire »
Les anciens agents de Société gabonaise de développement de l’élevage (Sogadel) ne savent plus à quel saint se vouer. Leur ancienne entreprise liquidée depuis 19 ans, ils ont obtenu le droit d’occuper leur logement de fonction. Faux, leur retorque la mairie d’Owendo qui bataille pour les expulser. La rédaction d’Info241 a rencontré le représentant de leur collectif, Noel Odjiaba, pour en savoir plus sur le litige qui les oppose à la mairie d’Owendo depuis 2002.
Info241 : Expliquez-nous monsieur, le litige qui vous oppose à la mairie d’Owendo. Qu’est ce qui est à l’origine de ce litige ?
Noël Odjiaba : Le problème commence en 2002. En 2002 l’entreprise est privatisée. Normalement, il y a du flou là-dedans parce que privatiser, c’est prendre ce qui appartient à l’Etat et le donner à un privé. Personnellement, je ne connais pas pourquoi on a pris l’abattoir qui appartenait au ministère des Finances et remettre à la mairie. Secundo, c’est vrai que dans l’appel d’offres, le liquidateur procède l’offre de l’abattoir. Mais dans la cession, le liquidateur ne cède que l’abattoir. Nous pensions qu’après la mort du liquidateur, notre seul responsable devait être la privatisation.
Quand nous avons écrit au président de la République Ali Bongo Ondimba pour demander la gratuité de ses logements, puisque nous y habitons depuis 30 ans, il a donné son accord et le secrétaire général de la Présidence de l’époque nous a adressé une lettre pour nous dire d’aller voir ça. Le président a déjà donné instruction au secrétaire général de la privatisation. Mais curieusement, la mairie fait surgir un décret en 2011. Un décret que nous jugeons faux. La mairie va faire un titre foncier en 2016, vu que le titre foncier ne correspond ni au numéro de la parcelle de la SOGADEL qui leur avait été attribué par le liquidateur ni au numéro de leur décret.
Le titre foncier selon le document, est sur la parcelle numéro 139. La Sogadel est sur la parcelle numéro 1. Le décret est sur la parcelle numéro 2 et la mairie curieusement dit que nous sommes dans sa parcelle. D’autre part, la Constitution gabonaise du 23 juin 2003 dans son article 14 dit que : « une institution comme la mairie ne peut prétendre avoir un grand terrain que sur le fait d’envisager ouvrir une école, un dispensaire et si le site est habité. Ceux qui sont sur ce site, doivent être dédommagé. Quand on se présente à la privatisation, la privatisation dit que le titre foncier est faux, puisque pour avoir ce titre foncier, il faut avoir une convention signée du ministère des Finances.
Dans cette convention, elle devrait définir quel a été le prix de l’abattoir, son état à la vente, quel a été le prix de logement, l’état de logement à sa vente, quels sont devenus les habitants qui étaient dans ces logements… L’ancien secrétaire de la privatisation dit que le titre foncier est faux puisque, s’il n’y a pas un acte notarié il est faux. C’est une entreprise. On ne vend pas une entreprise par de simples correspondance et on devrait avoir une convention. SETRAG a une convention, Air Gabon, Agro Gabon a une convention et les autres entreprises ont une convention, sauf Sogadel. Voilà en gros ce que nous réclamons, à la Mairie.
Quelle est votre position aujourd’hui face à cette situation qui n’a que trop duré ?
Noël Odjiaba : Aujourd’hui, nous sommes en train de rejeter. Rejeter, parce que lorsque la mairie occupe l’abattoir, intentionnellement, ils ont saccagé les installations d’eau et d’électricité comme pour dire qu’on n’a pas payé les maisons et vous n’êtes plus dans notre compte. Si la mairie avait respecté l’article 60 du Code de travail qui dit que « les anciens travailleurs avec leur profession doivent être repris, on serait en congé.
Le problème de maison ne se poserait pas. On serait à la retraite aujourd’hui. Il y en a qui ont été recrutés à 25 ans, 26 ans, 18 ans ou à 17 ans. Personnellement, je devais être à la retraite mais je n’ai pas été recruté. Vous pensez, qu’on va vivre dans une maison pendant 30 ans et puis quelqu’un va sortir pour dire de quitter les lieux ? C’est ma maison, madame Mbagou. La mairie est trempée dans l’immobilier. Partout à Owendo, la mairie a des problèmes et c’est ce qui va donner la victoire au PDG en 2023 ?
A ce jour, où en est la situation au niveau de la justice ?
Noël Odjiaba : La situation au niveau de la justice, c’est la mairie qui nous a porté plainte, comme pour dire que nous sommes dans ses logements. Mais nous avons réagi. Nous avons pris un avocat. Nous avons été très surpris que pendant, le confinement total, que l’affaire, soit délibérée et nous avons fait appel. Ça fait deux fois qu’on va au tribunal. Arrivés là-bas, on nous dit qu’il faut qu’on attende l’avocat de la mairie. Il faut qu’on attende ceci-cela. L’affaire est en appel puisqu’ils ont donné raison à la mairie.
Les terrains dont on parle, les magistrats sont impliqués dedans puisque madame la ministre a donné plein de parcelles aux magistrats. Ils peuvent perdre le terrain dans lesquels ils ont les parcelles. Non, pourquoi ? Ces magistrats ont jugé cette affaire… Quand vous venez sur ce terrain-là vous allez trouver les hauts cadres de la République, les ministres, les magistrats sont pleins dans cette zone. Si la Constitution dit qu’une administration publique ne peut prendre un terrain que dans l’intention de construire une école ou un dispensaire, est ce que c’est pour vendre ?
Et la mairesse dit qu’elle va vendre un mètre carré à 10 000 francs CFA. On ne peut pas venir faire un titre foncier sur un terrain qui est déjà occupé. La zone est complètement occupée. Il y’a des maisons, des arbres, il y a tout. Où est le plan de bornage ? Elle veut seulement qu’on enlève les anciens agents de la SOGADEL qui ont souffert. Nous avons été formés au Sénégal pour ça. Venez à l’abattoir, vous allez voir que les bêtes sont abattues à même le sol, est ce çà l’abattage ? Les conditions hygiéniques, ne sont pas respectées.
Il faudrait qu’on rétablisse la vérité. La vérité est que les maisons, nous ont déjà été attribuées par le chef de l’Etat et madame Mbagou est réfractaire. Elle ne veut pas qu’on en parle. Mais le parti dans lequel elle se trouve a un patron. Si le patron a déjà pris la décision de donner quelque chose. A-t-elle besoin de refuser ? Elle ne respecte ni le président, ni la loi. La loi est là !
Elle a dit qu’elle ne nous recrutait pas, les viandes, ne sont pas suivies médicalement. Alors, les gabonais ne savent pas quelle viande ils mangent. Nous voulons rétablir la vérité, récupérer les maisons qui nous ont été déjà attribuées par le président de la République. Nous n’avons pas été informé de la vente de logement. Nous aurions pu les acheter. Nous ne comprenons pas ce que dit la mairesse d’Owendo.
Que comptez-vous faire à présent, pour faire respecter la décision du chef de l’Etat ?
Noël Odjiaba : Bien, tout à l’heure je vous ai dit que notre Constitution numéro 13/2003 du 19 août 2003 dans son article 14, dit que le « droit de propriété est garanti. Il ne peut être porté que par nécessité publique ou dans l’intérêt général de la collectivité. Ce conformément, aux dispositions de lois appropriées ». La fraude est un acte de mauvaise foi y compris en contrevenant à la loi et au règlement et nuisant au droit d’autrui. Nous sommes très embêtés que l’on face des titres fonciers, que l’on face des décrets, pour ne rien faire que pour vendre. Depuis quand, la mairie va céder des briqueteries, va vendre des terrains… ?
Dans son projet de société, le président de la République dit que le logement fait partie de ses priorités. Nous nous remettons, au président pour l’arbitrage de ce conflit. Nous ne pouvons pas aller ailleurs. Tout est bouché par la mairie d’Owendo. Les juges qui doivent procéder à la délibération ont déjà des terrains ici. Ils ont des parcelles. La plupart, des magistrats ont des parcelles ici. Vous pensez que la mairie d’Owendo va avoir tort dans cette affaire, non ! C’est de la corruption çà.
Un mot de fin monsieur Odjiaba Noel pour résumer la situation
Noël Odjiaba : En conclusion, nous ne pouvons pas partir de ces logements. Nous comptons sur le chef de l’Etat qui a donné les instructions qui ne sont pas respectées par madame le maire. Lorsqu’on fait un appel au tribunal, toutes les parties attendent le jugement des grandes instances. Mais à notre grande surprise, madame le maire fait les travaux.
Nous ne partirons pas d’ici. Si le chef de l’Etat ne tranche pas, ne revient pas sur cette décision qu’il a prise en nous donnant ces logements… Nous sommes des gabonais formés par l’Etat gabonais. Nous sommes formés depuis l’âge de 18 ans. On ne partira pas d’ici comme des moutons.
Propos recueillis par BBO
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