Dans cette tribune, Alfred Nguia Banda souligne que la stabilité démocratique repose sur des convictions et des principes solides, contrairement aux pratiques opportunistes et transactionnelles qui fragilisent la politique, notamment en Afrique. Il cite l’exemple de l’instabilité politique en France et en Allemagne, causée par des divergences idéologiques profondes, et déplore que des comportements similaires, marqués par la transhumance et la démagogie, entravent l’évolution démocratique au Gabon. Il appelle les nouvelles autorités à faire preuve de vigilance pour préserver la dynamique de changement en cours, tout en sanctionnant fermement les dérives politiques et économiques.
Dans les pays où la démocratie est dynamique et vivante, la vie politique se fonde sur les convictions et principes auxquels les acteurs ne peuvent déroger que dans des circonstances très exceptionnelles. Convictions et principes dont les idéologies, les doctrines et la vision prospective et futurologique constituent le socle. Sans ces éléments conceptuels, la démocratie s’aplatit et va naturellement à vau-l’eau.
Cependant, les contradictions idéologiques très rigides, bien que support de la démocratie, peuvent causer une instabilité politique d’ampleur. En France, par exemple, après la dissolution désastreuse de l’Assemblée nationale par le président de la République Emmanuel Macron, la France est rentrée dans une période d’ingouvernabilité et d’instabilité politiques.
En effet, aucun parti politique n’ayant obtenu la majorité absolue pour appliquer son projet de société, la France se retrouve paralysée. Cette paralysie, comparable à celle de la IVe République, relève de la force des convictions idéologiques aux antipodes les unes des autres ; les convergences et les similitudes programmatiques étant diamétralement opposées.
La force des convictions transcende littéralement les positionnements individuels, opportunistes et égoïstes. En Allemagne également, la coalition de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) constituée des libéraux-conservateurs et des sociaux-démocrates (SPD) dirigée par le Premier ministre Olaf Scholz a volé en éclats du fait des divergences idéologiques et d’une vision politique distendue. De nouvelles élections législatives sont convoquées en février 2025.
La force des convictions et de la vision prospective qui animent les États démocratiques est véritablement l’antithèse des conceptions erratiques et incohérentes qui dévalorisent et dévaluent l’espace politique africain. À titre d’exemple, le transactionnalisme, la roublardise, la transhumance abjectes des acteurs politiques gabonais constituent une entrave réelle à l’évolution démocratique. Le ventriloquisme est érigé en idéologie.
Les opportunistes de tous poils qui ont saccagé les finances publiques, bâillonné les droits et libertés individuels s’illustrent, toute honte bue, par des déclarations démagogiques, infâmes et répugnantes. Ils espèrent, après avoir commis plusieurs forfaitures dans leur gouvernance, trouver crédit et audience auprès des nouvelles autorités. Ces nouvelles autorités devraient faire preuve de maturité politique, de vigilance pour ne pas succomber à l’hypocrisie politicienne, à la flatterie sans cause et de tomber dans leurs filets.
Ma belle grand-mère me disait toujours : « Ce n’est pas parce que quelqu’un t’aura esquissé un sourire qu’il est ou qu’il deviendra ton ami ». La jurisprudence politique prouve très bien que la déstabilisation et l’instabilité politiques relèvent de la transhumance et du transactionnalisme. Il serait donc temps de mettre hors d’état de nuire toutes les forces pernicieuses qui tentent habilement de mettre à mal la dynamique de libération et du changement impulsés par le Général Brice Clotaire Oligui Nguema et ses frères d’armes.
Les comportements politicaillonesques des vendeurs d’apocalypse, les tambouilles politiciennes, les détournements de fonds publics, les dérives autoritaires, d’où qu’elles proviennent, devraient faire l’objet de sanctions. La politique n’est ni un dîner de gala, ni une foire-fouille encore moins une bacchanale où tous les aventuriers viennent se servir.
Gouverner, c’est prévoir ; c’est agir par anticipation.
La déstabilisation et l’instabilité politiques sont les filles de l’hypocrisie politique.
Alfred Nguia Banda.
Docteur en droit,
DEA Histoire des idées politiques,
Maîtrise de sociologie politique.
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