Sécurité alimentaire au Gabon : L’Agasa sur le fil du rasoir entre ambitions et manque de moyens
La sécurité alimentaire est un enjeu majeur au Gabon, un pays où les défis liés à la qualité des produits alimentaires et à la chaîne de distribution persistent. Dans un entretien accordé à L’Union, Jean Delors Bigoube Bi Ntougou, président du conseil d’administration de l’Agence Gabonaise pour la Sécurité Alimentaire (Agasa), revient sur les ambitions de l’agence, ses contraintes financières et ses priorités dans un contexte marqué par des scandales récents.
En effet, le récent scandale impliquant Foberd Gabon, où plusieurs tonnes de produits alimentaires périmés ont été saisies, a mis en lumière les failles criantes des mécanismes de contrôle. « Ce type de situation montre l’urgence de renforcer nos capacités techniques et logistiques pour prévenir de telles dérives », a souligné Jean Delors Bigoube Bi Ntougou. L’Agasa, qui a participé à la saisie et à l’élimination des produits incriminés, a également insisté sur la nécessité de sanctions plus sévères pour les contrevenants.
Une vision stratégique mais des moyens limités
« Avec un effectif réduit et des moyens financiers modestes, nous nous efforçons malgré tout de répondre à notre mission première », souligne le PCA. L’Agasa s’est engagée dans un travail de longue haleine pour garantir la qualité et la sécurité des produits alimentaires sur l’ensemble du territoire gabonais. Toutefois, les défis demeurent nombreux.
Le PCA de l’Agasa
Jean Delors Bigoube Bi Ntougou insiste sur l’importance des politiques publiques et leur rôle dans l’amélioration de la sécurité alimentaire. À travers des objectifs clairs, l’Agasa vise à contrôler et réduire les risques liés à la consommation alimentaire, en particulier dans un contexte marqué par la précarité des normes de conservation et de distribution.
Des besoins en financement et en ressources humaines
Interrogé sur les moyens disponibles pour atteindre ces ambitions, le président de l’Agasa ne cache pas les difficultés. « Nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir, faute de ressources adéquates », déplore-t-il. Actuellement, l’Agasa dispose d’un budget annuel de moins de 100 millions de FCFA, un montant jugé largement insuffisant face aux enjeux nationaux.
À cela s’ajoute un déficit en ressources humaines qualifiées, l’agence ne comptant que 200 agents permanents, répartis entre Libreville et quelques points stratégiques du pays. Les priorités restent néanmoins claires : renforcer les contrôles alimentaires, moderniser les infrastructures de test et faciliter l’accès aux technologies pour les équipes techniques.
La nécessité d’une modernisation accrue
Pour répondre aux défis contemporains, l’Agasa entend s’appuyer sur l’innovation technologique et des dispositifs adaptés. Parmi les solutions envisagées : le renforcement des laboratoires de contrôle, l’instauration de nouvelles méthodes de test des produits alimentaires, et la mise en place d’une base de données centralisée pour les acteurs de la chaîne alimentaire.
« Il est impératif que toutes les parties prenantes, du producteur au consommateur, participent à cet effort collectif », rappelle Jean Delors Bigoube Bi Ntougou. Face à une demande croissante en produits sûrs et de qualité, il est nécessaire de repenser la gouvernance alimentaire au Gabon pour répondre aux attentes de la population.
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