Transparence

CNOCER : Entre progrès et doutes persistants sur la régularité des scrutins électoraux au Gabon

CNOCER : Entre progrès et doutes persistants sur la régularité des scrutins électoraux au Gabon
CNOCER : Entre progrès et doutes persistants sur la régularité des scrutins électoraux au Gabon © 2025 D.R./Info241

Au lendemain du premier tour des élections législatives et locales, la Commission nationale d’organisation, de contrôle des élections et du référendum (CNOCER) du Gabon se retrouve au centre de toutes les attentions. Chargée d’organiser et de garantir la régularité du scrutin, cette institution, encore jeune sur la scène politique gabonaise, joue désormais un rôle crucial dans la consolidation de la démocratie.

Moov Africa

 Une institution née des réformes politiques post-dialogue national

Créée à la suite des réformes issues du dialogue national et des discussions sur la modernisation du système électoral, la CNOCER a succédé à l’ancien Centre gabonais des élections (CGE), longtemps critiqué pour son manque d’indépendance. Composée de membres issus de la majorité, de l’opposition et de la société civile, elle se veut une structure collégiale, paritaire et dotée de prérogatives élargies — de la planification des scrutins à la publication des résultats provisoires.

Selon ses statuts, elle agit « en toute indépendance » et « veille au respect de la légalité, de la transparence et de l’équité du processus électoral ». Son objectif est clair : garantir à chaque citoyen l’exercice libre de son droit de vote dans un climat apaisé et équitable.

 Des innovations notables dans la gestion du scrutin

Pour le cycle électoral de 2025, la CNOCER a introduit plusieurs innovations destinées à renforcer la fiabilité du processus. Parmi elles : la numérisation partielle du fichier électoral, la centralisation informatisée des résultats, la formation systématique des présidents et rapporteurs de bureaux de vote, et la mise en place de canaux de communication rapides entre les coordinations locales et la direction nationale.

Selon plusieurs observateurs, ces réformes ont contribué à réduire certains dysfonctionnements récurrents. Le diplomate ghanéen Dr Kwame Tetteh, membre de la mission d’observation de l’Union africaine, s’est félicité du « professionnalisme globalement constaté dans la préparation et le déroulement du vote », tout en rappelant que « des ajustements demeurent nécessaires pour renforcer la confiance des électeurs ».

 Des critiques récurrentes sur la neutralité de la Commission

Malgré ces avancées, des doutes persistent sur la neutralité réelle de la CNOCER. Plusieurs candidats de l’opposition ont dénoncé des retards dans la distribution du matériel électoral ou un accès restreint aux procès-verbaux dans certaines circonscriptions. « Les efforts de la CNOCER sont visibles, mais des irrégularités locales demeurent. Il faut plus de rigueur dans la transmission des résultats et une meilleure communication avec les délégués de l’opposition », estime Anicet Ndong Mba, candidat indépendant.

Du côté de la société civile, les critiques vont dans le même sens. L’organisation Team Man Mamboundou appelle à « un processus plus ouvert au contrôle citoyen et à la publication complète des résultats par bureau de vote ». La CNOCER, de son côté, réfute toute accusation de partialité. Dans un communiqué daté du 5 octobre, elle a affirmé que « toutes les étapes du processus électoral se déroulent sous la supervision conjointe des représentants des partis politiques et des observateurs nationaux et internationaux ».

 Un scrutin à fort enjeu démocratique

Les élections législatives et locales de 2025 constituent un test majeur de maturité politique pour le Gabon. Elles marquent la première grande consultation nationale depuis la création de la CNOCER, dans un contexte de recomposition politique et de forte exigence de transparence. Pour beaucoup, la crédibilité de la Commission conditionne la légitimité des futurs élus.

« Si les électeurs perçoivent que leur vote compte réellement, cela renforcera la cohésion sociale et la crédibilité du système démocratique. À l’inverse, le moindre doute pourrait fragiliser les efforts de réforme entrepris ces dernières années », avertit un membre de la société civile. Les observateurs, quant à eux, ont globalement salué un climat pacifique malgré quelques incidents isolés sans incidence majeure.

  Une institution en apprentissage, entre espoirs et attentes

Au terme de ce premier grand test électoral, le bilan de la CNOCER apparaît contrasté mais encourageant. Si elle a réussi à éviter une crise majeure, elle doit encore convaincre pleinement. Sa capacité à institutionnaliser la transparence, à renforcer son indépendance et à résister aux pressions politiques sera déterminante.

Les experts appellent à trois réformes clés : garantir son autonomie financière, publier rapidement les résultats détaillés par circonscription et renforcer l’éducation civique pour mieux impliquer les électeurs. En définitive, la CNOCER s’impose comme un acteur central du renouveau démocratique gabonais. Mais sa véritable victoire ne se mesurera pas dans l’immédiat : elle dépendra de la confiance durable qu’elle saura inspirer à la nation.

@info241.com
Moov Africa

Commenter l'article