Naissance d’un nouveau parti présidentiel au Gabon : jour de vérité ce samedi matin à Petit-Paris

Ce samedi 5 juillet au Palais des sports de Libreville, dans le quartier populaire de Petit-Paris, la scène politique gabonaise va accueillir un événement majeur : la naissance officielle du parti présidentiel de Brice Clotaire Oligui Nguema. Près de trois mois après sa large victoire à l’élection du 12 avril et sa prestation de serment le 3 mai, scellant le passage du Gabon à la Ve République, le tombeur du régime d’Ali Bongo engage désormais la structuration de sa majorité politique. L’évènement est prévu débuter dès 9h00 et devrait s’étendre toute l’après-midi.

Conçu comme le bras politique de la nouvelle République, le futur parti est attendu comme le catalyseur du changement promis. L’ambition affichée : tourner définitivement la page du Parti démocratique gabonais (PDG) et des méthodes qui l’ont accompagné, pour faire émerger une formation moderne, inclusive et crédible. Plusieurs sources évoquent une organisation inspirée des standards contemporains : coordination nationale, antennes dans la diaspora, cellules locales, et un directoire à la fois exécutif et soumis à des mécanismes de contrôle interne.
Des attentes fortes des gabonais
Sur Facebook, de nombreux internautes ont partagé leurs attentes, critiques et espoirs à la veille de cette Assemblée générale constitutive. « L’Assemblée générale de demain devrait être avant tout un moment de clarification et d’alignement autour d’une vision éclairée, ambitieuse et structurante », écrit Phernel Ossibato Lindzondzo, qui appelle à un parti ancré dans l’unité, la créativité des jeunes et la sagesse des anciens. Il plaide pour une structure solide et une éthique politique forte : « Bâtir, unité et exemplarité doivent être notre credo ».
Une vidéo des organisateurs
Un message largement partagé. Shan Chita réclame « des personnes intègres à la direction », tandis que Juvenal Moubamba Tengo insiste : « Pas de copinage, ni de directoire familial ». Il exige une place centrale pour la jeunesse et prévient : « Tous ceux de plus de 40 ans doivent se reposer ». Plus engagée encore, Gliyane Ekovone espère une « dynamique nouvelle fondée sur l’engagement de la jeunesse et des solutions disruptives ». Pour elle, le parti doit être une force d’innovation, adoptant les outils technologiques, l’intelligence collective, et plaçant la justice sociale au cœur de son action.
Méfiances, critiques… et exigences
Si l’enthousiasme est réel, certaines contributions trahissent une méfiance persistante. Plusieurs internautes mettent en garde contre une reprise en main du parti par d’anciens cadres du PDG. « Nous ne voulons pas voir les anciens pédégistes nous envahir dans notre parti », lancent notamment Anicet Le Gouverneur et Alca Ballay.
Des revendications très concrètes émergent également : transparence financière, mandats limités à deux ans, alternance dans les responsabilités, et un rejet catégorique de la « politique du ventre ». D’autres, plus pratiques, réclament des bus pour le transport, des tee-shirts ou des éclaircissements sur le protocole d’accès au stade. « Nous voulons des hommes et des femmes engagés pour l’intérêt de tous les Gabonais », résume Mirvy Manomba, qui questionne également l’usage des frais d’adhésion perçus ces derniers mois.
Vers quel projet politique ?
Plus qu’une simple formalité, la naissance de ce parti pose la question de son ancrage territorial, de sa capacité de mobilisation, et de son rôle dans le nouvel équilibre des forces. Sera-t-il un parti de masse ou un mouvement resserré autour de l’élite dirigeante ? Quelles figures y prendront place ? Comment s’articulera-t-il avec les institutions en place, alors que les grandes réformes du quinquennat sont en cours de préparation ?
La société gabonaise, marquée par de profondes attentes en matière de justice sociale, de lutte contre la corruption et de développement local, observera de près les discours et les signaux envoyés ce samedi. Car au-delà du symbole, ce congrès inaugural est un test politique pour Brice Clotaire Oligui Nguema : celui de passer d’un pouvoir conquis dans les urnes à un pouvoir structuré, organisé, durable.
@info241.com
