Projet cosmétique : le programme « Un Jeune = Un métier » de Libreville en question
Le programme tonitruant « Un jeune = Un métier » initié avant l’annonce de la candidature à la présidentielle 2016 d’Ali Bongo a enregistré plus de 6000 candidatures depuis son lancement. Prévu pour accueillir 2 500 jeunes désœuvrés âgés entre 16 et 35 ans selon Arielle-Aurore Ambengat, responsable du comité d’organisation de la caravane d’inscription de cette action qui montre que le gouvernement gabonais s’est mué en expert de projet cosmétique. Au lieu de trouver des solutions idoines pour endiguer le taux de chômage chez les jeunes.
Le programme « Un jeune = Un métier » est une énième vue de l’esprit lancée à coup de matraquage médiatique. Avec un plan média ciblé envers la jeunesse. Après celui sur qui, mal à propos était axé cette fois-ci, sur l’égalité de chances. Deux amorces qui ont fait place à l’annonce empressée de candidature à la présidentielle 2016 d’Ali Bongo. Toutes les deux sont ainsi donc des actions de précampagne électorale.
Un visuel officiel du programme
De ce fait, un autre projet de propagande dont le gouvernement s’enorgueillit d’avoir enregistré plus de 6000 candidatures depuis son lancement. Presque sept ans après des mesurettes financées à coût de milliards. Visant durant le septennat d’Ali Bongo à tordre le cou au chômage des jeunes. Selon le gouvernement « Un jeune = un métier – De l’Existence à l’Emploi » est un programme pilote, destiné à offrir à 2500 jeunes gabonais, des opportunités de formation aux petits métiers, dans plus de 50 filières.
Avec des formations courtes, qualifiantes et gratuites, d’une durée de trois mois, dans les Centres de Formation et de Perfectionnement Professionnels de Nkémbo et du Complexe Basile Ondimba. Ainsi que dans certaines entreprises citoyennes, partenaires des ONG SIFOS et MALACHIE. Elles-mêmes partenaires du Ministère de la Formation Professionnelle et de l’Insertion des Jeunes dans la mise en œuvre de ce programme qui se limite uniquement à Libreville. Vive l’égalité des chances avec des territoires tronqués.
Le gouvernement gabonais bien que surendetté brille de mille feux par une générosité moribonde. Car ces moyens prélevés des caisses de l’Etat pouvaient être injectés pour financer des véritables réformes pour doper l’emploi au Gabon. Ainsi, durant la période de formation, une allocation d’études de cinquante mille (50 000) Francs CFA par mois sera versée à chaque stagiaire. Durant toute la durée des formations. Pas trop de précisions sur ce volet.
Au terme desdites formations, une attestation sera remise à chaque enfant, ainsi qu’un kit de sortie complet de démarrage. De quel acabit sera cette attestation ? Pour quelle qualification ? Pour quels métiers ? Quelle est le genre de formation qui sera administrée à cette pauvre jeunesse jetée en pâture chaque année. Par des grèves à répétition ? Pour quel coût ? Qui sont les financiers ? Ce programme est destiné aux jeunes âgés de 16 à 35 ans. Particulièrement concernés, les enfants de la rue et / ou dans la rue, les jeunes déscolarisés et autres chômeurs.
Drôle de considération de l’administration à la gabonaise et de l’égalité des chances. Avec ou sans pièces d’état civil, tous les jeunes entrant dans ce profil sont conviés à se faire inscrire. D’autant plus que les services compétents du Ministère de la Justice et de la Mairie tiendront des stands in situ, pour apporter des réponses à ces préoccupations plus que d’actualité dans la société gabonaise. Comment le gouvernement compte-t-il s’y prendre pour régulariser de telles situations administratives des jeunes en situation irrégulière ?
Le diagnostic accablant
Prévu pour accueillir 2 500 jeunes désœuvrés âgés entre 16 et 35 ans selon Arielle-Aurore Ambengat, responsable du comité d’organisation de la caravane d’inscription illustre que le gouvernement gabonais revendique le statut d’expert en projets cosmétiques. Au lieu de trouver des solutions de fonds pour endiguer le taux de chômage chez les jeunes.
Le chômage des jeunes a atteint des proportions inquiétantes au Gabon. La tranche des 20-29 ans est la plus touchée et constituerait 20% des chômeurs du pays, selon des données officielles. Face à ce constat Le président Ali Bongo Ondimba avait réuni Libreville, certains membres du gouvernement et le patronat pour tenter d’y voir plus clair. Deux jours plus tard, le tour était donc revenu au Premier Ministre, Pr. Daniel Ona Ondo de réunir à son cabinet de travail, un conseil interministériel sectoriel avec certains membres de son équipe gouvernementale concernés par les questions de la formation professionnelle.
Lire aussi >>> Le chômage des jeunes inquiète les autorités gabonaises
Selon les données rendues publiques, les jeunes de moins de 25 ans, qui représentent 40% de la population gabonaise de 1,500 000 habitants, sont les plus touchés par le chômage, selon un rapport général sur l’emploi présenté le jeudi 17 octobre 2013 à Libreville, à l’occasion des assises du forum national de l’emploi. Avec un pourcentage de 35,7%, la tranche d’âge de 15 à 24 ans est la plus frappée par le chômage qui touche 20% de la population gabonaise, indique le rapport réalisé par les experts du ministère de l’emploi.
Il faut rappeler que le chômage touche 25% des jeunes gabonais âgés de 25 à 29 ans, selon le rapport qui soutient que la solution au problème du chômage au Gabon passe par une croissance économique soutenue, l’adéquation entre la formation et l’emploi, la promotion des initiatives privées et de la culture entrepreneuriale. A ce temps-là, les autorités gabonaises eurent l’air inquiet vu qu’autrefois ils avaient de tirer la sonnette d’alarme pour que des solutions rapides soient trouvées à ce phénomène.
Les sempiternels effets d’annonce et l’échec cuisant
On se souvient que la réflexion fut déjà été menée à plusieurs reprises, entre 2013 et 2015. Notamment lors du premier Forum national de l’emploi tenu du 17 au 19 octobre 2013, sous le thème "Quelle politique nationale de l’emploi dans le cadre du Plan stratégique pour un Gabon émergent ?" et du Forum Maroc-Gabon de l’emploi, tenu à Rabat, du 24 au 26 septembre 2014, sur le thème « Les nouvelles opportunités d’emploi au Gabon… ». Pour quels résultats ? Rien. Si ce n’est que des annonces mirifiques et des intentions dignes de saupoudrage.
D’ailleurs, en marge de la 4ème édition du NYFA (New York forum Africa), le chômage des jeunes avait fait l’objet d’un débat inclusif entre les membres du Conseil national de la jeunesse (CNJ). A cette occasion le président gabonais avait également pris part à ce débat en promettant monts et merveilles à ces jeunes gabonais désœuvrés et chancelants. Qui plus est, avec comme témoin majeur, la Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), Michaëlle Jean, venue, entre autres, présenter le programme de l’OIF pour la promotion de l’emploi par l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes en Afrique subsaharienne.
Nous constatons qu’Ali Bongo a fait le choix des solutions en pointillées. Préconisées par le Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Formation professionnelle du Gabon pour endiguer le chômage des jeunes au Gabon. Comment comprendre qu’Ali Bongo et son gouvernement peuvent-ils rêver inverser la courbe de chômage ? Avec de tel projet d’enfumage politique. Au lieu de réformer le système éducatif, de formations et d’insertion professionnelle gabonais. Ou encore de donner plus de moyens aux entreprises publiques en vue de créer des niches d’emplois pour les jeunes, ils font le choix de l’assistanat mortifère.
Pour rappel, depuis le 22 février et ce jusqu’au 14 mars 2016, une caravane d’inscription sillonne les six arrondissements de Libreville pour les inscriptions. A la Mairie de Nzeng -Ayong (sixième arrondissement de Libreville), dernière étape où la caravane se trouve depuis le 08 mars 2016, l’affluence est plus prononcée. Toutefois, raison gardée, nous sommes à même de nous interroger sur le bien-fondé de ce projet qui traite en surface la problématique du chômage des jeunes au Gabon.
Le timing choisi pour lancer cette caravane est savamment calculé. En effet, pas besoin de prendre de loupes pour réaliser que ce projet lapidaire, comme celui de sa sortie récente au quartier populaire de Rio sont conformes au plan de communication de précampagne électorale d’Ali Bongo. Ceci est également perceptible quand il s’agit de procéder à la mise en scène immonde du lancement du programme sur l’égalité des chances. Dont on ignore toujours la teneur des actions concrètes et des réalisations qui ont été annoncées en fanfare.
Ali Bongo et son gouvernement sont des génies des annonces et des mesurettes. Le programme « Un jeune = Un métier » fait curieusement échos au slogan des jeunes du mouvement présumé révolutionnaire du mapane « Un vote = Un job ». Drôle de coïncidence. En effet, les jeunes membres du Rassemblement des Jeunes Patriotes Gabonais (RJPG) sillonnent depuis plusieurs mois tous les quartiers bidonvilles de Libreville pour installer leurs cellules visant à combattre le pouvoir politique tenu par Ali Bongo et le PDG. Car sur le terrain, le constat demeure amer et alarmant. Vu que la situation n’a pas changé d’un iota depuis 2009. De quel changement s’agit-il alors ? Lorsque le bilan du septennat d’Ali Bongo brille par un effet d’annonce maquillé par une volonté politique. Sans résultats probants dans les faits.
Et donc un échec cuisant dans tous secteurs de développement, y compris au sujet du chômage des jeunes. Même s’il est établi aujourd’hui que de nombreux jeunes sont plus ou moins bien formés, leurs formations ne correspondent malheureusement pas toujours aux besoins des entreprises, notamment les 350 qui forment la CPG et qui offrent déjà près de 80% de l’emploi privé.
Et pourtant il faut mettre au crédit du gouvernement gabonais la mise à en place de nombreux dispositifs en vue de lutter contre le chômage. C’est le cas des incubateurs des entreprises jeunes, du Fonds national d’aide social (FNAS), voué, entre autres, aux activités génératrices de revenus (AGR) devant garantir aux Gabonais économiquement faibles (GEF) les moyens de leur émancipation. Mais à l’heure du bilan peut-on quantifier et auditer les résultats de tous ces investissements colossaux ?
Pour la coordinatrice de la campagne décriée, Arielle-Aurore Ambengat, « au départ, nous avions prévu d’enregistrer 2500 jeunes. C’est-à-dire 2500 jeunes en chômage, qui ne font rien, qui n’ont aucune occupation et aucune qualification. Nous voulions donner à ces personnes un métier. Mais avec 2500 jeunes, nous nous sommes rendus compte très vite que le nombre était réduit. Nous avons dépassé ce nombre et percé les plafonds. Nous avons déjà dépassé 6000 enregistrements. Nous sommes encore là jusqu’à la journée du 14 mars pour les enregistrements ». Cette déclaration montre à tout point de vue que tous ces dispositifs et mesures gouvernementaux n’ont pas marchés.
Le nombre des demandeurs d’emplois, des jeunes non qualifiés est resté inchangé. Et là, nous sommes qu’au niveau de Libreville. Et maintenant si on pousse l’enquête dans l’arrière-pays. Le constat d’amertume atteindra son paroxysme. Cependant, malgré les entreprises pourvoyeuses d’emplois, le problème du chômage des jeunes reste presque entier. On le voit, les mesures initiées et les forums n’ont rien apporté pour résorber ce chômage spécifique. Ce, malgré une volonté politique affichée, les solutions semblent très loin du compte.
L’appui à l’entrepreneuriat jeunesse, le soutien aux entreprises embauchant les jeunes, la reconversion professionnelle, la restructuration de l’Office national de l’emploi (ONE), la promotion de l’auto-emploi jeune (...) sont pourtant autant d’initiatives qui avaient té préconisées en 2013 par le rapport dans le cadre de la lutte contre le chômage structurel des jeunes. A quelles fins ? Pour quelles réformes profondes ? La jeunesse gabonaise se laissera une fois encore berner par de telles actions d’enfumage politique ? C’est du déjà vu. C’est le credo du palais du Bord de mer à chaque échéance électorale présidentielle.
@info241.com