64 ans d’indépendance du Gabon : colonisation, dynastie des Bongo et espoirs de réel renouveau
Le Gabon célèbre ce 17 août ses 64 années d’indépendance, une trajectoire riche en événements marquants et en transformations profondes. Ce pays d’Afrique centrale, situé sur la côte atlantique, a vu son destin se dessiner au fil de l’histoire, de la découverte par les Européens, la colonisation, le règne de la famille à la récente transition politique dirigée par l’armée. Retour sur une histoire mouvementée et des perspectives d’avenir.
Découverte et colonisation
Le territoire gabonais fut découvert par les explorateurs européens au XVe siècle, principalement les Portugais, suivis des Néerlandais, des Anglais et des Français. En 1839, les Français établissent une présence durable sur la côte gabonaise avec la signature d’un traité avec le roi Denis Rapontchombo. En 1849, Libreville, capitale actuelle du Gabon, fut fondée par des esclaves libérés.
Des esclaves libérés
Le Gabon devient officiellement une colonie française en 1886, intégré à l’Afrique-équatoriale française (AEF) en 1910. La colonisation transforma profondément le territoire et la société gabonaise, avec l’introduction du christianisme, de nouvelles structures administratives et économiques basées sur l’exploitation des ressources naturelles comme le bois et, plus tard, le pétrole. Le système colonial imposa également des réformes sociales et politiques qui s’avérèrent, à long terme, cruciales dans le développement de la conscience nationale.
Lutte pour l’indépendance
Contrairement à d’autres pays africains, le Gabon n’a pas connu de guerre sanglante pour son indépendance. La lutte pour l’autonomie s’est surtout manifestée à travers des revendications politiques au sein des instances coloniales. Sous l’influence des mouvements panafricains des années 1950, les leaders gabonais ont progressivement milité pour une gestion plus autonome des affaires du pays.
La déclaration d’indépendance
Le 17 août 1960, le Gabon obtient son indépendance de la France sous la présidence de Léon Mba, un ancien fonctionnaire colonial devenu le premier président du Gabon indépendant. Son régime fut marqué par des tensions politiques internes, notamment en raison de la montée des partis d’opposition.
Construction de l’État gabonais
Après l’indépendance, le Gabon a cherché à établir un État moderne sans réellement y parvenir. Léon Mba, bien que controversé, posa les bases de la structure administrative gabonaise, centralisant le pouvoir à Libreville. Son régime autocratique provoqua cependant un coup d’État en 1964, réprimé avec l’aide des forces françaises. Cette intervention démontre l’influence persistante de la France dans les affaires gabonaises, influence qui persistera pendant des décennies.
Après la mort de Léon Mba en 1967, Albert-Bernard Bongo (qui deviendra Omar Bongo Ondimba) accéda à la présidence du Gabon grâce à savant manège mis en place par Jacques Foccart, une des figures de la Françafrique. Omar Bongo transforma rapidement le Gabon en un régime à parti unique sous le Parti démocratique gabonais (PDG), né des cendres de l’ex Bloc démocratique gabonais (BDG) de Léon Mba. Le règne de la famille Bongo a marqué près de cinq décennies de la vie politique gabonaise.
Le règne de la famille Bongo
Sous Omar Bongo a, le Gabon devint une puissance sous-régionale grâce à ses richesses en pétrole. Cependant, cette manne pétrolière fut souvent critiquée pour avoir alimenté la corruption et le clientélisme, au détriment du développement social et économique du pays. Le régime, malgré des critiques internes et internationales, a maintenu une stabilité relative et une forte croissance économique pendant une bonne partie des années 1970 et 1980.
Le patriarche des Bongo
À la mort d’Omar Bongo en 2009, son fils Ali Bongo lui succéda à la présidence grâce au soutien des ex barons du régime de son père. Bien que son règne ait été marqué par des tentatives de diversification économique et de réformes, il fut également entaché par des accusations de fraude électorale et une contestation croissante de son pouvoir. En 2016, des élections contestées ont plongé le Gabon dans une crise politique, culminant avec un coup d’État en août 2023 qui mit fin à 55 ans de domination de la famille Bongo.
Diversité linguistique et culturelle
Le Gabon est un pays de grande diversité culturelle et linguistique. Bien que la langue officielle soit le français, le pays compte plus de 40 langues locales, dont le fang, le myènè, le punu et le nzebi. Cette richesse linguistique est un reflet de la diversité ethnique du pays, où plusieurs groupes cohabitent harmonieusement depuis des siècles. Les traditions et cultures locales continuent de jouer un rôle important dans la vie quotidienne des Gabonais, malgré l’influence croissante de la mondialisation et des pratiques occidentales.
Le coup d’État de 2023 et la transition en cours
Le 30 août 2023 aux alentours de 4h, un groupe de militaires dirigé par le général Brice Oligui Nguema a renversé Ali Bongo, juste après l’annonce de sa réélection contestée. Ce coup d’État a marqué un tournant dans l’histoire du Gabon. Les putschistes ont justifié leur action par des allégations de mauvaise gouvernance et de fraude électorale, promettant de réformer les institutions et de restaurer la démocratie. Oligui Nguema, ancien chef de la garde présidentielle, a pris la tête de la transition, suscitant des espoirs de changement après des décennies de pouvoir concentré entre les mains d’une seule famille.
Perspectives pour le Gabon en transition
Alors que le Gabon entre dans une période de transition, de nombreux défis demeurent. La diversification économique, indispensable pour réduire la dépendance aux hydrocarbures, reste une priorité. La gouvernance et la lutte contre la corruption, promises par les autorités de transition, seront scrutées de près par la population et la communauté internationale. Sur le plan politique, le retour à un système démocratique crédible, avec des élections transparentes, constitue un enjeu majeur pour la stabilité future du pays.
En cette période de changement, le Gabon semble à la croisée des chemins. Avec une jeunesse désireuse de participer activement à la reconstruction de leur pays et un potentiel économique encore inexploité, les perspectives d’un renouveau sont présentes. Les Gabonais espèrent que cette transition permettra de bâtir un État plus inclusif, transparent et équitable, en tirant les leçons des six dernières décennies.
Ainsi, le Gabon, après 64 ans d’indépendance, reste un pays en quête de son identité politique et économique, tout en étant porté par l’espoir d’un avenir plus prospère et plus démocratique.
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