Maintien de l’ordre

Election et violences : Pourquoi déplore-t-on des morts au Gabon lors des présidentielles ?

Election et violences : Pourquoi déplore-t-on des morts au Gabon lors des présidentielles ?
Election et violences : Pourquoi déplore-t-on des morts au Gabon lors des présidentielles ? © 2023 D.R./Info241

Plusieurs campagnes prêchent depuis plusieurs semaines la paix à l’approche de l’élection présidentielle dont le Centre gabonais des élections (CGE) ne cesse de défaire en toute légalité les règles du jeu. Alors qu’Ali Bongo avait pris le pari d’organiser cette année des élections sans heurts et apaisées, la réalité lui donne déjà grandement tort. Alors quelle est l’origine des violences observées ? Qui menace la paix au Gabon ? Et surtout, qui tue les Gabonais durant les élections présidentielles ?

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Le Gabon s’apprête à organiser le 26 août prochain, la 11e présidentielle de son histoire. Des élections à haut risque qui ne déroulent jamais sans débordement et surtout sans perte en vies humaines. Si durant les 22 ans qu’ont duré le monopartisme, la victoire candidat unique du parti au pouvoir ne faisant aucun doute, le retour au multipartisme en 1990 a sonné la fin des élections bon enfant.

Une rengaine mortifère

Une spirale de violences embrasse le pays car le candidat sortant est toujours réélu sous les huées et les protestations mais élu quand même. Au lieu de la joie, c’est la colère et les émeutes qui s’empare du pays comme si au finish, le résultat n’était pas l’émanation de ce même peuple. Lors de la présidentielle de 2016, une centaine de morts a été déploré par l’opposition dont le QG du rival d’Ali Bongo a été bombardé par les forces de l’ordre. Cerise sur le gâteau, l’Assemblée nationale a été incendiée par des individus que la justice gabonaise n’a toujours ni arrêté ni identifié.

La campagne « GabonUnited » des autorités appelant les jeunes à « voter » la paix le 26 août

De quoi laisser songeur sur la présidentielle à venir où les récentes « innovations » électorales du CGE ne cessent de faire monter la colère. L’instance électorale brille par des modifications controversées du Code électoral en usant de tous les leviers administratifs pour les justifier, à moins d’une vingtaine de jours du scrutin. Un chamboulement des règles qui exaspèrent à la fois les futurs électeurs qui devront s’adapter bon gré malgré mais surtout l’opposition gabonaise impuissante devant ces passages en force validées et saluées par le gouvernement.

Un climat explosif savamment entretenu

Autant dire qu’avec un tel tableau, le cycle de violence et de répression des forces de l’ordre sera encore de mise dans quelques jours. Surtout qu’à l’approche du scrutin présidentielle, des chars seront installés dans les carrefours et ronds-points des principales artères des capitales provinciales, comme si l’expression des urnes plongeait le pays dans une guerre civile qui ne dit pas son nom. A la vérité, les voyants sont toujours au rouge et les signes d’apaisement difficiles à entrevoir dans cette atmosphère chauffée à blanc.

Le CGE continue de faire monter les exaspérations et les inquiétudes

Rappelons que tous les 10 précédentes présidentielles dont les 4 de l’ère démocratique, ont toutes été remportées haut la main par le Parti démocratique gabonais (PDG) dirigé par la famille Bongo de père en fils. Des victoires « systématiques » validées par la bien heureuse cour constitutionnelle qui provoquent toujours de vives colères avec des scènes de pillages dans les principales villes du Gabon comme Libreville, Port-Gentil et Oyem.

Quand maintien de l’ordre = donner la mort

Et comme d’habitude, les émeutiers ne mourront pas d’eux-mêmes. Les autorités gabonaises pour faire tomber cette pression de la rue, n’hésiteront pas à faire un usage disproportionné de la force au nom du maintien de l’ordre contre des civils. C’est cette volonté de ramener vaille qui vaille à la raison les émeutiers qui conduira aux décès de nos compatriotes. En sommes, les morts des élections présidentielles sont uniquement l’œuvre du pouvoir politique gabonais. C’est à lui que doit être adressé les messages de paix de ces dernières semaines.

Des forces de l’ordre prêtes à agir sans garde-fou

Car rappelons-le, le place des pillards et des émeutiers n’est pas à la morgue mais dans les cellules de prison. Le maintien de l’ordre devant des civils ne doit pas être une autorisation de donner la mort. Même les pires des crapules ont droit à un procès équitable. Aucune disposition du Code pénal gabonais ne prévoit de donner la mort à des émeutiers. Le Gabon est encore un état de droit et ses citoyens ont le droit à la vie même s’ils manifestent contre les autorités établies.

Une justice qui ne passe pas

De plus, même des années après les faits, aucune lumière n’est faite sur ces décès, sur ces citoyens tués au nom du maintien de l’ordre. Ces familles endeuillées n’auront que leurs yeux pour pleurer sur les leurs tués au nom de la paix, pour ramener le calme dans le pays que souhaite diriger contre vent et marrée le vainqueur désigné de la présidentielle. AU diable, la rue et la colère qui grondent ! Une crise post-électorale verra encore le jour avec sa messe politique qui laissera à nouveau un pays déchiré, meurtri et inconsolable.

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