Désaprobation

Constituante : Pourquoi seuls 8 parlementaires gabonais ont rejeté le projet de Constitution

Constituante : Pourquoi seuls 8 parlementaires gabonais ont rejeté le projet de Constitution
Constituante : Pourquoi seuls 8 parlementaires gabonais ont rejeté le projet de Constitution © 2024 D.R./Info241

Sur les 168 députés et sénateurs réunis durant 10 jours pour examiner le projet de Constitution au Gabon, seuls 8 parlementaires ont voté dimanche contre le rapport contenant les 801 amendements à la future loi fondamentale. Trois autres se sont abstenus. Malgré l’approbation massive de la majorité, ces voix discordantes ont exprimé leurs désaccords sur des points cruciaux du texte. Mais quelles sont les raisons de leur opposition ?

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Jean Valentin Leyama, l’un des principaux contestataires, a expliqué à RFI que les propositions d’amendement faites par son groupe n’ont pas été intégrées. «  Nous ne nous reconnaissons pas dans le rapport qui a été voté  », a-t-il déclaré, soulignant que leurs suggestions ont été tout simplement écartées. Pour eux, ce projet de Constitution ne reflète pas leurs attentes ni celles d’une partie des citoyens.

Concentration des pouvoirs : un "super président"

Le cœur de leur opposition réside dans ce qu’ils considèrent comme une trop grande concentration de pouvoirs entre les mains du président de la République. «  Si les recommandations adoptées par les parlementaires sont appliquées, le Gabon se retrouvera avec un président aux pouvoirs trop importants », déplore Leyama. Le président resterait ainsi chef suprême de l’exécutif, chef du gouvernement, et président du conseil supérieur de la magistrature, des pouvoirs cumulés qui, selon eux, contreviennent à la séparation des pouvoirs prônée lors du dialogue national.

Les 8 parlementaires ayant dit non au texte

Autre source de mécontentement : la survie du poste de Premier ministre, qui ne serait pourtant plus le chef du gouvernement. Selon le texte amendé, son rôle se limiterait à présider les conseils inter-ministériels et à coordonner les actions gouvernementales, un rôle jugé largement symbolique par les détracteurs. Ils considèrent ce maintien comme une façade, qualifiant le poste de "fantoche" sans réelle autorité.

Conditions d’éligibilité

Les conditions d’éligibilité au poste de président de la République sont également vivement critiquées. Pour Leyama et ses collègues, elles sont discriminatoires et divisent les Gabonais. « Même le choix du conjoint est imposé, comme si les citoyens devaient désormais surveiller leur propre libido », ironise-t-il. Au-delà de cette anecdote, ils dénoncent une "catégorisation" de la population, notamment avec l’exclusion des personnes handicapées moteurs, une décision qu’ils qualifient de "loufoque".

Les 8 parlementaires souhaitaient limiter la présidence à un mandat de 5 ans, renouvelable une seule fois, afin de s’aligner sur les standards internationaux. Cependant, le projet maintient un mandat de 7 ans renouvelable une fois, une décision qu’ils contestent fortement. Selon eux, un mandat de 5 ans éviterait que le président tente de briguer un troisième mandat, comme cela peut arriver dans certaines démocraties.

Ces parlementaires ne perdent pas tout espoir. Ils s’en remettent au Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), espérant que celui-ci puisse encore intervenir pour rejeter ou modifier certaines dispositions du texte final. Un mince espoir dans cet océan de changements voulu et dictés par les militaires ont arraché le pouvoir des mains de la famille Bongo.

@info241.com
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