Port-Gentil : Des agents municipaux sans contrat, dénoncent des années de précarité et de mépris
Ce vendredi un mouvement d’humeur a ébranlé la capitale économique gabonaise au sein de sa municipalité. Des travailleurs temporaires de Port-Gentil ont dénoncé la marginalisation dont ils sont victimes depuis 5, 6, voire 10 ans. Payés en espèces à hauteur de 100 000 FCFA, ils ont travaillé sans contrat pendant des années.
Ce 8 novembre, vers 8 heures du matin, un groupe de travailleurs temporaires des quatre arrondissements de Port-Gentil, notamment ceux du service technique, a organisé un mouvement d’humeur devant la mairie centrale. Ils réclament une meilleure reconnaissance professionnelle après des années de travail saisonnier sans contrat. Cette mobilisation visait à interpeller le délégué spécial de Port-Gentil, le général Pierre Rizogo Rousselot, et le directeur du personnel, Ulrich Nkoma, sur leur situation de laissés-pour-compte.
Salaires dérisoires et conditions précaires dénoncés
« Assis à la maison, nous n’arrivons pas à scolariser ni éduquer nos enfants, et vous voulez que nous votions oui au référendum ? Jamais ! Ils nous payent 100 000 FCFA en espèces, un montant dérisoire, en dessous du SMIG », déplore à Info241 Roslaine Madelaine Onanga Charbonnier, responsable du collectif. Ils revendiquent un meilleur traitement et dénoncent des salaires dérisoires, des licenciements abusifs, ainsi que le non-respect du Code du travail. Se considérant comme des employés de l’hôtel de ville de Port-Gentil, ils imputent à la mairie leurs conditions précaires, leurs contrats peu orthodoxes, et le mauvais traitement subi depuis des années.
Une vue de leur grogne devant l’hôtel de ville
« La ville de Port-Gentil est entretenue par le service technique que nous représentons. Nous voulons travailler, et nous n’allons pas arrêter parce que la mairie reconnaît certaines personnes et pas nous », prévient Roslaine Onanga Charbonnier. Ces travailleurs ont été engagés sous les mandatures de Bernard Apérano et Gabriel Tchango. Plusieurs d’entre eux, motivés par des raisons sociales, ont accepté de travailler sans contrat pour un salaire de 100 000 FCFA. « On nous fait faire des rotations pendant que de nouvelles personnes sont embauchées, mais pas nous. Nous réclamons notre travail et les années perdues ; nous ne voulons plus rester chez nous », ajoute-t-elle.
Des emplois saisonniers détournés par les élus
À l’origine, ces postes étaient destinés aux jeunes scolarisés pour les aider à financer leur rentrée scolaire. Cependant, des responsables politiques des mandats précédents ont remplacé ces jeunes par leurs proches. « J’ai commencé à la mairie en 2019, dans les caniveaux, sans équipement de protection. Cela fait 5 ans que nous n’avons même pas de suivi médical. Nous soulevons les dalles sans gants, bravant les intempéries », critique Alvin Ossewa.
La banderole revendicatrice de ces agents
Une réunion de crise, dirigée par la déléguée spéciale adjointe Marie Stéphanie Niguiessi, a permis de débattre de leurs revendications, mais sans aboutir à un accord. « Rien n’a été conclu, et nous n’avons pas eu gain de cause. Elle nous a dit qu’ils ne sont pas là pour réparer les erreurs du passé. Nous restons mécontents car notre situation n’a pas été réglée », a déclaré Roslaine Onanga Charbonnier.
La mairie conteste la responsabilité de ces travailleurs
Contactée par Info241 pour équilibrer l’information, la mairie de Port-Gentil affirme en coulisse que les grévistes ne font pas partie de ses effectifs. « La responsabilité revient à ceux qui nous ont fait travailler pendant 5, 6, ou 10 ans ; c’est à eux d’assumer. Elle a confirmé que le CTRI ne peut pas prendre cela en charge », ajoute-t-elle.
La rencontre avec les autorités
Malgré l’impasse, les travailleurs temporaires, qui estiment que leurs droits ont été bafoués, annoncent une marche pacifique dans Port-Gentil. « Nous allons organiser une marche pacifique pour revendiquer un progrès stable. Nous ne voulons rien casser, mais nous demandons que l’inspection du travail nous reçoive et que notre situation soit entendue par les autorités compétentes », conclut Roslaine Onanga Charbonnier.
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