Législatives 2025 : le PDG dénonce des fraudes massives et menace de boycotter le second tour

Pourtant allié du nouveau pouvoir gabonais, le Parti démocratique gabonais (PDG) a sorti les griffes ce jeudi 2 octobre, en pleine tourmente provoquée par les résultats controversés des législatives et des locales. Dans une déclaration musclée lue par sa secrétaire générale, Angélique Ngoma, l’ancien parti au pouvoir a dénoncé des « irrégularités massives » qui, selon lui, ont transformé les scrutins du 27 septembre en véritable « mascarades électorales ». Le PDG estime que le scrutin a été biaisé par des pratiques frauduleuses orchestrées pour avantager le camp présidentiel, arrivé en tête. Pour ses dirigeants, ce rendez-vous démocratique a été détourné de son objectif initial et vidé de sa substance. Le parti pose des conditions strictes pour confirmer la participation de ses candidats au second tour prévu le 11 octobre.

Un procès au vitriol
La secrétaire générale du PDG a dressé un réquisitoire sévère contre l’organisation électorale. « Ces scrutins, qui auraient dû marquer une étape décisive vers la consolidation de notre système démocratique, ont été ternis par des irrégularités graves », a martelé Angélique Ngoma. Elle a cité pêle-mêle la distribution tardive des cartes d’électeurs, l’absence de bulletins de vote, la transhumance organisée et surtout la délivrance « massive et frauduleuse » de procurations. Selon elle, ces dérives portent atteinte à la transparence, à l’intégrité et à la sincérité du scrutin.
Irrégularités dénoncées par le PDG lors des scrutins du 27 septembre 2025
Catégorie | Irrégularités relevées |
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Organisation des bureaux de vote | Désignation partisane des membres des commissions et scrutateurs ; absence de bulletins de vote ; absence d’isoloirs conformes ; démarrage tardif des opérations. |
Listes et cartes électorales | Distribution tardive des cartes d’électeurs ; affichage incomplet ou retardé des listes d’électeurs. |
Procurations | Délivrance massive et irrégulière des procurations ; utilisation frauduleuse au mépris du Code électoral. |
Centralisation des résultats | Refus de remise des procès-verbaux aux représentants de candidats ; intrusions de candidats dans les bureaux de vote. |
Violences et fraudes | Actes d’intimidation et de destruction du matériel électoral ; transhumance massive d’électeurs ; corruption électorale. |
Le PDG est allé plus loin en dénonçant une véritable profanation du suffrage universel. « Les urnes, sanctuaires de la souveraineté citoyenne, ont été profanées », a dénoncé la responsable politique. À travers ces mots, le parti accuse le pouvoir en place de vouloir confisquer la volonté populaire. Le PDG prévient que ces dysfonctionnements compromettent dangereusement la crédibilité de la Ve République. Pour lui, les résultats actuels sont le fruit d’un processus électoral faussé dès le départ.
La cible : le ministère de l’Intérieur
Le parti a clairement désigné un responsable de ce fiasco électoral. Dans son viseur, Hermann Immongault, ministre de l’Intérieur et président de la CNOCER, accusé d’avoir failli à ses obligations. « La délivrance irrégulière et massive des procurations par les commissions électorales, mission dévolue au ministère de l’Intérieur, est une honte nationale », a accusé la déclaration. Le PDG estime que ces irrégularités ne relèvent pas du hasard mais d’une stratégie politique délibérée.
L’intégralité de la déclaration du PDG
La formation politique refuse que sa responsabilité soit engagée dans ce qu’elle considère comme une manipulation orchestrée. « Nous affirmons avec force que le Parti démocratique gabonais ne saurait être tenu responsable de cette défaillance », a insisté Angélique Ngoma. Le parti juge que le régime actuel tente de se fabriquer une légitimité en tordant les règles du jeu démocratique. Ce discours dur marque une rupture nette avec la ligne conciliante adoptée par le PDG au début de la transition. Il montre aussi la volonté du parti de redevenir une force de contestation majeure.
Le PDG brandit la menace
La déclaration du PDG n’a pas seulement été un acte d’accusation, elle a aussi contenu une mise en garde. Le parti a menacé de boycotter purement et simplement le second tour si ses conditions ne sont pas respectées. « La participation de nos candidats ne peut survenir que si les conditions de transparence, d’intégrité et d’équité sont rétablies et garanties », a insisté le communiqué. Pour les responsables, il s’agit de préserver la dignité du scrutin et d’empêcher qu’il ne soit définitivement discrédité.
Le PDG a exigé plusieurs mesures fortes avant la reprise du processus électoral. Parmi elles figurent la suspension pure et simple des procurations lors du second tour du 11 octobre. Le parti exige aussi la désignation de scrutateurs impartiaux et l’application stricte de sanctions contre les fraudeurs. Pour lui, sans ces garde-fous, le second tour ne serait qu’un prolongement des fraudes du premier. Et dans ce cas, ses candidats pourraient se retirer en signe de protestation.
Un parfum de revanche
À travers cette sortie, le PDG tente aussi de rappeler son rôle historique dans la vie politique gabonaise. Le parti affirme qu’il avait accompagné la transition dans l’espoir de tourner la page des crises post-électorales. Mais aujourd’hui, il accuse le régime d’avoir replongé le pays dans une logique de tricheries massives. « La Ve République ne peut s’enliser dans l’anarchie électorale », a prévenu le communiqué. Ce ton démontre la volonté du PDG de redevenir un acteur central de la contestation démocratique.
La secrétaire générale du parti a conclu son allocution sur un ton menaçant et solennel. « Que chacun sache que nous n’accepterons pas que les résultats issus de ces fraudes passent comme une lettre à la poste », a averti Angélique Ngoma. Ce message vise directement les autorités électorales et le gouvernement. Pour le PDG, il est hors de question de laisser le second tour se dérouler dans les mêmes conditions que le premier. Et la menace d’un boycott reste désormais sur la table.
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