Sylvia et Noureddin Bongo s’érigent en victimes : Une insulte à la mémoire de gabonais pillés et méprisés

Après avoir été exfiltrés du Gabon grâce à l’interventionnisme du président angolais en mai dernier, voilà que les Bongo Valentin dont le recensement des crimes et dommages contre la nation sont toujours en cours d’inventaire par la justice, s’érigent en victimes. Ce jeudi 3 juillet dans une longue « déclaration » bilingue Sylvia Bongo et son fils Noureddin Bongo Valentin prétendant laver leur honneur après 20 mois de détention au Gabon et deux mois d’exil doré en Europe. Accusés de détournements massifs de fonds publics, de concussion et d’enrichissement illicite, les deux anciens piliers du régime déchu de Libreville s’érigent en victimes d’un système brutal, qu’ils n’ont pourtant eu de cesse d’incarner durant des années. Le monde à l’envers.

Dans leur déclaration duffusée en anglais et en français, le duo évoque un « kidnapping » familial, des « tortures », des « menaces de mort », des « aveux forcés ». Ils décrivent leur détention comme une guerre psychologique, physique et patrimoniale. Mais à aucun moment, ils ne se penchent sur les accusations qui pèsent sur eux : pas un mot sur les dizaines de comptes bancaires gelés, les villas de luxe saisies, les centaines de milliards dérobés et les montages financiers mis au jour. Tout ce que le peuple gabonais a pu observer de leur règne est évacué comme simple diffamation. La ficelle est grosse.
Règne illicite
Les faits sont pourtant têtus. Noureddin Bongo était, jusqu’à la chute du régime, le véritable centre de gravité du pouvoir présidentiel, sans aucune légitimité élective. Derrière l’image du « fils du président », se cachait un homme accusé d’avoir tissé un réseau opaque de gestion parallèle de l’État. Sa mère, Sylvia Bongo, jadis figure omniprésente de la première dame, n’a jamais caché son influence politique démesurée, installée au cœur même du système de prédation dénoncé depuis des décennies. Se poser aujourd’hui en martyrs relève d’une forme de révisionnisme qui insulte la mémoire d’un peuple pillé.
Noureddin ici aux cotés de son père après son AVC
Le plus troublant, c’est l’indignation sélective de ces deux ressortissants français, aujourd’hui sous la protection de l’Hexagone. Sylvia et Noureddin accusent la junte actuelle d’atteintes aux droits humains. Mais sous leur règne, combien d’opposants ont-ils été emprisonnés sans jugement ? Combien de médias fermés, de syndicats bâillonnés, d’exilés condamnés au silence ? Le duo dénonce aujourd’hui ce qu’il a mis en œuvre hier : l’emprisonnement sans procès, le mépris du droit, la confiscation du débat public.
Une opération de com mal inspirée
Derrière ce grand déballage médiatique, le but est clair : regagner en crédibilité sur la scène internationale, faire basculer l’opinion française, engager des procédures contre le pouvoir gabonais actuel. Pourtant, aucune ligne de leur texte n’exprime le moindre regret pour les quatorze années de gouvernance chaotique et prédatrice qu’ils ont incarnée. Tout est renversé : les puissants d’hier se peignent en résistants. L’élite exilée tente de réécrire l’histoire, en supprimant les chapitres de souffrance du peuple gabonais.
Cette opération de communication peut peut-être faire mouche à Paris, mais au Gabon, la mémoire des faits reste vive. Les blessures sont encore ouvertes, les comptes bancaires publics encore vides, les écoles et hôpitaux encore sinistrés. Le peuple n’a pas oublié. Et si Sylvia et Noureddin cherchent aujourd’hui à blanchir leur nom, ils ne laveront pas si facilement les cicatrices de tout un pays.
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