Mairie de Libreville : Quand la municipalité s’adonne au racket des petits commerçants !
Il est désolant d’assister impuissamment aux contrôles des taxes et autres services d’hygiène déployés à travers la capitale gabonaise par la mairie centrale de Libreville. Plutôt que d’exercer selon les strictes recommandations de l’édile du parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir depuis 1968) de Libreville, Eugene Mba, des groupes d’hommes et de femmes, à bord de pick-up, se livrent à une véritable vendetta sur le terrain.
À son arrivée à la tête du conseil municipal de Libreville, Eugene Mba, le successeur de Léandre Nzué, avait suspendu toute opération de prélèvement des taxes que son institution opère quotidiennement auprès des petits commerçants exerçant pour la plupart dans l’informel. Salutaire, cette mesure faisait croire à certains analystes que le nouveau maire voulait se donner une bonne visibilité pour mieux entamer son mandat en tenant dans ses mains, un contrôle absolu des mécanismes ainsi que des flux financiers très importants qui alimentent son institution.
C’est reparti !
Seulement voilà, une fois reprise, les opérations de recouvrement des taxes n’ont rien changé dans le fond. Si tant est qu’en terme d’effectifs, quelques anciens membres faisant partie de ces équipes se sont vus, soit sommés de justifier l’apparition de leurs noms dans les effectifs pléthoriques de l’Hôtel de ville de la capitale, quand certains autres en ont été retenus soit, grâce à leur ancienneté, soit grâce à l’intervention certains gros bonnets du parti au pouvoir. Mais sur le terrain, c’est à une véritable vendetta à laquelle se livrent ces agents, vis-à-vis des petits commerçants, vendant en général en bordure de chaussée.
Une équipe municipale ici en intervention
Empalés à bord de pick-up blanc, au mépris des mesures sanitaires qui n’existent plus que de nom au Gabon, une dizaine d’individus est menée par un chef d’équipe. Stratégie bien huilée : surprendre les vendeurs et vendeuses. Faire intrusion dans leur commerce en exigeant expressément un document qu’ils savent d’avance indisponible. Sur le coup, le chef d’équipe se montre intransigeant au point d’ordonner à ses lieutenants d’embarquer bouteilles de lait caillé, cuisses de poulet braisées, sandwiches prêts à être mangés et même, jusqu’aux barbecues.
Le jeu du chat et de la souris
Face à eux, une résistance ne tarde pas à émerger. Entre commerçantes en règle et d’autres qui savent comment fonctionnent ces « faux nerveux », la tension monte. Alors que tout est déjà embarqué et que le chef au volant fait semblant de démarrer, un de ses compagnons se détache et s’approche des commerçants en grogne. C’est visiblement lui le chargé de la médiation. « Est-ce que tu as vu le chef ? Vas lui parler, ma sœur. Tu es un peu trop chaude. Calme-toi. On finira par s’arranger », intime t-il à une commerçante, puis à une autre, et un autre encore.
En un laps de temps, la cabine du chef nerveux est assaillie. Et curieusement, après quelques échanges accompagnés de quelques petites entrevues auxquelles ils enjoignent discrètement quelques petits billets, le tour est joué. Les saisies redescendent du véhicule qui quitte les lieux quelques minutes plus tard. Ce rituel bien connu est quotidien dans la capitale gabonaise comme ici au rond-point de Nzeng-Ayong (6e arrondissement de Libreville).
Des pratiques qui ont fini par faire de l’administration gabonaise, un véritable tissu troué de partout, tant la corruption est omniprésente au point que ces serviteurs véreux de l’État ne se gênent même plus de l’exposer en plein jour, devant l’importante communauté étrangère qui vit sur le sol gabonais. Une honte nationale, en somme.
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