Le petit-fils tiktokeur d’un préfet, arrêté pour s’être torché avec un tee-shirt d’Oligui Nguema
Un jeune gabonais de 15 ans médite depuis 48h à Port-Gentil sur son sort. Son crime : s’être « torché » ce lundi après-midi sur la toile avec un tee-shirt à l’effigie du nouvel homme fort du pays le général-président Brice Clotaire Oligui Nguema. Sidney Moussavou Kouma, le jeune tiktokeur à l’origine de l’incident, a été appréhendé le même lundi, quelques heures seulement après l’apparition de la vidéo par les éléments de la Direction générale des recherches (DGR, gendarmerie) de la capitale économique gabonaise.
C’est un courage fou, une ignorance des textes du Code pénal et un défi grotesque que de se « torcher » avec un tee-shirt à l’effigie du président de la transition. C’est pourtant le pari fou de Sidney Moussavou Kouma, tout juste âgé de 15 ans, actuellement dans les locaux de la gendarmerie nationale. Selon le média local Ogooué-Maritime Info (OMI), ce Gabonais a été interpellé pour atteinte à l’image du président de la République.
Une affaire de buzz
Les faits remontent au lundi 23 septembre, en début d’après-midi, lorsque ce mineur a posté une vidéo sur les réseaux sociaux pour s’attirer des fans. Dans celle-ci, Sidney Moussavou Kouma, muni d’un tee-shirt qu’il aurait pris pour un « torchon », figurait l’image de Brice Clotaire Oligui Nguema avec tous les attributs du pouvoir. Dans une moquerie débordante d’énergie, ce jeune homme n’a pas un seul instant pensé qu’il souillait l’image de l’actuel président en se « torchant » le postérieur avec un tee-shirt à l’effigie du leader de la transition gabonaise.
Le repenti du jeune tiktokeur
« C’est à cause de TikTok ! Je voulais simplement avoir de la visibilité sur les réseaux sociaux. Rien ne m’a poussé à faire ça. Je suis navré, désolé de ce que j’ai fait. Je m’excuse auprès du Président ! Je mesure les conséquences », reconnaît-il après avoir été rasé et sermonné par les gendarmes. Avec sa coiffure céleste des moines du célèbre temple de Shaolin, Sidney Moussavou Kouma continue de fondre en larmes devant la gravité des faits. Malgré les conseils à l’école, à la maison et sur les smartphones sur la dangerosité des réseaux sociaux, son si jeune âge a finalement eu raison de lui.
L’appel à la clémence du préfet-grand père
Cependant, son grand-père, qui défendait bec et ongles à l’époque les intérêts du Parti démocratique gabonais (PDG), tente de sauver les meubles sans toutefois mesurer la gravité de l’acte posé. Un geste qu’à ce jour, aucun Gabonais n’a osé poser. Junior Boulikou, le préfet du département d’Étimboué, en sa qualité de grand-père du présumé auteur de l’atteinte à l’image du président de la République, le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, a sollicité la clémence des plus hautes autorités de la République, promettant d’opter pour plus de rigueur, lui qui est censé faire appliquer les notions de civisme dans sa circonscription administrative.
L’imploration du préfet
« En ma double qualité de grand-père du mis en cause et de préfet d’Étimboué, je sollicite le pardon des autorités de la République. Nous nous engageons à tout faire pour que de telles choses ne se reproduisent plus », promet le préfet du département d’Étimboué, Junior Boulikou. Dans le cas d’espèce, l’infraction existe bel et bien du moment où l’élément relevant de la sphère de l’image de la première autorité de la République est diffusé à un public autre que son destinataire initial et exclusif. En outre, certains sont tellement enthousiastes de vivre enfin l’essor vers la félicité qu’ils oublient que le régime d’Ali Bongo, avant son départ en retraite anticipée, nous avait fait don en 2020 d’un Code pénal riche de dispositions en matière d’outrage et consorts.
Répression pénale
L’article 157 du Code pénal est clair : « Toute atteinte à l’honneur ou à la considération d’une personne ou d’un corps dépositaire de l’autorité ou de la force publique commise par paroles injurieuses, diffamatoires ou menaçantes, écrits, dessins ou gestes, constitue un outrage ». Et l’article 158 de préciser : « L’outrage envers le Président de la République, commis en quelque lieu, en quelque occasion ou par quelque moyen que ce soit, est puni d’un emprisonnement de cinq ans au plus et pourra l’être en outre d’une amende d’un montant de 5.000.000 de francs au plus ».
Pour l’heure, ce jeune tiktokeur en herbe est actuellement dans les locaux de la direction générale des recherches (DGR). Son arrestation est un avertissement en bonne et due forme pour ceux qui oseraient souiller les actuelles autorités. In fine, les réseaux sociaux font partie intégrante de la vie quotidienne de presque tous les jeunes au Gabon. Parmi les adolescents âgés de 13 à 17 ans, 95 % fréquentent YouTube, 67 % ont déjà utilisé TikTok, dont l’algorithme est considéré comme l’un des plus addictifs.
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