Hervé Patrick Opiangah, ce fugitif intouchable qui dicte sa loi à la justice gabonaise
Depuis le 20 novembre, Hervé Patrick Opiangah (HPO), ancien ministre des Mines et proche des autorités de la transition, est en cavale. Mais loin de se cacher, il défie ouvertement le système judiciaire. Dans une vidéo d’une vingtaine de minutes, diffusée par des activistes qui le soutiennent, il accuse, réclame et interpelle les figures les plus puissantes de la transition. Un pied de nez magistral à une justice qui semble incapable de l’atteindre.
Samedi dernier, HPO a appelé ses "amis" du pouvoir – notamment le président de la transition, le Premier ministre et les présidents des deux chambres parlementaires – à intervenir pour effacer les accusations portées contre lui. « Faites preuve de sagesse », clame-t-il , exigeant l’abandon des charges de viol, d’inceste et d’atteinte à la sûreté de l’État. Un aveu cinglant sur l’absence d’indépendance de la justice gabonaise, réduite, selon ses propres mots, à un levier que les puissants peuvent manipuler à leur guise.
Un super-citoyen au-dessus des lois
La cavale de HPO illustre un phénomène tristement banal au Gabon : les justiciables fortunés et proches du pouvoir choisissent quand et comment répondre à la justice. Fuir un mandat d’arrêt, puis se déclarer innocent sans passer par un tribunal ? Rien de plus simple pour HPO, cet homme d’affaires qui s’est enrichi en cultivant ses liens politiques. On se souvient de ses victoires judiciaires passées, comme le procès pour diffamation contre Jean Ping en 2015, où il avait empoché pas moins de 650 millions de FCFA. Un jackpot judiciaire pour celui qui sait comment le système fonctionne.
Un extrait du message vidéo du célèbre fugitif
Dans une transition censée rétablir l’équité, HPO montre que les riches et les puissants ont toujours un avantage. Il ne s’agit pas seulement de contourner la loi, mais de la mépriser ouvertement . Avec sa vidéo, HPO offre une démonstration publique de son immunité de facto, tout en narguant les institutions judiciaires qui, un mois après le début de sa cavale, ne parviennent toujours pas à le localiser.
"Faire une HPO", le nouveau symbole de l’impunité
En refusant de répondre aux accusations et en s’autoproclamant innocent, HPO crée un précédent dangereux. "Se faire une HPO", c’est désormais fuir la justice, imposer ses propres règles et réclamer l’effacement des charges grâce à des connexions politiques. Un modèle de défiance qui ridiculise la justice gabonaise.
Le puissant homme d’affaires en cavale
Malgré les provocations de HPO, aucune réaction officielle n’est venue du procureur. Ce silence embarrassant renforce l’idée d’une justice impuissante face aux élites. Les citoyens ordinaires, eux, n’ont qu’à observer ce spectacle avec consternation, conscients que la justice n’applique pas les mêmes règles à tous.
HPO, symptôme d’un mal profond
Cette affaire illustre les limites du renouveau judiciaire promis par la transition gabonaise en matière d’équité et de transparence. Plutôt que de corriger les dérives du passé des régimes Bongo, elle permet à des figures comme HPO de continuer à se jouer du système. Avec une telle démonstration d’impunité, le message est clair : la richesse et les relations politiques restent le passeport pour éviter la justice au Gabon.
Dans ce triste feuilleton, HPO nargue, accuse, et exige… pendant que la justice reste spectatrice des agissement de ce super-citoyen qui au lieu de se rendre à une convocation, la décline et le lendemain crie au loup en criant à la manipulation et au complot politique. Sans préjuger de son innocence, que seule la justice est habilité à établir, l’on est en droit de s’en étonner. En attendant, Vive HPO, maître de la cavale, et vive une justice gabonaise qui n’arrive même pas à courir derrière lui.
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