Sylvia et Noureddin Bongo libérés : le procureur général invoque « le droit à la santé »

Dans une déclaration prononcée ce vendredi à son cabinet, le procureur général près le tribunal de première instance de Libreville, Eddy Minang, a confirmé la mise en liberté provisoire de Sylvia Bongo Ondimba et de son fils Noureddin Bongo Valentin, pour des motifs médicaux. Une sortie pour tenter de tordre ke coup aux rumeurs d’arrangements diplomatiques sous la houlette du président angolais, président en exercice de l’Union africaine, qui a révélé ce jeudi soir l’arrivée de la famille Bongo dans son pays.

Selon le procureur, une information judiciaire avait été ouverte contre treize personnes à la suite d’enquêtes préliminaires. Sylvia Bongo et son fils faisaient l’objet de lourdes inculpations, notamment pour détournement de fonds publics, blanchiment de capitaux, corruption, usurpation de titres, faux et usage de faux, recel, contrefaçon du sceau de l’État, et association de malfaiteurs. Les poursuites s’appuient sur les articles 48, 49, 101, 109-1, 112-3, 115, 116, 117, 133, 193, 194, 312 et 320 du code pénal gabonais.
Chronologie des décisions judiciaires et libérations provisoires
Le 1er février 2024, une première mise en liberté provisoire avait été accordée pour raisons médicales à Jessye Ella Ekogha co-inculpé dans le dossier, sur présentation d’un certificat établi par l’hôpital d’instruction des armées Omar Bongo Ondimba. Puis, le 10 avril 2025, le juge d’instruction a clôturé l’information judiciaire par une ordonnance de non-lieu partiel, de requalification et de transmission des pièces au parquet général. Le dossier a été remis à ce dernier le 28 avril.
La déclaration du procureur général ce matin
C’est le 12 mai que l’avocat de Sylvia et Noureddin, Me Gisèle Eyué Bekalé, a introduit une demande d’élargissement provisoire, arguant de l’état de santé préoccupant de ses clients. Des certificats médicaux émanant du médecin-chef de la prison centrale de Libreville et du médecin-général Jean-Raymond Nzenze de l’hôpital militaire ont été versés au dossier pour appuyer la requête. L’agent judiciaire de l’État ne s’est pas opposé à cette demande, invoquant des considérations humanitaires.
Une décision controversée et des interrogations persistantes
Le mercredi 14 mai, la première chambre d’accusation spécialisée a donc accordé la liberté provisoire à Sylvia Bongo et Noureddin Bongo Valentin, estimant leur état de santé incompatible avec le maintien en détention. Le procureur général a rappelé que cette mesure, conforme aux articles 132 et 143 du code de procédure pénale, ne suspend pas la poursuite normale de la procédure. « Le droit à la santé est un droit fondamental, garanti à tout justiciable, quels que soient les faits reprochés », a-t-il déclaré.
Cependant, la déclaration du magistrat soulève de nombreuses questions. Ni les modalités de contrôle judiciaire des prévenus, ni leur localisation exacte après leur sortie du territoire ne sont abordées. Le parquet général reste muet sur la manière dont sera menée la suite de la procédure alors que les deux principaux accusés sont aujourd’hui hors du pays. Interrogé sur ce point, Eddy Minang a indiqué : « Le dossier suit son cours. La mise en liberté provisoire n’efface pas les charges. »
Procès attendu et transparence annoncée
Malgré ces zones d’ombre, Eddy Minang a assuré que le dossier se poursuivrait jusqu’à la tenue d’un « procès juste, transparent et équitable, dans des délais raisonnables ». Mais sur le terrain, des voix s’élèvent pour dénoncer un traitement de faveur et une érosion de la crédibilité de la nouvelle justice gabonaise, présentée comme réformée et dépolitisée depuis la chute d’Ali Bongo.
Pour l’heure, aucune date n’a été communiquée pour l’ouverture du procès. Le ministère public, tout en insistant sur le respect des droits des prévenus, n’a donné aucun détail sur la manière dont il envisage de faire comparaître des personnes qui sont déjà hors des frontières nationales, donc hors de la juridiction du parquet de Libreville.
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