Ville en danger

Érosion côtière et changement climatique : la ville de Port-Gentil en danger

Érosion côtière et changement climatique : la ville de Port-Gentil en danger
Érosion côtière et changement climatique : la ville de Port-Gentil en danger © 2023 D.R./Info241

Le monde bouge et est en mutation continuelle. Ces évolutions obéissent à des mécanismes et à des processus régis par la nature et commandés par des cycles que nous n’appréhendons pas toujours. Au Gabon, on observe cette érosion au niveau de Pongara (zone de la Baie des Tortues Luth), à Nyonié et sur la côte de Wonga Wongué ou à Panga (au Nord de Mayumba). Mais surtout, sur le littoral de Port-Gentil.

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Le phénomène d’érosion est palpable au niveau de Port-Gentil, capitale économique du Gabon. Au front du bord de mer, des violentes tempêtes ont successivement frappé le 3e arrondissement au point de faire reculer à certains endroits de plusieurs mètres la chaussée. Entre tempêtes, coups de vent et grandes marrées, il est soumis à rude épreuve. Le front du bord de mer de Port-Gentil connait ces derniers temps, une érosion des plus spectaculaires.

Une autre vue de la côte

Habitué aux colères océanes, Port-Gentil a rarement connu de tels phénomènes. Selon des experts sur les questions environnementales, la côte reculerait d’un mètre par an. Sous l’effet conjuré des marrées et des fortes pluies, plusieurs roches se sont décrochées. Une érosion qui n’a de cesse de redessiner le paysage du bord de mer de Port-Gentil. Malheureusement les outils scientifiques afin de permettre aux collectivités locales de prendre de bonnes décisions n’existent pas. « La triste réalité qui nous attend, c’est que la route finirait par être coupée. On n’a pas de plan B, C ou D. Des blocs de béton ne servent à rien. Il faut prendre des choses légères pour bloquer le sable », explique à Info241 Henry Auguste, le responsable de l’ONG H²O.

Une problématique répandue considérablement sur tout le littoral Mandji, au point où un arrêté municipal interdisant la baignade ou la pêche à cet endroit, avait été pris. Mais rien à faire, les populations s’y invitent afin de prendre de l’air frais ou passer du bon temps. Certains ayant même perdu leur vie. En effet, dans un passé récent plusieurs élèves du collège évangélique Ogoula Mbeye avaient été emportés au large par les vagues meurtrières. Bilan : plusieurs morts. L’érosion continue et s’accentue sur l’ensemble du littoral.

Une autre vue du recul de la côte

La sonnette d’alarme est tirée depuis plusieurs années mais le phénomène est ignoré. Si l’océan grignote un peu plus le littoral, impossible aujourd’hui d’avancer sur certains projets de relocalisation. « Il y a trois solutions qui se présentent à la ville de Port-Gentil d’ici 2050. Premièrement, la transférer sur l’eau comme l’a fait la Hollande. En second lieu, transférer la ville à 15 km à l’intérieur des terres. Et enfin, la construction des digues », propose le responsable de cette ONG, spécialiste des questions liées au réchauffement climatique.

À Port-Gentil un quart du littoral est rongé par l’érosion maritime. Malheureusement le Gabon et ses localités n’ont toujours pas des moyens législatifs et financiers pour lutter drastiquement contre ce phénomène maritime ou de le ralentir. En situation d’urgence, plusieurs biens en bord de mer sont menacés par ce dérèglement climatique. Ce phénomène porte de plus en plus atteinte aux infrastructures et ouvrages situés en bordure de mer. « Nous ne devrions pas épuiser toutes les ressources qui amènent les alluvions. Le climat de Port-Gentil a changé, on voit des pluies à Port-Gentil d’une semaine. Ça n’a jamais existé. Ce phénomène en route ne va pas s’arrêter », averti Henry Auguste de l’organisation non gouvernementale H²O.

Malgré les discours alarmistes des gouvernants, aucun début d’action en parallèle n’existe. Un réel paradoxe puisque le sujet au niveau gouvernemental est posé et les moyens d’intervention ne viennent toujours pas. Le gouvernement qui est toujours dans des expérimentations pour financer ces projets, il est dommageable que c’est toujours au bon vouloir des uns et des autres que lesdits projets s’exécutent. Ce changement climatique a fortement impacté la dynamique de recul du trait de côte, conduisant à un changement de fréquence d’où l’augmentation du niveau de la mer et des vents violents.

Conscient du danger, les autorités sont invitées à agir face au risque que la nature reprenne ses droits. Les travaux d’ensablement et de renforcement de digues seraient vains, au regard de la gravité de la situation. Comme mesures d’urgence, il existerait des grands moyens comme par exemple replanter des mangroves dans des zones détruites, construire des habitations sur l’eau ou délocaliser la ville à plusieurs kilomètres.

Des petits gestes comme la construction des digues sont également envisageables et moins coûteux. En somme, pour arriver à être à l’abri, c’est toute la presqu’île qu’il faut défendre. Des fonds existent auprès de la Banque Mondiale et au Fond monétaire international avec obligation de présenter des dossiers sérieux qui tiennent la route mais surtout de concrétiser les projets comme l’ont fait les Seychelles, les Maldives ou la Hollande. Des Etats qui ont emprunté pour ne pas être pris à la gorge.

@info241.com
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