Jean Ping : « Il faut des sanctions internationales contre le régime d’Ali Bongo »
Actuellement en séjour dans plusieurs capitales européennes pour obtenir une médiation internationale en vue du départ d’Ali Bongo du pouvoir, l’opposant Gabonais Jean Ping s’est confié à nos confrères du quotidien Suisse Le Temps. Dans cet entretien, celui qui continue de revendiquer sa victoire à la présidentielle gabonaise d’août dernier, martèle la nécessité de sanctions internationales contre le régime d’Ali Bongo. Tout en offrant à Ali Bongo une sortie honorable à cette crise post-électorale qui perdure toujours.
Qu’attendez-vous de cette tournée internationale ?
Jean Ping : Nous voulons que la communauté internationale s’implique dans une sortie de crise. Il faut une médiation internationale pour qu’Ali Bongo renonce au pouvoir et que justice soit faite aux Gabonais.
Vous étiez lundi à Paris. Avez-vous rencontré les nouvelles autorités françaises ?
Jean Ping : J’ai été reçu à l’Elysée et à Matignon mais je ne peux pas vous dire par qui exactement. C’est à mes hôtes de communiquer là dessus s’ils le souhaitent.
La France, l’ancienne puissance coloniale et soutien de longue date d’Omar Bongo, a-t-elle un rôle particulier à jouer dans le dénouement de la crise ?
Jean Ping : Je suis convaincu qu’Emmanuel Macron vise une modernisation de la France ainsi que de ses relations avec l’Afrique. Il veut sortir des vieux schémas. J’irai aussi à Berlin et Bruxelles.
L’Union européenne (UE) avait remis en cause l’intégrité de la réélection d’Ali Bongo. Mais ce diagnostic n’a pas débouché sur des actions concrètes. Etes-vous déçu ?
Jean Ping : Je ne dirais pas les choses en ces termes. L’UE a fait tout ce qu’elle a pu. Mais il faut maintenant qu’elle décrète des sanctions contre les principaux responsables des exactions au Gabon. Je crois que les Européens sont prêts à aller dans cette direction.
Des sanctions qui viseraient aussi le président Ali Bongo ?
Jean Ping : Bien sûr, c’est lui le premier donneur d’ordre de la vague de répression qui s’est abattue sur le pays après l’élection de l’an dernier.
Cela ne risque-t-il pas de l’inciter à s’accrocher au pouvoir ?
Jean Ping : Lorsque les dictateurs sont acculés, soit ils reculent, soit ils se battent les armes à la main. L’expérience montre qu’ils choisissent plutôt la deuxième attitude.
C’est la voie que vous prônez pour le Gabon ?
Jean Ping : Non, si Ali Bongo est prêt à renoncer au pouvoir, nous lui offrirons des garanties. Il pourra voyager librement et ses biens ne seront pas confisqués. Cela n’inclut pas les poursuites en France engagées pour les biens mal-acquis dans ce pays. La justice française est souveraine.
N’avez-vous pas l’impression que le temps joue contre vous ? Les semaines et les mois passent et Ali Bongo dirige toujours le pays.
Jean Ping : A l’extérieur, le régime joue sur la lassitude de la communauté internationale. Mais, à l’intérieur du pays, la situation est catastrophique. L’économie est sinistrée. Il n’y a presque aucune administration qui n’est pas en grève. Ce n’est pas seulement parce que les fonctionnaires ne sont plus payés, mais parce qu’ils continuent de protester contre le coup d’Etat d’Ali Bongo. La population veut en découdre contre ce régime. Nous n’arriverons pas la tenir indéfiniment.
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