Front social

Grève à N’tchengué : la direction de l’hôpital et les syndicats à couteaux tirés sur 4 primes impayées

Grève à N’tchengué : la direction de l’hôpital et les syndicats à couteaux tirés sur 4 primes impayées
Grève à N’tchengué : la direction de l’hôpital et les syndicats à couteaux tirés sur 4 primes impayées © 2025 D.R./Info241

Le torchon brûle depuis ce lundi 3 novembre entre la direction générale du Centre hospitalier régional de N’tchengué et le Syndicat national du personnel de santé (SYNAPS) soutenu par le Syndicat des médecins et fonctionnaires du Gabon (SYMEFOGA). Ces partenaires sociaux réclament la revalorisation de la prime de garde, le paiement de la prime tout venant, le relèvement du plateau technique et l’habillement du personnel. Des points balayés du revers de la main par la direction générale, au regard de ses investissements impulsés depuis deux ans et visant à moderniser cette structure sanitaire publique.

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Des revendications multiples et persistantes

Les syndicats ont relevé des irrégularités au sein de cette structure sanitaire de la capitale économique gabonaise. Ils avaient tenu une assemblée générale décisionnelle durant laquelle ils ont fait ressortir l’absence de matériel de première nécessité, le manque d’habillement du personnel en blouses et combinaisons, ainsi que la nécessité de revaloriser les primes de garde pour les services d’urgences, notamment la néonatalité, la maternité et la réanimation.

Une vue du piquet de grève

« Nous estimons que ces primes de garde doivent changer. Nous demandons une réévaluation de ces primes et que l’hôpital trouve une prime spécifique aux services d’urgence. Tous ceux qui sont dans ces différents services ne font pas le même travail, donc chacun doit être honoré à sa juste valeur », réclame le SG provincial du SYNAPS, Gildas Akame. Aussi, dans leurs points de revendication, cette centrale syndicale réclame le paiement intégral de huit mois d’arriérés de primes de quotes-parts tout venant. Les grévistes exigent surtout le paiement sans détour de treize mois d’arriérés de primes liées à la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS).

Dialogue social et médiation provinciale

« Tout patient, quand il vient, génère un retour que la direction doit nous faire à la fin de chaque mois. L’hôpital nous doit aujourd’hui treize mois. Cela a poussé le personnel à prendre des décisions pour sortir de cette précarité », fustige Gildas Akame. Au terme de leur AG, le préavis de grève, qui courait sur une période de douze jours, avait été déposé auprès du directeur du CHR de N’tchengué pour information. Le préavis de grève expirant le 26 septembre dernier, le Syndicat national du personnel de santé (SYNAPS), tout comme le Syndicat des médecins et fonctionnaires du Gabon (SYMEFOGA) et la direction de cette unité de soins publics, se sont retrouvés autour d’une table pour discuter des points querellés.

Une banderole commune des deux syndicats

« Concernant les revendications, il nous a dit qu’il n’applique que ce qui est en conformité avec les textes. Il ne peut rien inventer. Or, ce ne sont pas des textes figés  », informe le SYNAPS. Fort de tout ce qui précède, la gouverneure de la province de l’Ogooué-Maritime, prônant la paix, la sérénité et le vivre-ensemble, a décidé de rencontrer toutes les parties afin de trouver une issue positive à cette situation. De ces échanges, une information était parvenue aux partenaires sociaux du CHR de N’tchengué : les primes CNAMGS étaient dans le circuit de paiement. Ce qui a conduit le SYNAPS et le SYMEFOGA à tenir une énième assemblée afin de suspendre leur mouvement pour une durée maximale de deux semaines (du 1er au 15 octobre).

Un règlement partiel mais insuffisant

Pour ce qui est du chèque lié aux primes CNAMGS, il ressort qu’il concernait le règlement des prestations de toutes les structures sanitaires de la province de l’Ogooué-Maritime. « Dans le chèque, il y a un montant de 136 millions qui a été versé à l’hôpital de N’tchengué. Dans la clé de répartition, nous avons pu obtenir deux mois de paiement, il en reste onze impayés. Pour les quotes-parts tout venant, on a reçu trois mois », reconnaît-il. Depuis lors, l’hôpital tourne au ralenti et ne reçoit que les patients externes et ceux des services d’urgence. « On ne reçoit que les urgences vitales, pas plus  », précise le gréviste Gildas Akame.

Un personnel en colère

Or, la position de la direction générale de N’tchengué est plus participative et sociale. Interrogé sur le sujet, le directeur général, Dr Jonas Mboumba, a préféré laisser parler les faits. Il rappelle qu’en deux ans à la tête de cette structure sanitaire, autrefois minée par des détournements massifs, le CHR de N’tchengué se porte mieux. En deux ans, pour satisfaire les besoins du bloc opératoire, deux lits ont été achetés, ainsi que des lavoirs, des splits, des autoclaves, des scopes et vingt-cinq tambours. S’y ajoutent la mise en place de la coloscopie, la distribution de nombreux tabliers et paires de bottes, et la création d’une salle de réveil de cinq lits, ainsi que quatre lits supplémentaires en réanimation.

Des investissements salués mais contestés

Pour le laboratoire, trois automates ont été récemment achetés, tout comme une table de prélèvement de sang, avant la construction du bâtiment abritant la banque de sang. En radiologie, l’hôpital s’est doté de quatre échographes Philips de dernière génération, d’une mammographie numérique et d’un scanner. Le service de stomatologie a reçu un fauteuil et une échographie dentaire neufs.

En deux ans, la direction générale de l’hôpital de N’tchengué s’est également dotée d’une machine à laver capable de nettoyer plus de 50 kg de linge en 45 minutes, d’un incinérateur, d’un forage d’eau pour l’hémodialyse, d’une unité de remplissage d’oxygène, d’un groupe électrogène de 715 kVA et de vingt-huit poteaux solaires pour renforcer l’éclairage public. « Tout ceci, c’est pour permettre à l’hôpital de travailler convenablement. Comment, avec tout ça, peut-on dire qu’on rentre en grève pour relever le plateau technique ?  », s’interroge le directeur général, Dr Jonas Mboumba.

Des efforts de redressement reconnus

Pour ce qui est des revendications, il y a deux ans, l’hôpital devait à ses agents plus de deux ans de primes CNAMGS impayées, huit mois de primes de garde, dix mois de primes de fonction et d’astreinte, quatre trimestres d’impayés à la CNSS et trois mois d’arriérés de salaires. Aujourd’hui, aucun agent ne se plaint d’un retard de salaire, d’un souci avec la CNSS, ni d’une prime de garde impayée.

« Combien de structures sanitaires habillent leur personnel ? Sur l’habillement, c’est prévu dans notre plan d’action pour l’année prochaine, en guise de cadeau. Il n’existe aucune loi qui fixe les primes de garde. S’il y en a une, qu’on me la présente, et si nous sommes en dessous, nous ferons l’effort de nous améliorer. Nous ne devons que six mois de primes tout venant contre vingt-quatre auparavant, et onze mois de primes CNAMGS. Ce n’est pas de notre fait, c’est un problème général au Gabon  », reconnaît Dr Jonas Mboumba.

En revanche, chose étrange dans cette affaire : le SYNAPS et son collègue du SYMEFOGA ne revendiquent pas ces points dans les autres structures sanitaires de la province de l’Ogooué-Maritime, telles que l’ancien hôpital, Omboué ou Gamba, pour lesquelles ils sont pourtant les représentants du personnel. En concentrant leur action sur le CHR de N’tchengué, tout porte à croire que leur « acharnement » ne saurait se justifier au regard des efforts d’amélioration constatés dans cet hôpital public.

@info241.com
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