Incompréhension

Non messieurs de la justice gabonaise, la place de Novelas Overmax n’est pas en prison !

Non messieurs de la justice gabonaise, la place de Novelas Overmax n’est pas en prison !
Non messieurs de la justice gabonaise, la place de Novelas Overmax n’est pas en prison ! © 2025 D.R./Info241

L’incarcération mercredi de l’activiste gabonais Fanuel Ikapi Mamboundou, alias Novelas Overmax, est une aberration judiciaire qui illustre les dérives d’une administration publique incapable de répondre que par la bâton aux préoccupations légitimes de la population. Ce jeune homme n’a fait que filmer un hôpital public plongé dans le noir, faute d’électricité. Et son message d’alerte était d’autant plus pertinent qu’il a mis en lumière les graves failles du redémarrage manuel des groupes électrogènes du Centre hospitalier universitaire de Libreville (CHUL). Pourtant, au lieu d’être écouté et protégé, il a été arrêté et incarcéré.

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Pourtant les faits sont bien là. Selon un technicien du CHUL, présenté jeudi dans un reportage très orienté de Gabon 1ère, la coupure incriminée a duré au moins une vingtaine de minutes. Elle n’aurait frappé que l’un des huit groupes électrogènes du plus grand hôpital du pays, qui est donc resté durant de très longues minutes dans le noir complet après une énième coupure de dame SEEG. Une situation alarmante qui justifiait pleinement l’alerte lancée par Novelas Overmax et etayée par sa vidéo qui a émue tout un pays et courroucé au plus haut poil la direction du CHUL.

Un retour à l’ère Ali Bongo

De plus, cette détention arbitraire repose sur une lourde machination. À la Direction générale des recherches (DGR, gendarmerie) où il avait, on lui aurait demandé de tourner une vidéo d’excuses. Ce, dans un funeste stratagème visant à mieux l’accabler et à lui faire reconnaître une faute inexistante. Il est fort à parier qu’il aurait signé des aveux à la DGR sans se rendre compte de la supercherie judiciaire orchestrée à son encontre. Son seul tort a été de dénoncer une réalité accablante : les délestages à répétition, marque de fabrique des nouvelles autorités du Gabon, qui sont incapables de résoudre cette crise énergétique qui paralyse le pays, et singulièrement Libreville, depuis juillet 2024.

@ashley.novelas

♬ son original - Ashley novelas

Le témoignage de la jeune soeur de l’activiste sur les excuses arrachées par la justice contre sa libération qui n’est jamais arrivée

L’affaire Novelas Overmax prouve que les vieux démons qui gangrènent la justice gabonaise ne sont pas tombés avec le régime d’Ali Bongo le 30 août 2023. En emprisonnant un citoyen pour avoir dénoncé une vérité dérangeante, le système judiciaire de l’ère de la transition et de la « libération » montre qu’il demeure un instrument répressif du pouvoir en place plutôt qu’un garant des droits fondamentaux de tous. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’une tentative d’intimidation pour museler ceux qui osent parler haut et fort.

De la restauration de la justice

Cette tendance inquiétante à l’incarcération systématique et aux détentions préventives abusives s’inscrit dans un contexte où la prison centrale de Libreville est déjà en surpopulation extrême. Tous les services judiciaires et politiques le savent, et pourtant, on continue d’y envoyer des prisonniers pour des motifs fallacieux. S’il devait être poursuivi pour avoir filmé le CHUL, Novelas Overmax aurait pu attendre son procès en liberté, aux côtés de sa famille, dans un État de droit digne de ce nom, où la justice respecte la liberté d’expression au lieu de s’acharner sur les lanceurs d’alerte.

La fameuse vidéo d’excuse diffusée sur la télévision publique gabonaise

Non, messieurs de la justice, ce n’est pas ainsi que l’on restaure la dignité du peuple gabonais ! Non, ce n’est pas ainsi que l’on redonne aux citoyens confiance en leurs institutions ! En jetant Novelas Overmax en prison, c’est le droit à la vérité que vous enfermez. Mais la vérité, elle, finira toujours par éclater. Ce d’autant que dans cette sombre affaire, le jeune activiste risque jusqu’à 5 ans de prison et une amende de 3 millions de FCFA, selon l’article 93 du Code pénal pour avoir documenté une réalité sur une défaillance notoire du CHUL et son potentiel risque sur la vie des patients internés.

@info241.com
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