Empêchez-les d’écraser à nouveau les Gabonais·es par la répression de nos libertés !
Dans cette tribune libre, le citoyen Jovanny Moubagna exhorte le président du CTRI, par ailleurs président de la transition du Gabon, à ne pas céder à la tentation de la dictature et à protéger l’Etat de droit dans le pays. Une invite au regard des derniers développements de l’actualité gabonaise.
Le combat pour la liberté, la démocratie et l’État de droit se poursuivra sans relâche, nonobstant les insultes et diffamations des partisans de la junte illégale et illégitime au pouvoir. C’est un fait ! En effet, les arrestations qui secouent le pays, les kidnappings, les détournements de deniers publics, les mutilations de citoyens gabonais, la répression et l’oppression des libertés et droits fondamentaux, m’incitent à sortir prématurément de la période d’observation que je m’étais imposée.
À quel titre ?
Des décisions récentes du nouveau régime révèlent des tendances inquiétantes dans la gestion de nos institutions. Il est de mon devoir, en tant que citoyen engagé et intellectuel, de sonner l’alarme et d’inviter le président de la République à ne pas céder à la tentation de la dictature. NON !
« Tout homme d’État raisonnable prend conseil auprès d’experts opposés, car il doit voir la question sous tous ses aspects. Il doit arriver à se faire une opinion et cette opinion est un phénomène mystérieux. En elle s’exprime l’esprit public », déclarait avec éloquence Hannah Arendt.
Quand un président de la Transition, chef de l’État, par son silence assourdissant, laisse les interpellations arbitraires se perpétuer, il viole délibérément son serment constitutionnel et se couvre d’indignité.
La répression silencieuse
Le dépit, la résilience et la résignation sont des réactions face à la violence tant que celle-ci frappe l’autre. L’injustice, l’autoritarisme, l’oppression et l’excès de pouvoir conduisent aujourd’hui à priver de liberté une personne qui pense le contraire de ce qui se dit haut, à enlever et faire disparaître une personne et/ou la déporter où l’on veut sans que rien ne se passe, à déférer une personne devant un juge et/ou un procureur qui la placera infailliblement sous mandat de dépôt.
Le Gabon se meurt progressivement, puisque plus personne ne veut parler de choses et d’autres, sans jamais dire le contraire de ce qui est abondamment mais inapproprié. Le pays est à terre lorsque ce sont seulement dans les cabinets de médecins, seuls endroits sûrs et protégés où l’on peut désormais se confier, que l’on trouve un refuge. Le procureur, devenu plus patriote que jurisconsulte, est aussi estomaqué par le silence des journalistes. Et le juge, prêt à dire le droit, le fait seulement sous la dictée de la baïonnette pointée.
Un appel au président de la Transition
Non, Monsieur le Président de la Transition ! La fonction présidentielle vous dépasse. Les charges d’État vous ont montré inapte à gérer les tortures et kidnappings perpétrés par une armée qui sème la peur chez les citoyens.
Les maux qui écrasent le peuple gabonais
Le peuple gabonais est écrasé par la faim, la démagogie, le populisme, les détournements de fonds publics, la mauvaise gouvernance, la méconnaissance notoire des procédures de passation des marchés publics, les promesses chimériques et vos infidélités constitutionnelles. La restauration des institutions, l’organisation des élections libres et transparentes et le retour du pouvoir aux civils sont des engagements non tenus. Le peuple a été trompé encore et encore !
« Le coassement et le gonflement du crapaud du marigot n’impressionnent jamais le bœuf assoiffé. Ce dernier finit toujours par s’y abreuver en grand conquérant de la liberté de vivre » disait mon grand-père.
Jovanny Moubagna, étudiant en master recherche droit public, citoyen engagé et président de SOS Gabon
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