Tortures et extorsions contre Sylvia et Noureddin Bongo : à qui profite le crime ?
Arrêtés puis incarcérés dans la foulée du coup d’État ayant renversé Ali Bongo, Sylvia et Noureddin Bongo sont régulièrement battus et souvent torturés dans un mélange de sadisme et d’extorsion. À qui cela profite-t-il ?
Les 29 et 30 août 2023, Noureddin et Sylvia Bongo ont été arrêtés lors du coup d’État qui a placé Brice Oligui Nguema à la tête du Gabon. Ce dernier, alors commandant de la Garde républicaine, avait pour mission principale d’empêcher de tels événements.
Dans les heures suivant leur arrestation, des images diffusées à la télévision nationale ont montré Noureddin accompagné de Ian Ngoulou devant des valises remplies de billets, prétendument retrouvées dans l’enceinte de la présidence. Cependant, des témoins oculaires ont confirmé que ces valises n’appartenaient pas à Noureddin et qu’elles avaient été délibérément placées là pour manipuler l’opinion publique.
De son côté, Léa Bongo Valentin, membre de la famille, a publiquement démenti ces accusations en dénonçant une mise en scène grotesque. Elle affirme que ces valises n’ont jamais été retrouvées chez eux et que leur présentation médiatique relève d’une stratégie visant à discréditer Noureddin et Sylvia Bongo.
Tortures et violations des droits humains
Durant leur détention, qui s’est déroulée dans divers lieux, y compris le palais présidentiel, Sylvia et Noureddin Bongo ont été soumis à des traitements inhumains.
Sylvia Bongo, 62 ans, a été régulièrement frappée, étranglée, et battue à l’aide d’un tuyau d’arrosage. Quant à Noureddin, les violences qu’il a subies sont encore plus brutales : fréquemment battu, il a souffert d’une perforation du tympan et a été soumis à des tortures avec un taser. Dans un acte de cruauté extrême, il a été contraint, totalement dénudé, de participer à des combats entre détenus sous la menace d’électrocution.
Extorsion et enrichissement personnel des militaires
Ces actes de violence ne relèvent pas uniquement du sadisme. Les tortionnaires de Sylvia et Noureddin Bongo poursuivent également des objectifs d’extorsion. Sous la torture ou la menace, ils ont forcé leurs victimes à transférer des fonds, vidant ainsi plusieurs comptes bancaires au profit de leurs bourreaux et de leurs supérieurs hiérarchiques.
Un informaticien surnommé « Source », occupant un poste clé à la présidence de la République, aurait joué un rôle majeur dans ces extorsions. Selon des témoignages, il aurait détourné plusieurs centaines de milliers d’euros depuis les comptes de Noureddin Bongo vers les siens, adoptant depuis un train de vie particulièrement fastueux.
Indignation croissante
Face à ces révélations et aux traitements infligés à Sylvia et Noureddin Bongo, une partie croissante de la population gabonaise exprime son désaccord. Beaucoup dénoncent ces pratiques inhumaines et réclament désormais la libération des deux prisonniers.
Si le coup d’État a été initialement perçu comme une libération par certains, les actes de torture et les mises en scène orchestrées pour discréditer la famille Bongo suscitent une profonde remise en question. Ces pratiques, contraires à toute éthique, ternissent l’image du nouveau pouvoir qui a pourtant inscrit dans sa charte le bannissement de tels pratiques.
L’étrange silence de Brice Oligui Nguema
Le silence de Brice Oligui Nguema sur les actes de torture infligés à Sylvia et Noureddin Bongo en dit long. Alors que ces atrocités sont perpétrées par des officiers sous son commandement, il est impératif pour le général de prendre position à ce sujet. Lui et son régime ayant gardé à ce jour le silence face aux nombreuses révélations de la presse nationale et internationale.
Si Brice Oligui Nguema ne condamne pas rapidement ces pratiques et n’ordonne pas une enquête transparente pour sanctionner les coupables , il risque d’être perçu comme un énième général utilisant le prétexte de la « libération » pour mener une chasse aux sorcières contre la famille de l’ancien président Ali Bongo en l’occurrence. Non seulement cela pourrait nuire à sa crédibilité auprès du peuple gabonais, mais également sur la scène internationale, où de nombreux observateurs attendent des signaux clairs en faveur de la justice et des droits humains dont le cas de l’ancienne première dame est il faut bien l’admettre un cas emblématique.
Au nom du peuple, vraiment ?
Le traitement infligé à Sylvia et Noureddin Bongo n’a rien d’une procédure judiciaire légitime. Si la justice doit être rendue au nom du peuple gabonais, ces actes d’extorsion et de violence ne servent que des intérêts personnels, ceux des militaires et de quelques civils bien du sérail.
Le peuple gabonais, qui n’a jamais vu le moindre centime des sommes prétendument récupérées, est une fois de plus utilisé comme justification officielle pour des pratiques contraires aux droits de l’homme. Ces actes révèlent une fracture profonde entre les promesses faites au nom du peuple et la réalité des abus perpétrés sous couvert de « libération ».
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