Sur la paille, les ex agents d’Orama Consulting de Nourredin Bongo implorent Brice Oligui Nguema
Le coup de libération du Gabon du 30 août dernier a eu des répercussions pour certains travailleurs affiliés aux personnalités déchues. Parmi eux, ceux d’Orama Consulting, un cabinet de chasseurs de têtes dirigé par le fils de l’ancien président gabonais, Nourreddin Bongo, jeté en prison. Dans une lettre ouverte adressée au président de la transition le 22 avril dernier, dont Info241 a reçu une copie, une quarantaine de familles gabonaises se retrouvant sans emploi réclament justice, se sentant abandonnées dans le tumulte de la transition.
En effet, depuis le changement de régime, les activités de ce cabinet ont été interrompues sans que ses employés ne reçoivent de notification officielle de licenciement. Cette situation rend difficile certaines démarches administratives, notamment pour justifier leur statut de "Gabonais Économiquement Faible" auprès de la CNAMGS, soulignent les anciens employés d’Orama Consulting, dont la structure était en contrat avec la Présidence gabonaise.
Le logo de cette structure dont les employés sont sur le qui-vive depuis 8 mois
« Qu’il nous soit permis de porter à Votre Très Haute Connaissance que, non loin de vous, erre désormais une quarantaine de familles gabonaises, qui comptent des cadres dignes et compétents décontenancés, des femmes enceintes, des personnes vulnérables, un malade souffrant d’une insuffisance rénale aigue etc », indique le collectif dans sa lettre ouverte, mettant en évidence la gravité de leur situation.
C’est dans ce contexte qu’ils en appellent au président de la transition, sollicitant son intervention pour que leurs droits soient respectés. Ils espèrent ainsi pouvoir rembourser leurs dettes contractées pour leur subsistance immédiate et envisager la création de petites activités afin de retrouver leur dignité de citoyens gabonais. La rédaction d’Info241 vous livre ci-dessous l’intégralité de cette lettre ouverte.
Lettre ouverte la Très Haute Attention de Son Excellence Monsieur le Président de la République, Président du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), Chef de l’Etat
Excellence Monsieur le Président de la République, Président du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), Chef de l’Etat
Dans un contexte de contestation des résultats de l’élection présidentielle, le monde entier apprenait au petit matin du 30 août 2023, l’annulation des élections, la dissolution des institutions et la mise en place d’un Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI).
Cet acte patriotique inédit, conduit héroïquement par nos Forces de Défense et de Sécurité a trouvé l’adhésion spontanée du peuple gabonais, qui n’aspirait qu’au respect de ses droits fondamentaux.
Ainsi, au lendemain de ce Coup de libération, vous vous êtes résolument engagé sur une trajectoire intègre et constructive de restauration de la dignité du peuple gabonais. Engagement formalisé dans votre discours d’investiture, dans lequel vous faites état de votre ambition de donner à tous des raisons d’espérer une vie meilleure.
À la suite de votre acte de bravoure, le peuple gabonais et la communauté internationale ont été témoin de la vague d’arrestations des hautes personnalités de l’ancien régime, dont l’ex Coordinateur Général des Affaires Présidentielles et ses collaborateurs.
Cependant, la chute de ces autorités, bien que largement acclamée par le peuple souverain, semble avoir eu un impact néfaste sur des citoyens innocents qui exerçaient dans des organisations sous leur gestion. C’est le cas des employés d’ Orama Consulting , un cabinet de mise à disposition des compétences, sous contrat avec la Présidence de la République.
Depuis le changement de régime, il a été mis fin aux activités dudit cabinet et ses employés n’ont reçu aucune notification de cessation d’emploi, rendant ainsi impossible certaines procédures administratives, notamment pour justifier du statut de Gabonais Economiquement Faible auprès de la CNAMGS.
Il parait nécessaire de préciser que, les employés de ce cabinet se sont rendus disponibles pour des enquêtes au cours desquelles certains d’entre eux ont été entendus et détenus, puis finalement libérés, car n’étant pas reconnus coupables d’actes de malversation.
Excellence Monsieur le Président de la Transition, Chef de l’Etat,
Lors de votre discours des vœux à la nation à l’occasion, vous avez appelé résolument à nous inspirer des Saintes Écritures qui prônent l’amour, l’unité et la paix entre les filles et les fils d’une même Nation. Ces écritures qui nous enseignent le pardon et le partage guident parfaitement vos actions au point où vous avez inscrit la promotion des droits humains au menu des axes majeurs de cette période de transition que vous voulez inclusive.
Cependant, qu’il nous soit permis de porter à Votre Très Haute Connaissance que, non loin de vous, erre désormais une quarantaine de familles gabonaises, qui comptent des cadres dignes et compétents décontenancés, des femmes enceintes, des personnes vulnérables, un malade souffrant d’une insuffisance rénale aigue etc. Ces compatriotes qui n’ont eu de tort que d’accepter un contrat de travail régulier se trouvent brutalement mis au chômage sans ménagement et injustement précarisés.
Monsieur le Président, pourquoi la déchéance des autorités précitées devrait-elle de facto entrainer la descente aux enfers de Gabonais parfaitement innocents ? Avoir travaillé pour une structure gérée par Monsieur Nourredin BONGO VALENTIN et ses affidés suffit-il pour jeter l’opprobre sur une partie de Fils d’ouvriers et de paysans qui n’ont été de près ou de loin mêlés au scandale de valises des milliards exposés par la presse locale à la face du monde ?
Qu’avons-nous concrètement fait, pour mériter de croupir sous le poids du stress alimenté par de menaces quotidiennes d’expulsion de nos résidences et d’exclusion de nos enfants pour cumul d’impayés de loyers et de frais de scolarité ? Sommes-nous autant marqués au fer rouge et frappés d’une infamie insoluble au point où nos demandes de réinsertion professionnelle sont restées lettre morte jusqu’à date ?
Tant de questions sans réponses, au moment où vous multipliez des actes de générosité étendus à certaines figures perçues par l’opinion comme responsables, à tort ou à raison, du retard causé à notre beau pays dans son processus de développement. Nous peinons donc à comprendre pourquoi votre sensibilité semble résister à nos multiples demandes d’intervention introduites auprès des services de la Présidence de la République.
C’est en dernière ressource, que nous venons très respectueusement à travers cette lettre ouverte, solliciter votre Très Haute Intervention afin que nos droits nous soient au moins payés. Cela nous permettra d’apurer dans l’immédiat, des dettes contractées pour notre subsistance et de lancer des petites activités pour enfin espérer voir notre dignité de citoyens gabonais restaurée.
Fait à Libreville le, 22 avril 2024
Le Collectif des anciens employés d’Orama Consulting
@info241.com