Résultats Présidentielle du 12 avril 2025
Chevauchement

Oyima à l’Economie et PDG de BGFIBank : un cumul qui fait déjà tousser la Ve République !

Oyima à l’Economie et PDG de BGFIBank : un cumul qui fait déjà tousser la Ve République !
Oyima à l’Economie et PDG de BGFIBank : un cumul qui fait déjà tousser la Ve République ! © 2025 D.R./Info241

La nomination d’Henri-Claude Oyima au poste stratégique de ministre d’État, ministre de l’Économie, des Finances, de la Dette et des Participations, dans le gouvernement formé ce 5 mai, n’est pas passée inaperçue. Président-directeur général de BGFIBank depuis plus de quatre décennies, l’emblématique patron bancaire gabonais se voit propulsé à la tête d’un super-ministère clé de la nouvelle architecture gouvernementale de la Ve République. Mais voilà : M. Oyima refuse de quitter ses fonctions à la tête du puissant groupe bancaire, soulevant de vives interrogations.

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Dans un communiqué triomphant publié le même jour, BGFIBank n’a pas seulement salué une «  carrière exemplaire   » ou félicité un «  engagement constant   » en faveur du développement du Gabon. Le texte a surtout confirmé que l’institution bancaire resterait «  sous la supervision du Président Directeur Général   », autrement dit que M. Oyima continuerait de cumuler ses nouvelles fonctions ministérielles avec celles de PDG du premier groupe bancaire privé du pays. Une position inédite, au croisement des mondes public et privé, mais surtout au cœur d’un potentiel conflit d’intérêts.

Un malaise dans la 5e république

La situation suscite un malaise certain. Peut-on, sans compromettre l’éthique de la gestion publique, piloter à la fois les finances de l’État gabonais et une institution bancaire privée, souvent en relation d’affaires avec ce même État  ? En toute logique, le ministère qu’il dirige devra interagir avec les banques, négocier la dette, arbitrer les crédits, contrôler les participations publiques... dont certaines pourraient concerner directement ou indirectement BGFIBank. Difficile dans ces conditions de garantir la transparence et l’impartialité de l’action publique.

Le puissant manager et soutien de l’ex transition

Le silence des autorités sur ce maintien aux commandes du groupe bancaire renforce le flou. Ni le gouvernement, ni la Présidence, ni la future Commission de transparence de la vie publique ne se sont exprimés à ce stade pour cadrer ce cumul inédit. Or, le Gabon, engagé dans un processus de refondation politique et institutionnelle, ne peut se permettre une gestion aux relents d’opacité à la tête d’un ministère aussi sensible.

La suite ?

En d’autres temps, la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite (CNLCEI), tout comme les bailleurs internationaux, n’auraient pas manqué de réagir à ce type de chevauchement entre pouvoir économique et pouvoir politique. Dans une République en reconstruction, cet épisode met déjà à l’épreuve les principes proclamés de bonne gouvernance et de séparation claire entre les intérêts privés et la gestion des affaires publiques.

Pour l’heure, Henri-Claude Oyima semble déterminé à tenir fermement les deux leviers. Mais cette posture, aussi stratégique soit-elle, pourrait vite devenir intenable. La pression pourrait venir autant de l’opinion publique que des partenaires du Gabon, soucieux de voir le pays tourner définitivement la page des collusions entre pouvoir économique et politique.

@info241.com
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