Drame

Port-Gentil : Une jeune fille de 18 ans se donne la mort, victime de violences familiales répétées

Port-Gentil : Une jeune fille de 18 ans se donne la mort, victime de violences familiales répétées
Port-Gentil : Une jeune fille de 18 ans se donne la mort, victime de violences familiales répétées © 2025 D.R./Info241

À Itonda, dans le 3ᵉ arrondissement de Port-Gentil, une jeune fille de 18 ans s’est donné la mort après plusieurs années de violences familiales. Brillante bachelière, elle rêvait de poursuivre ses études universitaires, mais se serait heurtée à l’autorité brutale de son père, commerçant malien, qui l’aurait contrainte à travailler dans sa boutique. Ce drame, marqué par des accusations de maltraitance et une enquête jugée bâclée, ravive le débat sur le sort des adolescentes victimes de violences domestiques au Gabon.

Moov Africa
Publicité
Remed Health | Medical & Health Tourism Services

Connue pour son intelligence et sa détermination, A.D.M. avait obtenu son baccalauréat scientifique en 2023. Elle rêvait de poursuivre ses études universitaires afin d’offrir un avenir meilleur à sa famille. Mais ce rêve s’est heurté à l’autorité inflexible de son père, un commerçant d’origine malienne, qui voyait en elle une simple gérante pour sa quincaillerie. « Son père ne voulait pas qu’elle continue ses études. Il disait qu’elle devait se concentrer sur son magasin », confie à Info241 un voisin encore bouleversé.

Un climat de peur et de violence

Derrière les murs de la maison familiale, la jeune fille subissait, selon plusieurs témoins, des violences physiques et psychologiques quasi quotidiennes. « Il la battait souvent, parfois devant les clients. Il l’humiliait, l’accusait de vol, criait sur elle sans raison », raconte un proche sous couvert d’anonymat.

Ce climat de tension constante aurait profondément fragilisé A.D.M., déjà affectée par les violences que subissaient ses mères. Prisonnière d’un foyer où la peur était devenue la norme, elle aurait fini par sombrer dans le désespoir. Le jour du drame, elle aurait avalé du poison (Rat Stop) sous le regard impuissant de sa petite sœur. Transportée d’urgence à l’hôpital, elle a rendu l’âme quelques instants plus tard.

Des zones d’ombre et un sentiment d’injustice

Interrogé puis relâché, le père a justifié le geste de sa fille en l’accusant d’avoir volé 600 000 F CFA pour financer ses études, une version que les habitants du quartier jugent invraisemblable. « Elle n’avait jamais quitté la boutique. À quel moment aurait-elle pu voler ou fréquenter quelqu’un ?  », s’interroge Bruny Assengone, une voisine.

D’autres dénoncent la rapidité avec laquelle l’autorisation d’inhumer le corps a été délivrée, sans qu’une enquête approfondie ne soit ouverte. Selon certaines sources, la victime aurait laissé une lettre expliquant les raisons de son geste, dont l’existence n’a pas encore été confirmée par les autorités.

Un fléau encore tabou au Gabon

Ce drame met en lumière un phénomène encore trop fréquent au Gabon : la maltraitance des filles dans le cadre familial, souvent tue par honte ou par peur des représailles. « Les filles sont battues, humiliées ou mariées de force, et les mères, elles-mêmes victimes, se taisent. C’est un cercle de douleur qu’il faut briser », confie Ibrahim, un habitant du quartier.

Dans de nombreuses familles patriarcales, les jeunes filles sont privées d’éducation et de liberté de choix, soumises à l’autorité d’un père ou d’un mari. Le poids des traditions, la dépendance économique et la domination masculine transforment souvent les foyers en prisons silencieuses.

Un appel à la responsabilité collective

Le décès de cette adolescente devrait interpeller les autorités, les éducateurs et les associations de défense des droits de l’enfant. Car derrière ce cas isolé se cache une réalité plus vaste : celle d’une jeunesse brisée par la violence domestique. La société gabonaise ne peut plus détourner le regard. Protéger les enfants contre la maltraitance, c’est défendre leur droit à la dignité, à l’éducation et à la vie.

@info241.com
Moov Africa

Commenter l'article